Le documentaire a été présenté récemment en avant-première au siège des anciens du collège de La Sagesse, à l’initiative de l’amicale des anciens et de la Fondation Afif Osseiran. La séance de projection s’est tenue en présence de l’évêque maronite Mounged el-Hachem et de deux personnalités musulmanes, Ahmad Louwasani et Hussein al-Akhawi.
Né à Saïda, en 1919, Afif Osseiran a grandi dans une des familles chiites les plus en vue de la région. Ses études scolaires se font d’abord à Saïda, ensuite aux Makassed islamiques, à Beyrouth. Il s’inscrira ensuite à l’Université américaine de Beyrouth.
Expérience mystique
L’homme se décide à rejoindre l’Église catholique à l’issue d’une expérience mystique qu’il raconte en ces termes : « Un jour, j’étais en prière dans une mosquée, quand j’eus l’impression d’être en présence d’un homme, dont je vis les pieds. J’eus l’intuition d’une force supérieure. Après cette expérience, je me mis à la lecture des Livres saints. Je m’initiais à l’Évangile. C’est la lecture du Sermon sur la Montagne qui m’a le plus fortement impressionné, en particulier le passage où le Christ commande : “Et moi je vous dis, aimez vos ennemis”. Ces mots m’ont converti et m’ont poussé à rejoindre, à 25 ans, les rangs de l’Église catholique. »
À la suite de cette conversion, Osseiran rédige une thèse de doctorat à l’Université catholique de Louvain (Belgique) et rentre en 1951, à Saïda, décidé à se mettre au service des plus démunis. Choquée de voir le fils Osseiran vivre parmi les pauvres et exercer des métiers comme celui d’éboueur ou d’ouvrier, sa communauté le rejette d’abord, avant d’être conquise par son action humanitaire.
La conversion de Afif Osseiran fait par ailleurs beaucoup de vagues. « Un jour, convoqué au Vatican par le pape Paul VI, le père Osseiran, vêtu très humblement, se heurte sur son chemin aux gardes suisses, qui refusent de le laisser passer, raconte Mgr Mounged el-Hachem. Je dois donc me déplacer et informer les gardes de l’identité du père Afif. Introduit auprès du Saint Père, le père Osseiran s’entretient avec lui pendant plus de trois quarts d’heure. En fin d’audience, le pape le bénit, puis, ô miracle, s’agenouille à son tour devant lui et lui demande sa bénédiction ! »
Sur le plan humanitaire, le père Osseiran a fondé deux Foyers de la Providence, l’un à Fanar, l’autre à Tibnine. Il y hébergeait des mineurs en conflit avec la loi, des « chicklets boys » traînant dans les rues, qui l’appelaient « Baba Afif » (papa Afif).
Durant la guerre civile, il poursuit ses actions humanitaires. En 1986, il échappe à une tentative d’assassinat. Il meurt en 1988. Une demande de béatification du P. Osseiran a obtenu le feu vert du
patriarche.
Un bon musulman, un vrai chrétien
« C’est la conversion de Afif Osseiran qui m’a inspiré pour consacrer ma thèse de doctorat aux relations islamo-chrétiennes », confie Mgr Mounged el-Hachem. « Le concile Vatican II, qui m’a profondément marqué, révèle-t-il, constitue un tournant dans les relations entre l’islam et le christianisme. La personne et la mission du père Osseiran sont pour moi l’incarnation de ce rapprochement entre les deux religions. Tout en respectant l’islam, il a cru au Christ. On l’entendait souvent réciter, sans que cela ne touche aux dogmes de l’Église catholique, le début de la Shahada, la profession de foi musulmane, “La ilaha illallah”, avant d’ajouter “Jésus est le fils de Dieu”, “Yassouh ibn Allah”. »
L’intervention d’Ahmad Louwasani éclaire cette profession de foi. « Osseiran fut un musulman pratiquant avant d’embrasser le christianisme, dit-il. En effet, le Coran incorpore les textes de la Torah et du Nouveau Testament : les juifs et les chrétiens sont d’ailleurs appelés “gens du livre” ou “ahl al-kitâb”. Ils sont ceux à qui, selon le Coran, les messages divins ont été révélés. Le Coran commande expressément aux croyants de respecter la religion chrétienne. »
« Afif Osseiran, conclut-il, est donc de ce point de vue un bon musulman mais, de par sa foi, un véritable chrétien. »
Nous etions en terminale a l'ecole de la sagesse. On nous avait propose un seminaire-retraite au Christ Roi. Nous nous sommes retrouves mes camarades et moi pour un week-end...autour du pere Afif Osseirane, un homme hors du commun. Nous connaissions l'histoire de sa conversion et nous l'avons ecoute avec ferveur. Un moment hors du temps et de l'espace.
07 h 19, le 12 juillet 2011