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Économie - Liban - Interview

« Fin avril, le Liban sera à la pointe de la technologie » en matière de cellulaire, promet le PDG d’Alfa

Après 18 ans passés à l'étranger, Samer Salameh a pris la direction de la compagnie de téléphonie mobile gérée par Orascom Telecom, avec un objectif clair : atteindre le million d'abonnés d'ici à la fin de l'année.
L'Orient-Le Jour : Comment décrivez-vous le marché de la téléphonie mobile au Liban ?
Samer Salameh : Le marché local est largement sous-exploité et très atypique. Normalement, la durée des appels dépend des tarifs appliqués. Plus la minute est chère, moins les gens parlent au téléphone. En revanche, au Liban, le temps de communication moyen par abonné, environ 500 minutes par an, est trois à quatre fois supérieur à la moyenne mondiale, alors que le prix de la minute est extrêmement élevé. La demande de communication est donc très forte, et elle ne peut qu'augmenter si les prix baissent.
Parallèlement, le faible taux de pénétration du cellulaire pèse sur l'économie du pays. Il y a une forte corrélation entre le taux de pénétration de la téléphonie mobile et la croissance du PIB. Par exemple, si le nombre d'abonnés augmente d'un million, cela se traduit par une croissance supplémentaire de 3 %. En tant que Libanais, j'étais effaré par la situation du secteur et ses conséquences sur la compétitivité de l'économie. Je n'ai donc pas hésité lorsque le ministre Gebran Bassil a fait appel à moi, en tant que consultant, en attendant l'appel d'offres sur la gestion des réseaux. Lorsque ensuite la compagnie Orascom a remporté le contrat, j'ai été nommé à la tête de la compagnie.
OLJ : Qu'est-ce qui explique le délabrement du secteur ?
S.S. : Il y a cinq ans, à l'époque de Cellis, le Liban était à la pointe de la technologie au niveau mondial. Mais, depuis, rien n'a été fait pour moderniser ou développer le réseau, et on s'est retrouvé à la traîne. Normalement, un opérateur doit investir 10 à 15 % de ses revenus dans les réseaux. Dans le cas d'Alfa, qui génère environ 600 millions de dollars par an, 30 à 40 millions de dollars auraient dû être investis chaque année. Mais ni l'État ni l'ancien opérateur d'Alfa n'ont entrepris cette démarche. Certes, les anciens contrats de gestion n'étaient pas de nature à encourager les opérateurs dans cette voie. Mais dans le cas de MTC Touch, la compagnie Zain avait une vision pour l'avenir, elle a donc introduit une technologie moderne et de nouveaux services, contrairement aux anciens opérateurs d'Alfa, qui n'avaient aucune intention de rester au Liban à long terme. Ils ont donc capitalisé chaque centime récolté, et les employés qui avaient fait le succès de Cellis sont partis chez d'autres opérateurs arabes.
 Alors qu'à l'origine, les parts de marché étaient égales entre les deux opérateurs, MTC Touch comptait 830 000 abonnés fin novembre 2008, contre 580 000 pour Alfa. Le nombre d'utilisateurs Alfa avait même commencé à baisser, puisqu'il s'élevait à 590 000 en juin 2008.
OLJ : Depuis, qu'avez-vous entrepris ?
S.S. : En trois mois, nous avons vendu plus de lignes qu'en trois ans. Quelque 75 000 personnes ont ainsi rejoint Alfa. Le premier mois, nous avions déjà augmenté la capacité du réseau de 6 %. Nos abonnés, qui commencent déjà à sentir la différence, notamment sur les cartes prépayées, bénéficieront très vite de nouveaux services, comme le Blackberry.
Fin avril, nous aurons développé l'infrastructure et doublé la capacité du réseau, en vue d'atteindre notre objectif d'un million d'abonnés à la fin de l'année. Nous allons introduire de nouvelles technologies sur le réseau pour offrir des services innovants, surtout en matière d'accès Internet haut débit. Les services de données (data) seront bien plus rapides que ce qui existe actuellement et leurs prix seront plus abordables. Fin avril, le Liban sera ainsi à la pointe de la technologie en matière de téléphonie mobile.
OLJ : Peut-il y avoir une réelle concurrence sur le marché ?
S.S. : Dans la configuration actuelle, il ne peut pas y avoir de concurrence sur les prix, puisqu'ils sont fixés par le gouvernement. MTC Touch a d'ailleurs longtemps été perçue comme moins chère qu'Alfa, mais c'est faux. MTC Touch propose simplement une tarification en dollar, alors qu'Alfa utilise le système d'unités. Pour éviter la confusion, nous allons toutefois passer aussi à un système en dollar.
Mais avec les nouveaux contrats de gestion, la concurrence peut réellement se faire sur la qualité et l'innovation des services proposés. Avec les améliorations que nous avons apportées à notre réseau, il n'y a plus de raisons de préférer MTC Touch. Nous avons égalisé le champ de bataille, et la vraie concurrence peut enfin commencer.
OLJ : Comment qualifiez-vous le plan de développement du gouvernement ? La compagnie Orascom est-elle intéressée en cas de privatisation ?
S.S. : Le plan du gouvernement vise une augmentation du nombre total d'utilisateurs entre 800 000 et un million. Près d'un quart de la population aura ainsi accès à un service dont elle était privée. Parallèlement, les tarifs appliqués vont baisser de 15 à 40 %. À mon avis, ce plan aurait tout simplement dû être mis en œuvre il y a quatre ans.
Concernant une éventuelle privatisation, Orascom a une vision de long terme au Liban et elle participera sans doute à l'appel d'offres.
L'Orient-Le Jour : Comment décrivez-vous le marché de la téléphonie mobile au Liban ?Samer Salameh : Le marché local est largement sous-exploité et très atypique. Normalement, la durée des appels dépend des tarifs appliqués. Plus la minute est chère, moins les gens parlent au téléphone. En...
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