Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Finance

Le gouvernement français vent debout contre un possible transfert de la cotation de TotalEnergies à New York

Cette photographie prise le 28 mai 2021 montre le nouveau logo de TotalEnergies. Crédit AFP / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT

Confronté à la réflexion de TotalEnergies quant au transfert de la cotation principale du groupe à New York, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a déclaré jeudi qu'il comptait se battre pour que ce déménagement de la Bourse de Paris « n'ait pas lieu ».

« Je suis là pour faire en sorte que ça n'ait pas lieu, parce que je pense que c'est une décision qui est grave », a déclaré M. Le Maire sur BFMTV/RMC. « Est-ce que l'intérêt suprême de la nation est de garder le siège social de Total en France et la cotation principale de Total en France ? Oui, et donc je me battrai pour ça », a-t-il ajouté. « Nous avons besoin de Total. J'ai eu l'occasion à plusieurs reprises de dire à quel point c'était un atout pour la France d'avoir une grande compagnie pétrolière comme Total », a-t-il souligné, mentionnant le plafonnement à moins de 2 euros par le groupe du litre du carburant à la pompe lors de l'envolée des prix de l'énergie.

Un changement de ton par rapport à la première réaction du ministre, dimanche sur LCI, quand Bruno Le Maire estimait qu'il fallait « aussi balayer devant notre porte », et qu'on offre à TotalEnergies « les moyens de se développer » en accélérant sur l'union des marchés de capitaux dans l'UE. L'affaire est partie des déclarations surprises de Patrick Pouyanné à Bloomberg le 26 avril. Dans un entretien, Patrick Pouyanné avait dit réfléchir à une cotation principale à la Bourse de New York, en évoquant la montée en puissance de son actionnariat nord-américain institutionnel, devenu presque majoritaire.

Appétit américain pour les fossiles

« Ce n'est pas une question d'émotion. C'est une question d'affaires », avait ajouté le dirigeant du groupe, tout en assurant que le siège social de ce fleuron du CAC 40 resterait bien à Paris. Son argument principal: « une base d'actionnaires américains qui grossit », ce qui amène l'entreprise à s'interroger sur la façon de « donner accès plus facilement aux actions pour les investisseurs américains », a-t-il expliqué aux analystes, le 26 avril.

Las du manque d'appétit des investisseurs européens pour le secteur pétrogazier, le PDG de TotalEnergies chercherait en effet à se rapprocher des investisseurs américains moins contraints par des règles d'investissement durable. « Les politiques au sens large ESG (environnement, social et de gouvernance, NDLR) en Europe ont plus de poids », a ainsi justifié M. Pouyanné lundi devant des sénateurs français. Le PDG observe que « la base d'actionnaires européens de TotalEnergies diminue, notamment la base française » qui a reculé de « 7% au cours des quatre dernières années, largement à cause des réglementations, de la pression qui est faite sur eux ».

En filigrane, le patron pointe du doigt le changement en France du label Investissement socialement responsable (ISR), qui exclut désormais les entreprises exploitant du charbon ou des hydrocarbures non conventionnels, une mesure décidée par Bercy lui-même fin 2023. Un analyste de la place parisienne contacté par l'AFP nuance ce point en indiquant que les fonds labellisés ISR représentaient 1,7% de l'actionnariat de TotalEnergies. « Nous observons clairement plus d'appétit pour les actions d'entreprises des secteurs énergétique, pétrole et gaz du côté de l'Amérique du Nord qu'en Europe », a encore dit M. Pouyanné aux analystes.

En conséquence de ce manque d'appétit: une valorisation moins importante. TotalEnergies avance « exactement les mêmes résultats trimestriels qu'une entreprise comme Chevron ». Le groupe énergétique américain est valorisé 300 milliards de dollars en Bourse, contre 175 milliards de dollars pour TotalEnergies. Devant la commission sénatoriale qui s'interroge sur la cohérence des activités du groupe avec les engagements climatiques de la France, le patron n'a pas exclu de reconsidérer la question si « plus d'actionnaires européens (...) rachètent du TotalEnergie ». « Ca me convaincra que garder la cotation primaire à Paris est une bonne idée », a-t-il ajouté.

Aujourd'hui, TotalEnergies a déjà des titres inscrits à Londres et à New York, mais de manière secondaire.

Entre 2012 et 2023, la part de l'actionnariat institutionnel (fonds de pension, gestionnaires d'actifs, assureurs...) nord-américain est passée de 33% à 48% (dont 47% pour les Etats-Unis) tandis que celle de l'Europe (hors Royaume-Uni) est passée de 45% à 34% sur la même période. L'actionnariat institutionnel représente 78% de l'actionnariat de l'entreprise.

Confronté à la réflexion de TotalEnergies quant au transfert de la cotation principale du groupe à New York, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a déclaré jeudi qu'il comptait se battre pour que ce déménagement de la Bourse de Paris « n'ait pas lieu ».« Je suis là pour faire en sorte que ça n'ait pas lieu, parce que je pense que c'est une...