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Nos Lecteurs ont la Parole

Pacte interconfessionnel : les causes déterminantes

Par Christian JEANBART
On accuse les religieux et les politiciens de s'accrocher au pacte interconfessionnel par intérêt plutôt individuel que public ; c'est trop facile ! Même si l'effet secondaire de ce pacte est de donner plus de chance à certaines candidatures qu'à d'autres, il n'en reste pas moins que l'essentiel qu'incarnent les causes déterminantes dudit pacte est sauvegardé. À l'inverse, si son abolition va remplacer, même involontairement, lesdites candidatures par des majorités invariablement polarisées ou substituant à l'équité la puissance prévalant à chaque époque, l'inconvénient risque d'être alors plus sévère que l'état actuel des choses et la représentativité encore moins authentique.
Premièrement, la critique serait bien plus objective d'admettre qu'elle ne détient pas le monopole du nationalisme. On peut être religieux ou politicien et aimer le Liban, et trouver sincèrement qu'il n'y a rien de mieux qu'un pacte interconfessionnel pour garantir à chaque communauté son rôle et maintenir ainsi l'unité dans la diversité.
Deuxièmement, en préambule de toute nouvelle donne, il est impératif de revenir sur les causes déterminantes qui ont conduit les pères de l'indépendance à convenir du pacte interconfessionnel de 1943. Si ces causes n'ont plus leur raison d'être ou même si cette dernière a changé, c'est alors que l'on pourrait actualiser le pacte pour tenir compte des évolutions. Dans le cas contraire, à savoir, en l'absence d'évolutions, toute altération que l'on ferait subir au pacte, on risquerait de faire passer par pertes et profits des valeurs jusque-là laborieusement défendues avec détermination et succès.
Avec tout le respect dû aux pays où la laïcité n'est pas à l'ordre du jour ainsi qu'à leur liberté de choix, ils ne peuvent nous servir d'exemple, malgré nos liens d'amitié avec eux. C'est le cas de l'Égypte qui, par la voix des militaires assurant l'intérim du pouvoir, soutient que son régime est démocratique, consacrant l'égalité entre citoyens sans distinction, quels que soient leurs sexe ou religion ; mais qui tient aussi les principes de la charia comme principale source de législation (voir la déclaration constitutionnelle faite par le général Mohammad Chahine - an-Nahar du 31 mars 2011, pages 1 et 12).
Quant aux pays où la laïcité n'est pas confrontée aux diversités interethniques, la compétition pour l'exercice du pouvoir se fait entre partis politiques d'idéologies différentes, et ceci est parfaitement normal et compréhensible. En revanche, au Liban, la communauté pèse de tout son poids dans la balance pour assumer partiellement les responsabilités prises en charge par les partis dans les démocraties conventionnelles. Il n'est non seulement pas honteux de faire ce constat, mais l'astuce du pacte a été de consacrer la cohabitation intercommunautaire plutôt que de lui porter préjudice. Si la cohabitation interpartisane est une exception à la règle dans une démocratie conventionnelle, la cohabitation intercommunautaire est un phénomène méritoire et tout à fait normal dans une démocratie à deux composantes comme au Liban (l'une communautaire et l'autre individuelle). Combattre ce phénomène reviendrait à fuir les réalités et à vouloir coûte que coûte chasser le naturel ; et au cas où ce naturel ne reviendrait pas au galop, les risques d'érosion encourus par l'une ou l'autre des communautés, comme nous l'avons déjà vu ailleurs, sont accrus. À ce moment-là, ne serait-il pas trop tard pour faire marche arrière ? Bien sûr que oui ! Veut-on en arriver là au nom de la laïcité ? Bien sûr que non ! S'il venait à se concrétiser, ce fâcheux résultat serait d'ailleurs contraire à la Constitution qui a voulu que le Liban soit une patrie définitive pour tous les Libanais.
On accuse les religieux et les politiciens de s'accrocher au pacte interconfessionnel par intérêt plutôt individuel que public ; c'est trop facile ! Même si l'effet secondaire de ce pacte est de donner plus de chance à certaines candidatures qu'à d'autres, il n'en reste pas moins que l'essentiel qu'incarnent les causes déterminantes dudit pacte est sauvegardé. À l'inverse, si son...

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