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Nos Lecteurs ont la Parole

Les maronites sont en bonne santé

Par Joseph W. ZOGHBI
Curieuse façon de toujours vouloir contenir les idées et les actions dans une éprouvette hermétique et de ne pas vouloir même l'entrouvrir.
Tout le monde crie au scandale quand on sort des chemins battus. Le monde change et certaines personnes ne le voient même pas. Elles ne se rendent pas compte que les maronites au Liban, bien qu'ils soient concentrés en nombre dans une surface limitée et qu'ils constituent un noyau vital, ne sont pas les plus nombreux. Il doit y avoir beaucoup plus de maronites au Brésil et aux États-Unis par exemple qu'au Liban. C'est dire que, peut-être, notre façon de regarder notre nombril ne nous permet pas de brasser large dans le monde et de rassembler les « brebis
éparpillées ».
Il ne faut pas oublier que nos villages se sont à moitié vidés au début du siècle dernier et après la dernière « guerre libanaise ». En donnant l'exemple de ma famille, des branches entières ont émigré aux quatre coins du monde, des Amériques jusqu'en Australie, et leur nombre est dix fois plus élevé dans ces pays qu'au Liban. C'est dire qu'il faudrait cesser de s'enfermer dans son coin, sans vouloir s'ouvrir sur le monde d'une manière beaucoup plus « agressive », en laissant de côté nos peurs et nos angoisses.
Un autre aspect encore plus important est notre environnement arabe. Nous avons essayé de nous isoler de ce monde en faisant croire que nous sommes ouverts, mais aucune action n'a été entreprise pour que cet environnement nous croit et nous ouvre les bras. Alors pourquoi crie-t-on haro sur le baudet quand quelqu'un prône l'ouverture ? Que l'on prie dans la cathédrale Saint-Georges ou à Brad, les prières sont les mêmes et montent vers le Très-Haut. La messe à Beyrouth avait la vertu de rassembler les Libanais et c'était une merveilleuse photo familiale que celle de la hiérarchie de l'État fêtant les 1 600 ans de la mort de saint Maron autour de Sa Béatitude. Mais ce que les détracteurs de Brad ne voient pas, c'est la dimension œcuménique et panarabe de « la messe réunion » d'ouverture sur le monde arabe. Il faudrait le rappeler : dans ce monde arabe vivent toujours des centaines de milliers de chrétiens qui ne sont pas tous nécessairement maronites. Faudrait-il les oublier pour autant ? Cette ouverture, non seulement rapproche les chrétiens entre eux, elle consolide les minorités chrétiennes là où elles se trouvent en leur donnant un espoir qu'elles ont commencé à perdre. L'espoir du « grand frère » maronite libanais venant leur administrer une dose de courage, eux qui souffrent de la discrimination et de la persécution (je ne parle pas des chrétiens syriens qui sont bien traités). Ce n'est pas par hasard si le chef religieux du Conseil islamique suprême d'Irak a demandé au général Aoun de prendre les chrétiens irakiens sous son aile
protectrice.
Bien sûr, « la messe de Brad » était aussi bien religieuse que politique, mais pour faire de la politique intelligente ne faudrait-il pas dire une messe ? L'ouverture chrétienne libanaise vers le monde arabe s'est faite à travers le tombeau de Mar Maroun, ce saint immense qui nous a montré le chemin il y a 1 600 ans. Si une partie des maronites n'est  pas contente, une grande partie des chrétiens d'Orient jubile. Ils entrevoient, ces chrétiens, un salut qui vient de cette ouverture vers le monde musulman qui va irrémédiablement avoir des retombés positives sur eux. Non seulement cette messe va leur donner du courage, mais elle va apaiser les suspicions des ultras contre ceux qu'ils considèrent comme étant le reliquat des croisés. Changer cette image sans perdre son âme est un pari qu'il faudrait prendre pour un nouvel élan dans cette région du monde. J'étais doublement fier d'être maronite à Beyrouth, mais aussi à Brad. Faudrait-il, pourquoi pas, pousser l'audace aussi vers la Mésopotamie ?
Brad valait bien une messe.
Curieuse façon de toujours vouloir contenir les idées et les actions dans une éprouvette hermétique et de ne pas vouloir même l'entrouvrir. Tout le monde crie au scandale quand on sort des chemins battus. Le monde change et certaines personnes ne le voient même pas. Elles ne se rendent pas compte que les maronites au Liban, bien qu'ils soient...

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