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Nos Lecteurs ont la Parole - Centre international pour le dialogue des civilisations, des cultures et des religions

Et si les vents onusiens nous étaient favorables ?

Par Marie-Claude HÉLOU SAADÉ
Plutôt que de nous perdre à longueur de journée en tergiversations inutiles et palabres interminables sur des sujets éculés et moult fois débattus, nous pourrions fort bien, pour une fois, sortir des sentiers battus et nous pencher, sans plus tarder, sur ce fabuleux projet de fondation d'un Centre international pour le dialogue des civilisations, des cultures et des religions. Défendu avec ferveur par le diplomate chevronné et président du Cercle des ambassadeurs, Fouad el-Turk, le Liban pourrait avoir l'immense privilège, sous la coupole des Nations unies, d'en accueillir le siège.
Faire l'unanimité est une entreprise qui relève de la gageure dans notre petite république si remuante. Et pourtant, dans le cas présent, comme trois roses sur la même tige ou trois étoiles dans la même constellation, le triptyque des plus éminentes autorités de ce pays, à savoir le président de la République, Michel Sleiman, le président du Parlement, Nabih Berry, et le Premier ministre, Saad Hariri, s'est accordé à reconnaître l'importance de la fondation d'un pareil Centre et à en revendiquer l'établissement en terre libanaise.
À l'occasion de la 63e session de l'Assemblée générale des Nations unies le 23 septembre 2008, Michel Sleiman déclarait en substance : « En dépit de tous les défis, le Liban aspire aujourd'hui à devenir un Centre international pour la gestion du dialogue, des civilisations et des cultures. » Reçu en audience par le pape Benoît XVI au cours de sa visite de 24 heures au Vatican au mois de février, Saad Hariri devait mettre l'accent sur le « rôle du Liban au niveau du dialogue des cultures » assurant son hôte de l'intérêt qu'il attache personnellement à « l'espace de dialogue entre les religions pour que le Liban reste un modèle de dialogue intercommunautaire et de coexistence pacifique ». À son tour, Nabih Berry, dans un discours prononcé à Tyr le 10 septembre 2006, devait affirmer que le Liban « a vocation à être une terre de dialogue entre les civilisations ». Et comme pour confirmer la tendance, le nonce apostolique et doyen du corps diplomatique, Mgr Gabriele Caccia, devait déclarer à l'occasion de la présentation des vœux du Nouvel An 2010 au président de la République : « On ne peut que se réjouir de la démarche que vous, Monsieur le Président, avez faite auprès des Nations unies pour faire du Liban un siège international du dialogue des religions, des cultures et civilisations dans le monde. »
« Si tu diffères de moi, mon frère, écrivait Saint-Exupéry, loin de m'offenser, tu m'enrichis. » Cultiver l'hétérogénéité entre les civilisations, respecter les spécificités des peuples, apprendre à regarder nos différences non comme une menace latente ou une source d'opposition mais comme une richesse extraordinaire, rechercher les valeurs universellement partagées tout en sauvegardant la diversité des personnes et des cultures, sont bien le sens profond de l'initiative proposée. Pareil centre aurait comme objectif principal de favoriser l'instauration d'un dialogue permanent entre les peuples du monde, les cultures, civilisations et religions afin de promouvoir la paix, la justice et la tolérance ; car le dialogue, comme le rappelle le sociologue Edgar Morin, exige bien plus que la réunion d'interlocuteurs différents autour d'une table. Il suppose, en effet, l'effort de sortir de soi « pour comprendre l'autre comme autre ». Pour Régis Debray, il n'a de sens que s'il met en relation des gens qui pensent différemment. C'est aussi, avant tout, selon Mgr Michael Fitzgerald, un style, une attitude et un esprit qui inspirent un comportement et poussent à la connaissance et à l'enrichissement mutuels. Il implique attention, respect et accueil de l'autre, à qui on laisse l'espace nécessaire à son identité et à l'expression de ses valeurs propres.
Et pour mieux illustrer cet esprit d'ouverture, on rappellera l'histoire de ce moine bouddhiste converti au christianisme, auteur d'un livre, qui écrivit un jour à sa mère la dédicace suivante : « À ma mère qui en m'élevant, dans la religion bouddhiste, m'a permis de recevoir la lumière du Christ. »
Concrètement, en vue de mettre sur les rails cet ambitieux projet qui permettrait au Liban, s'il devait en être l'heureux bénéficiaire, de jouer pleinement le rôle de « pays message » suggéré par Jean-Paul II, il serait souhaitable de le faire porter dès que possible à l'ordre du jour du Conseil des ministres qui se prononcerait sur la proposition, et en cas d'approbation, chargerait un comité de travail d'en élaborer la première mouture aux fins d'une soumission ultérieure et, selon la procédure adéquate, aux instances onusiennes.

Marie-Claude HÉLOU SAADÉ
Docteur en droit des affaires de l'Université de Paris I
Présidente de l'ALDL
Plutôt que de nous perdre à longueur de journée en tergiversations inutiles et palabres interminables sur des sujets éculés et moult fois débattus, nous pourrions fort bien, pour une fois, sortir des sentiers battus et nous pencher, sans plus tarder, sur ce fabuleux projet de fondation d'un Centre international pour le dialogue des civilisations, des...

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