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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-Onu - Lahoud veut coopérer avec New York « quelle que soit la formule » Beyrouth accepte finalement le principe d’une enquête internationale

Les autorités libanaises ont finalement accepté au cours du week-end sans condition de coopérer avec une commission d’enquête de l’Onu sur l’assassinat de Rafic Hariri, remplissant ainsi une des principales exigences de l’opposition. Le chef de l’État, Émile Lahoud, s’est engagé à coopérer avec l’Onu, « quelle que soit la formule adoptée par l’organisation internationale », pour faire la vérité sur la mort de Rafic Hariri. Le chef de l’État a prôné « les sanctions les plus lourdes » à l’encontre de tous ceux qui, au terme des résultats de l’enquête, auront trempé, ne serait-ce que par « négligence ou par erreur », dans ce qu’il a qualifié de « complot », selon un communiqué de la présidence. Le ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, a convoqué pour sa part les ambassadeurs de trois des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité (Russie, Chine, Grande-Bretagne) et les a informés que le Liban accepterait une commission d’enquête de l’Onu si le Conseil de sécurité prenait une décision en ce sens. M. Hammoud a poursuivi hier ses contacts avec d’autres diplomates et doit s’entretenir cette semaine avec les ambassadeurs de France et des États-Unis. « Nous voulons coopérer avec les Nations unies, avec le Conseil de sécurité et avec le secrétaire général de l’Onu, et les ambassadeurs que j’ai rencontrés ont accueilli favorablement cette volonté du Liban car nous recherchons la vérité, toute la vérité, sur l’assassinat » de Hariri, a déclaré M. Hammoud. Il avait pourtant violemment critiqué vendredi le rapport de la mission d’information de l’Onu recommandant la formation d’une telle commission, jugeant qu’elle avait « outrepassé ses prérogatives » et n’était « pas habilitée à faire des propositions ». « Mission urgente » de Assaker à l’Onu La volte-face des autorités est intervenue moins de 48 heures après la publication du rapport de la mission de l’Onu, jugé « dévastateur » vis-à-vis des services de sécurité libanais. Dimanche, le palais Bustros a décidé de dépêcher son secrétaire général par intérim, Boutros Assaker, à New York, pour suivre les débats que doit entamer le Conseil de sécurité de l’Onu pour la création d’une commission d’enquête sur l’assassinat de Hariri. Chargé d’une « mission urgente », M. Assaker, qui devait prendre l’avion hier pour les États-Unis, est porteur d’instructions officielles en faveur de la formation d’une commission d’enquête de l’Onu. En acceptant une enquête de l’Onu, Beyrouth risque de céder une part de souveraineté et faire subir de lourdes conséquences aux régimes libanais et syrien, soulignent des analystes. Des spécialistes en droit international estiment que la création d’une telle commission aurait en effet des conséquences majeures sur la hiérarchie des services de sécurité libanais. Et, sous certaines conditions, la commission pourrait étendre ses compétences à la Syrie. « Sur le plan légal, la volte-face de Beyrouth signifie que le Liban aura remis tout le processus juridique, y compris la question des services de sécurité, aux mains de la commission internationale », a affirmé à l’AFP le juriste Chebli Mallat. Sur la base du rapport, la commission pourrait décider qu’elle « ne peut agir tant que le système de sécurité en place n’est pas écarté ». Or, en acceptant la commission, le Liban « n’est plus en position de marchander le démantèlement de ce système », a-t-il ajouté. Selon des experts, l’impact sur le Liban et la Syrie d’une enquête approfondie dépendra du cadre dans lequel elle devra opérer. « Si la commission est formée sous le chapitre 8 de la Charte de l’Onu, le Liban devra coopérer avec elle. Mais si elle est formée sous le chapitre 7, ses compétences seront beaucoup plus étendues et elle ne sera en aucune manière soumise au gouvernement libanais », explique un autre juriste, Chafic Masri. Dotée d’un pouvoir coercitif aux termes du chapitre 7, « sa compétence pourrait être étendue aux dirigeants en Syrie », selon un expert qui a requis l’anonymat. « Il lui sera possible d’enquêter sur des actes de terrorisme commis au Liban » avant ou après l’assassinat de Hariri, a-t-il dit, rappelant les trois attentats à l’explosif qui ont secoué New Jdeidé, Kaslik et Sid el-Bauchrieh. Toutefois, un diplomate occidental à Beyrouth a écarté l’éventualité d’une commission qui use des pouvoirs du chapitre 7. La tâche de la commission d’enquête « sera d’établir qui a fait quoi exactement, et cela nécessite la coopération des autorités libanaises et syriennes. S’ils ne coopèrent pas, les deux pays seront en train de plaider coupables », a estimé ce diplomate sous le couvert de l’anonymat.

Les autorités libanaises ont finalement accepté au cours du week-end sans condition de coopérer avec une commission d’enquête de l’Onu sur l’assassinat de Rafic Hariri, remplissant ainsi une des principales exigences de l’opposition.
Le chef de l’État, Émile Lahoud, s’est engagé à coopérer avec l’Onu, « quelle que soit la formule adoptée par l’organisation...