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Europa Jaratouna: l'action de l'Europe dans 8 pays sud-méditerranéens - Coopération

La société civile bouge avec la « plate-forme non gouvernementale Euromed »

La plate-forme fait un travail de lobbying à travers un dialogue avec l'opinion publique, l'UE ainsi que les autorités locales pour consolider le partenariat euro-méditerranéen.

De Casablanca à Beyrouth, en passant par Malaga, Marseille ou Le Caire, la société civile méditerranéenne bouge enfin. C'est dans la foulée du processus de Barcelone et du lancement du partenariat Euromed qu'est née la « plate-forme non gouvernementale euro-méditerranéenne ».
« Les acteurs de la société civile des deux rives de la Méditerranée, les grandes associations, les grandes fondations internationales ont pensé qu'il faut agir au niveau non gouvernemental, parallèlement aux instances et autorités publiques », affirme Georges Abi Saleh, président de la plate-forme civile libanaise. « La plate-forme est un regroupement d'acteurs issus de la société civile de l'ensemble de la région euro-méditerranéenne. Son action vise à influencer les plans d'action et politiques mises en œuvre dans le cadre du partenariat Euromed », ajoute de son côté, Gerarda Ventura la vice-présidente de la plate-forme Euromed.  Ces acteurs ont commencé par regrouper le plus grand nombre d'ONG actives dans les pays membres du partenariat afin de les mobiliser. « Au Liban, ces contacts ont débuté à partir de 2002. En 2005, une assemblé générale a été organisé pour institutionnaliser le travail des groupes intéressés par le projet, signant une charte qui regroupe les objectifs communs, les valeurs et les principes qui relient ces diverses associations. Une douzaine d'ONG libanaises y ont souscrit », explique M. Abi Saleh.
350 personnes, dont la délégation libanaise, ont participé à l'Assemblée constituante au Luxembourg qui a eu lieu en novembre 2005. Des statuts ont été établis, et un conseil d'administration a été élu, et la « plate-forme non gouvernementale Euromed » a été enregistrée selon la loi de 1901 à Paris, où se trouve le siège de la plate-forme. L'Assemblée a également appelé à la nomination dans chaque pays d'un coordinateur pour être le lien entre les membres de ce pays et le conseil d'administration.
Entre 2005 et 2007, plusieurs réunions ont eu lieu, tels les Forums civils au Luxembourg (2005), au Maroc (2006), et en France (2008), ou bien des débats thématiques à Malaga et une nouvelle assemblée générale à Madrid en 2007. D'autres rencontres ont également été organisées avec la Commission européenne.
« Au Liban, la famille de la plate-forme civile s'est agrandie depuis, pour regrouper 30 ONG locales et régionales : 27 associations et 3 réseaux (dont deux locaux et un arabe) », déclare-t-il. Mme Ventura note en outre la constitution d'autres plateformes locales en France, Maroc, Espagne, et Égypte. « Notre mission est de sensibiliser l'opinion publique à travers nos associations au partenariat euro-méditerranéen. Et d'exprimer l'importance de ce partenariat pour l'avenir au niveau socio-économique et culturel pour les tous les pays des deux rives de la Méditerranée », affirme Georges Abi Saleh. La plate-forme œuvre dans ce cadre d'abord pour « le renforcement de la société civile Euromed autonome à travers la création d'un véritable espace de dialogue et de mise en débats », ajoute Gerarda Ventura. Ensuite pour « favoriser à travers un processus maîtrisé la mise en réseau et la recherche des synergies entre acteurs de la société civile impliqués dans les domaines de droits de l'homme, égalité des genres, dialogue interculturel, environnement, migration, jeunesse, droits sociaux et économiques... actifs dans la région méditerranéenne ».
La deuxième mission est de sensibiliser les instances publiques vis-à-vis de ce partenariat. Selon Mme Ventura, la plate-forme Euromed agit en vue « d'améliorer les mécanismes de concertation régionale et locale auprès des décideurs politiques et des instances Euromed ». Pour M. Abi Saleh, « les autorités libanaises voient ce partenariat sous un seul angle, celui de profiter de ce bailleur de fonds européen, pour réaliser quelques projets socio-économiques, et pour aider le gouvernement autant que possible à réduire le grand problème du déficit budgétaire et de la dette publique ». Or, pour la société civile, la priorité est autre. Il s'agit de profiter des relations avec les Européens pour progresser sur d'autres créneaux comme les droits humains, les problèmes environnementaux, etc... « En d'autres termes dans tous les domaines où nos associations et nos réseaux sont impliqués et travaillent sur le terrain ». La plate-forme vise à profiter du partenariat Euromed pour exercer un lobbying sur les autorités publiques libanaises.
« D'autre part, nous utilisons la plate-forme pour faire pression également sur les instances européennes. Conclure un plan d'action avec un pays n'est pas suffisant. Il faut qu'il y ait un suivi et un contrôle, pour s'assurer de la transparence des projets accomplis afin de préserver la crédibilité de l'UE », insiste Georges Abi Saleh.
Ainsi des réunions régulières avec les instances publiques Euromed (présidence successive de l'UE, APEM, Conseil de l'Europe, Commission européenne...) sont organisées, affirme Mme Ventura, sans oublier la poursuite du dialogue avec les ambassadeurs Euromed : Finlande, Slovénie, République tchèque, Espagne, Suède, France... et la participation à des réunions ministérielles. Le troisième volet de l'action de lobbying de la plate-forme concerne le niveau politique. « Nous œuvrons pour une paix juste et durable et contre toute discrimination basée sur le sexe, l'appartenance ethnique ou religieuse », affirme Gerarda Ventura. « En tant que société civile, nous avons notre mot à dire. Il en est ainsi concernant la paix au Proche-Orient, la libération des terres arabes, une solution équitable au conflit israélo-palestinien. La plate-forme encourage ainsi une implication plus significative de l'UE dans la région en tant que médiateur impartial », renchérit M. Abi Saleh.
Sur un autre plan, la plate-forme globale participe, avec un consortium constitué de 6 associations, à des projets régionaux de développement. Il s'agit du programme « société civile » de la CE dans le cadre de la NPEV, couvrant la période 2009-2011. Elle a ainsi été présélectionnée dans un projet d'une valeur de plusieurs millions d'euros.
Concernant la plate-forme civile libanaise, « nous n'avons jusqu'à présent sollicité aucune aide de l'UE, toutefois, certaines entités membres de la plate-forme bénéficient de l'aide de l'UE à titre individuel », affirme M. Abi Saleh.
La plate-forme a par ailleurs organisé deux rencontres à thème entre des jeunes des deux rives de la Méditerranée, en collaboration avec la  Fondation Friedrich Ebert. Une troisième rencontre est prévue cette année en septembre.
De son côté, la plate-forme marocaine Euromed travaille sur un projet de plan d'action UE/Maroc, affirme Gerarda Ventura ajoutant que « nos réseaux thématiques membres, notamment le réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme (REMDH), ont publié un certain nombre de travaux et recommandations dans le cadre des plans d'actions ».
Enfin, « la plate-forme chapeaute des contacts avec les composantes de la société civile du pourtour méditerranéen, pour instaurer un cadre de dialogue permanent et de travail de mise en commun entre la société civile du nord et du sud de la Méditerranée dans le cadre d'un dialogue interculturel », conclut Mme Ventura.

* Europa jaratouna est un projet médiatique initié par le consortium, « L'Orient-Le Jour », « al-Hayat », LBCI, et élaboré avec l'aide de l'Union européenne. Il traite des actions de l'UE dans 8 pays du Sud de la Méditerranée. Pour en savoir plus, visitez le site www.eurojar.org. Le contenu de cette  publication relève de la seule responsabilité de « L'Orient-Le Jour » et ne peut aucunement être considéré comme reflétant le point de vue de l'Union européenne. 
De Casablanca à Beyrouth, en passant par Malaga, Marseille ou Le Caire, la société civile méditerranéenne bouge enfin. C'est dans la foulée du processus de Barcelone et du lancement du partenariat Euromed qu'est née la « plate-forme non gouvernementale euro-méditerranéenne ». « Les acteurs de la...