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Liban

Le Liban ira à Tripoli, mais l’identité des participants reste à préciser

C'est avec un soupir de soulagement que les ministres et chefs de délégations arabes ont quitté la salle de réunion au siège de la Ligue arabe hier soir. Finalement, et après presque deux jours de débats, les obstacles ont été levés et les résolutions ont été adoptées, préservant un semblant d'unité arabe. Le Liban a eu la part belle dans cette unanimité puisque le chapitre consacré à la solidarité avec la République libanaise a été adopté après quelques modifications mineures, et le ministre Ali Chami, dont c'était la première participation à une réunion des ministres arabes, a réussi à calmer les appréhensions, sans céder sur le fond.
Comme par miracle, la tension qui régnait mardi soir s'est dissipée et la réunion des ministres des AE arabes a pu se terminer par un communiqué commun qui reflète un accord minimal entre les pays membres de la Ligue. Le chapitre consacré au Liban, qui semblait poser problème, est finalement passé comme une lettre à la poste, sans que le ministre libyen des AE, Moussa Koussa (un ancien patron des SR dans son pays que les participants à la réunion appellent « al-Jamahirya al-ouzma ») n'émette la moindre protestation. Plus même, au moment où le président de la session, le ministre somalien du Plan (car le ministre des AE de ce pays ne parle pas l'arabe) a lu le point relatif à la disparition de l'imam Sadr, il était occupé à discuter avec ses adjoints et le point a été adopté sans  discussion. En réalité, la formule présentée par le Liban est souple et il n'est nulle part mention du rôle de la Libye dans cette affaire. Mais c'est sans doute la première fois que ce point figure dans une réunion officielle des ministres arabes. Désormais, la participation du Liban au sommet de Tripoli est acquise, mais c'est le gouvernement qui décidera de l'identité des participants.
Dès l'ouverture de la réunion, il semblait clair que le climat était à l'entente. Le ministre syrien des AE, Walid Moallem, qui est arrivé directement de l'aéroport au siège de la Ligue, a ouvert la session en rappelant que la situation arabe est loin d'être à la hauteur des aspirations des populations. Les problèmes, a-t-il dit, se multiplient alors qu'Israël poursuit sa politique systématique de liquidation de la cause palestinienne. Il a ensuite transmis la présidence de la session au ministre somalien qui a souhaité la bienvenue au ministre libanais Ali Chami avant de  donner la parole au secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa. Ce dernier a brossé un bref tableau des dossiers arabes qui nécessitent des positions communes, notamment le Yémen, l'Irak, la Palestine, bien sûr, mais aussi le Soudan. Il a salué au passage la formation d'un gouvernement d'union nationale au Liban, avant de céder la parole au ministre turc des AE qui a estimé que son pays est concerné par tous les problèmes de la région, qu'il espère transformer en région de paix, ajoutant que les problèmes non réglés favorisent l'extrémisme. L'entrée de la ministre mauritanienne des AE (ancienne membre de l'opposition dans son pays) drapée dans une abaya aux couleurs chatoyantes a quelque peu distrait l'assistance, qui est ensuite passée à la séance à huis clos.
Le ministre Ali Chami, le seul ministre arabe à prononcer un discours pendant cette séance, a ensuite pris la parole. Tout en précisant que les populations arabes ont les yeux fixés sur la réunion ministérielle, il a estimé qu'il faut beaucoup de sagesse et de courage pour régler les nombreux problèmes qu'affronte actuellement le monde arabe. Chami a rappelé que le Liban a souffert des agressions israéliennes, notamment la guerre de 2006 au cours de laquelle la population, l'armée et la Résistance ont défendu ensemble le pays. C'est ce qui a poussé le gouvernement d'union nationale à consacrer, dans sa déclaration ministérielle, le droit à la résistance.
Chami a encore mis l'accent sur les violations israéliennes répétées de la résolution 1701, à la fois par les survols réguliers par son aviation de l'espace aérien libanais, et par la création de réseaux d'espionnage sur le territoire libanais, ainsi que par les menaces répétées. Face à cette agressivité israélienne, le ministre a estimé que le Liban a plus que jamais besoin de la solidarité de ses frères arabes. Il a rappelé le choix stratégique du Liban en faveur d'une paix juste et globale et son attachement à l'initiative de paix arabe, ajoutant que face à l'attitude israélienne, il serait bon de penser à d'autres formules, dont la Résistance, qui a déjà fait ses preuves...
Le ministre Chami a ensuite insisté sur l'attachement du Liban à l'entente, à la coordination  et à la solidarité entre les Arabes, rappelant qu'aussi bien le Tribunal spécial pour le Liban que l'affaire de la disparition de l'imam Moussa Sadr concernent tous les Libanais. Et cela s'est reflété dans la déclaration ministérielle. Il a ajouté qu'en saluant la formation du gouvernement d'union, la Ligue arabe appuie aussi le contenu de sa déclaration ministérielle... La délégation syrienne a alors estimé que le TSL concerne le Liban, et la Ligue arabe n'a pas à se prononcer sur le sujet. Une nouvelle formule a alors été proposée, alors que le point relatif à la disparition de l'imam Sadr a été adopté sans discussion.
Le volet libanais clos, la réunion est passée à d'autres sujets. Le plus litigieux est sans doute celui des négociations israélo-palestiniennes. Mardi soir, au cours de la réunion de la commission pour la relance de l'initiative de paix arabe, les débats ont été houleux. Le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avait assisté à la réunion pour expliquer aux présents la proposition américaine de lancer des négociations indirectes avec Israël. Mahmoud Abbas avait indiqué que, selon lui, il n'y a pas d'autre choix que la reprise des négociations et qu'il suffit de tirer une seule balle pour qu'Israël lance une guerre féroce contre les Palestiniens qui ne peuvent plus la supporter. À un ministre qui lui faisait remarquer qu'il reste le choix de faire la guerre, Abbas a répondu sèchement : « Commencez-la vous-même. »
Mais c'est surtout avec le représentant de la Syrie, l'ambassadeur Youssef Ahmad, que l'échange avait été le plus violent, la Syrie estimant que la reprise des négociations alors qu'Israël poursuit la judaïsation de Jérusalem, s'empare des lieux saints musulmans et poursuit ses agressions, est inutile. Il a ajouté que si les Palestiniens souhaitent reprendre les négociations, ils sont libres de le faire, mais cela doit rester leur décision. Ils n'ont donc pas à demander l'appui des pays arabes. Les débats se sont prolongés tard dans la nuit de mardi à mercredi. Et hier, les Syriens ont réitéré leur opposition à l'appui des ministres arabes au projet de reprise des négociations indirectes entre Israël et les Palestiniens. Le point a finalement été adopté, avec la fixation d'un délai de quatre mois pour ces négociations. Il s'agit, a précisé Amr Moussa, d'une dernière chance à l'administration américaine, avec la mention de l'opposition de la Syrie.
La réunion a ensuite passé en revue les autres points figurant à l'ordre du jour. Un hommage unanime a été adressé aux Émirats pour leur détermination à ne pas laisser passer l'assassinat du responsable de Hamas à Dubaï sans réagir et leur acharnement à découvrir rapidement les auteurs du crime.
La Libye a ensuite demandé l'appui des Arabes dans la crise qui l'oppose à la Suisse. Il a été convenu que la Ligue arabe adresserait une lettre de protestation assez ferme à la Suisse, mais Amr Moussa a tenu à montrer à la délégation libyenne que les Arabes ont fait bloc avec elle lorsqu'elle le leur a demandé. Le ministre libyen a remercié les délégations présentes, soucieux de faciliter au maximum la tenue du sommet à Tripoli à la fin du mois.
Aux alentours de 19 heures, le ministre égyptien des AE Ahmad Aboul Ghaith a rappelé aux présents qu'ils devraient profiter de leur présence au Caire pour visiter cette ville unique. Et c'est sur cette boutade que la séance a été levée, laissant le comité restreint formé de l'Irak, de la Syrie et de la Ligue régler le litige qui oppose les deux pays, pour que le secrétariat général de la Ligue arabe puisse rédiger le communiqué final.
Les ministres arabes des AE ont sauvé les apparences, mais les divergences entre eux demeurent profondes.     

C'est avec un soupir de soulagement que les ministres et chefs de délégations arabes ont quitté la salle de réunion au siège de la Ligue arabe hier soir. Finalement, et après presque deux jours de débats, les obstacles ont été levés et les résolutions ont été adoptées, préservant un semblant...
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