Des espions et des urnes

Bon, visiblement c’est le vent du Nord qui continue de souffler, balayant le Tripolichinelle pour nous amener Nagib-la-Mikette. Ce n’est d’ailleurs que justice : depuis le temps que le bonhomme avait chopé des démangeaisons de premier ministrable, il était normal qu’il finisse un jour par poser sa carrure de déménageur de piano sur le fauteuil du Grand Sérail. Il était temps aussi pour notre ami, qui avait pantouflé de longues années durant au ministère des Travaux publics et dont l’essentiel du travail consistait à dessiner des lignes blanches sur l’asphalte dans les grandes occasions, de trouver une petite place au soleil. Ce qui, par la même occasion, lui permettait aussi de jeter une ombre durable sur le guilleret Abdel-Rahim Mrad, dont la langue de bois certifiée conforme et validée ISO 9000 manquera à de nombreux Libanais. Le tout est de savoir maintenant comment ce prosyrien plutôt fréquentable entend touiller la déclaration ministérielle, après y avoir ajouté quelques sucreries à destination du camp loyaliste, sans pour autant laisser croire que ses promesses contractées auprès de l’opposition ont rétréci au lavage. Premier écueil : les pieds nickelés des services, à qui l’on doit le minable spectacle de cette république des grandes oreilles et des trous de serrure. Démission ? Radiation ? Mise à pied ? Mikou aura du pain sur la planche... et du beurre sur les épinards pour les six espions qui iront se la couler douce « à la disposition de la présidence du Conseil ». Les Libanais seront ravis d’apprendre à quoi servent leurs impôts. Deuxième récif : la loi électorale. Istiz Nabeuh veut éviter à tout prix que le projet sur le caza ne fasse élire des députés carrément à portée de baffe. Son rêve : empaqueter toute la population dans une circonscription unique allant de Casablanca à Vladivostok. Depuis Clisthène, père de la démocratie, on n’a jamais trouvé mieux pour mettre en érection les encéphalogrammes plats des neuneus de Aïn el-Tiné. La Mikette devra donc jouer serré pour éviter d’ajourner la date du scrutin… et entrer ainsi indiscutablement dans le Guinness Book des Reports. Gaby NASR