Gasconnades libanaises

Depuis des décennies, les rodomontades constituaient l'essentiel de la puissance de feu de nombre de milices loco-régionales face aux armadas israéliennes. À défaut de stratégie cohérente, les différentes factions, tant libanaises qu'étrangères, qui gesticulaient à la frontière sud du pays, étalaient les fanfaronnades les plus burlesques pour marquer parfois, par pur hasard, un point contre l'ennemi qui nous le rendait au centuple. De hâbleries palestiniennes distillées par les « Abou » successifs en forfanteries baassistes, notre intelligence a subi, impuissante, tous les affronts intellectuels au point que notre entendement s'en trouva fortement immunisé à l'encontre de tout néomessianisme antisioniste.
Récemment, une nouvelle croisade libératrice a soufflé depuis le royaume des ayatollahs. Ce royaume mû par une doctrine impériale et à la recherche d'un empire a repris le Graal palestinien des mains arabes pour se poser en premier défenseur de la plus noble des causes. Bien qu'il ait prouvé son cran dans le conflit irako-iranien, alors qu'il annexait à tour de bras les territoires arabes alentours, et en s'appuyant, comble d'ironie, sur des approvisionnements militaires israéliens, cette nouvelle puissance régionale, en puissance, se contente, à son tour, et comme les autres, de stratagèmes menaçants audiovisuels à l'encontre d'Israël. Elle ne se risquerait davantage quand d'autres accompliraient la sale besogne de la guerre, comme le Hezbollah, première avant-garde iranienne, qui a repris le flambeau de cette interminable guerre pour nous embourber jusqu'au cou dans une aventure qui dépasse largement nos moyens. Aussi, en acceptant l'axiome libérateur du Hezb, qui s'est avéré exact en l'an 2000, et qui est fêté tous les 25 mai, je me hasarde à me permettre, à mes propres risques et périls, un avis révisionniste à ce propos. Il est vrai que nous avons libéré le Sud de toute présence étrangère un 25 mai 2000 grâce aux sacrifices consentis par les jeunes du parti de Dieu. Il est tout aussi vrai qu'il persiste de petites parcelles de notre territoire national qui ploient encore sous le joug israélien. Mais, depuis 2006, vous avez sûrement remarqué que le Hezb, suite à une victoire divine, a passé un accord remplaçant les soldats israéliens par une multitude de bannières armées et multinationales qui sillonnent nos routes et nos villages du Sud et qui, au-delà, protègent les frontières nord de l'entité abhorrée. Est-il si loin le temps où, avec véhémence, le chef de la résistance islamique au Liban scandait que la simple présence de soldats libanais à la frontière israélienne serait perçue comme un acte de haute trahison ?