Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Elyssar attend la relance

Par Élie SEHNAOUI
L'histoire ancienne nous dit qu'Élissa, Élisa ou Didon, déesse légendaire grecque, fille du roi de Tyr, a fui le Liban pour l'Afrique du Nord, pour y fonder Carthage lorsque son frère Pygmalion avait tué son mari. D'où le nom donné à la zone d'Elyssar, qui fut si belle jusqu'en 1976.
Ce nom donné à une institution publique est motivé par le  fait que cette zone avoisinante de Beyrouth a été envahie par des déplacés venus principalement du Liban-Sud - et de la Békaa - s'installer au début de la guerre civile, entre 1975 et 1977. Les stations balnéaires de la région ont été envahies par ces déplacés, dont certains avaient perdu leurs maisons alors que d'autres voyaient là un moyen de taxer l'État ou les propriétaires des établissements et de chalets.
Cette institution a été fondée le 29 juin 1995, avec pour but la planification et le développement de la banlieue sud-ouest de la capitale, et donc d'assurer le retour de la plupart de ces squatters à leurs villes ou villages respectifs.
Joseph Hélou coiffait cette institution au titre de PDG, avec un conseil d'administration de six membres, représentant un éventail des principales communautés. Ainsi, on trouvait là un président maronite et six membres, dont deux chiites (Amal et Hezbollah), un sunnite, un grec-orthodoxe, un grec-catholique et un druze. Elle devait, selon ses statuts, se référer au seul Premier ministre.
Planifier était plus facile que de développer. Ainsi, le consultant, Dar al-Handasah - Kamal el-Shair, fut chargé du plan d'urbanisation et de lotissement, des infrastructures et de certains logements, ne touchant pas aux bâtiments construits légalement avant la guerre. Et cette nouvelle zone sous cette nouvelle appellation, couvrant 586 hectares, soit cinq fois la superficie de Solidere, devait recevoir un financement du gouvernement pour son développement. Or, le financement était estimé à plus d'un milliard de dollars US, que l'État ne pouvait assurer, sans tenir compte d'un problème majeur ayant trait au déplacement de quelque 100 000 habitants, pour la plupart d'une même communauté, pourtant divisée ! Ce double obstacle explique la raison principale du blocage du projet. La reconstruction de cette région, les indemnisations de nombreuses familles - qui ne se contentent pas de peu - et la reconstruction n'étaient pas tâche facile.
Cela ne veut pourtant pas dire qu'aucune action n'a été entreprise. En effet, certaines indemnités ont été versées pour permettre l'exécution des projets suivants :
- évacuations permettant la construction de l'hôpital gouvernemental ;
- exécution de certaines artères et routes intérieures y compris les travaux d'infrastructure ;
- station de pompage d'égouts exécutés par le CDR ;
- réseaux d'égouts d'Ouzaï et du sud de Beyrouth, jusqu'à la station d'épuration de Choueifate ;
- tentative d'exécution du pont surélevé le long de la côte, mais arrêtée par les habitants qui risquaient des pertes, leurs commerces  étant installés sur la route basse et ancienne.
Une parenthèse : le conseil d'Elyssar avait assuré une évaluation  du dédommagement sur base du mètre carré construit. Cette évaluation avait été modifiée à la hausse, afin de mieux satisfaire les « ayants droits », et de lancer enfin ce projet d'importance majeure. Cependant, bien que cette offre ait été très généreuse, seules quelques familles non soumises à des pressions politiques avaient accepté. Les autres demandaient deux fois plus, ce qui n'était guère réalisable, ni possible.  
Le milliard de dollars pour permettre le développement de la zone est réparti à titre indicatif de la manière suivante :
- Infrastructures : US$ 100 millions environ.
- Expropriations et dédommagements : US$ 400 millions environ.
- Constructions de logements : US$ 500 millions environ.
Sans compter les développements hôteliers, touristiques et balnéaires.
Toutes les études d'urbanisme, le plan directeur et d'infrastructures et certaines études de bâtiments, d'ateliers et de commerces étaient déjà quasiment terminés. Un petit port de pêche avait été développé par le ministère du Transport, adjacent à la nouvelle piste d'atterrissage de l'aéroport de Khaldé, laquelle, avec une orientation modifiée de telle sorte que les avions se posent, évitait ainsi de survoler la capitale.
Le Golf Club reste, avec la Cité sportive Camille Chamoun, le plus grand espace vert. Le Golf Club est propriétaire, en association avec d'autres, d'une partie des terrains qu'il occupe, la plus grande  lui ayant été cédée par l'État pour quelques piastres par an.
Bien que tous les aléas et variantes aient été envisagés, l'on ne voit pas comment il était possible de régler la situation. Ce n'est certes pas l'État, avec ses faibles moyens et son endettement si lourd à gérer, qui pourrait résoudre ce problème.
Une seule solution, représentée par un groupement d'hommes d'affaires libanais et étrangers, qui pourraient constituer un capital substantiel pour lancer cette affaire, en dédommageant - avec un appui politique - les ayants droits, qu'ils soient propriétaires de terrains ou de bâtiments en ruine, ou déplacés, la majeure partie consistant en familles illégalement installées et qui demandent des indemnités dépassant, et de loin, les limites du raisonnable. Avec pour but de développer ensuite une des plus belles plages du Liban (Tyr exclue), adjacente à la capitale, puis donner au touriste une vision nouvelle, structurée et belle.
De sources plus ou moins autorisées, mais « secrètes », on nous dit que les présidents Berry et Siniora avaient pris contact, séparément, avec des Qataris, en vue de financer cette réalisation au début de 2006. Toutefois, en raison de divergences d'intérêts entre eux, et à cause de la guerre de l'été 2006, ces tentatives ont fini au fond de tiroirs, ou probablement dans au panier.
Les intérêts évidents du Conseil du Sud ne se limitent donc pas au Sud tout seul. Quand aurons-nous des hommes politiques intègres pour songer à  l'intérêt du pays en premier ? Le président de la République pourra-t-il réussir là où tant d'autres ont échoué ? Pourra-t-il faire prévaloir - ou au besoin imposer le choix - une politique sage, pour faire aboutir le rêve de tant de personnes, dont non seulement tous les Libanais, mais plus encore les vrais ayants droits, les vrais propriétaires et locataires de cette zone de plages de sable fin, les seules à deux pas de Beyrouth ?
Nous faut-il attendre le résultat des élections législatives pour entrevoir enfin les chances d'un règlement ? Tous les pays du monde ont été affectés par la crise. L'Europe unie, le Japon, la Russie en subissent les effets. Au total, quelques milliers de trillions de dollars de soutien sont attendus de par le monde. Notre région tout entière a été affectée. À Dubaï, la chute de l'immobilier, à laquelle certains s'attendaient depuis deux ans, représente des trillions de dollars. Seul le Liban s'en sort, avec le moindre mal. Les banques locales, avec leurs fortes réserves, n'ont pas souffert. Et l'immobilier, qui ressent cette crise, a moins souffert qu'ailleurs.
Elyssar, elle, se remettrait en selle avec un à deux milliards de dollars, permettant ainsi à nos plages, et à une nouvelle zone touristique, la plus belle, de renaître  L'institution est prête à y contribuer, aux côtés de nouveaux investisseurs.
Quel groupe financier aura la vision et le courage d'entreprendre ce pari ?
L'histoire ancienne nous dit qu'Élissa, Élisa ou Didon, déesse légendaire grecque, fille du roi de Tyr, a fui le Liban pour l'Afrique du Nord, pour y fonder Carthage lorsque son frère Pygmalion avait tué son mari. D'où le nom donné à la zone d'Elyssar, qui fut si belle jusqu'en 1976.Ce nom donné à une institution...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut