Il n’y a pas à dire, le Proche-Orient est un laboratoire
pétulant de démocratie : les Irakiens vont aux élections
comme à l’abattoir, au rythme des voitures piégées ; les Libanais y vont aussi, mais sur fond de salivation baveuse. À Bagdad, le salon de l’auto ; à Beyrouth, le salon où l’on
cause.
Plus un jour ne passe sans qu’un vieux croûton y aille de son cours magistral pour essayer de vendre la formule qui lui permettra de rempiler les doigts dans le nez dans ce Parlement, transformé au fil des ans en une réserve de
hurons. Le tout sous la trique de l’ambassadeur des
États-Unis, qui a les mains toutes ampoulées à force de
remonter les bretelles à des barons politiques calcifiés.
Dernier rigolo à se sentir morveux : Istiz Nabeuh. Très
remonté pour en découdre et feignant sans doute d’oublier qu’il fait partie des meubles de la République depuis plus d’une décennie sans aucune alternance, « Bac moins six » a dû remonter jusqu’aux Phéniciens pour dénicher un ersatz de démocratie sur nos terres. Sans doute parce qu’à l’époque nos frères d’à côté étaient trop occupés à brouter et à frotter du silex.
À grands coups de menton et sabre au clair, le Déshérité de Aïn el-Tiné menace même d’aller vérifier les élections du prochain Congrès. Des fois que les Américains
rechigneraient à caler dans un même autobus les candidats de Californie, du Massachusetts et de la côte Est.
Tout à son élan, il déploya cette vision prodigieuse devant un parterre de journalistes transformés en vases de Sèvres. Ce qui explique certainement pourquoi personne n’osa éclater de rire. Pour l’heure, celui qui se qualifie de frère siamois de Anjar rêve d’encaquer le Liban dans une circonscription unique et eunuque tournée vers la Syrie. Dans la grande pêche aux voix, il n’est pas de filet trop large.
Le Duc de Berry a été en revanche très peu loquace sur ce que lui a réellement dit l’ambassadeur américain au cours de sa dernière visite. Il est vrai que l’amour-propre commande parfois d’oublier certains détails.
Mais ce n’est pas bien grave : selon toute vraisemblance, Jeffrey Feltman a dû oublier aussi avec qui il s’est entretenu.
Gaby NASR
Il n’y a pas à dire, le Proche-Orient est un laboratoire
pétulant de démocratie : les Irakiens vont aux élections
comme à l’abattoir, au rythme des voitures piégées ; les Libanais y vont aussi, mais sur fond de salivation baveuse. À Bagdad, le salon de l’auto ; à Beyrouth, le salon où l’on
cause.
Plus un jour ne passe sans qu’un vieux croûton y aille de son cours...
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