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Nos Lecteurs ont la Parole - OPINION

Opinion Planète en crise

La chute de l’Union Soviétique, la disparition du bloc de l’Est et l’étiolement substantiel et progressif du marxisme-léninisme comme fondement de société représentent un élément marquant dans l’évolution de la situation internationale et dans le processus de redéfinition de l’homme, de la société et de l’ordre mondial sous tous leurs aspects politique, social, culturel... Face à ces bouleversements radicaux et à leurs multiples conséquences, il est impératif pour la démocratie libérale de ne pas se contenter d’observer une attitude béatement triomphaliste, mais bien au contraire d’adopter une attitude objective, critique et réaliste vis-à-vis du communisme, non seulement en tant qu’idéologie et système, mais aussi en tant qu’expériences pratiques de schéma de société ayant modelé une grande partie du monde durant près d’un siècle. Le marxisme-léninisme est un produit, qu’on le reconnaisse ou pas, de l’idéologie judéo-chrétienne poussée jusqu’à ses limites extrêmes: contrairement à ses pratiques désastreuses, il cherche, en théorie, à instaurer la justice, l’égalité absolues; bref, il vise à réaliser le bonheur intégral de l’homme. L’idéalisme sous-jacent à cette recherche ne relève-t-il pas des valeurs fondamentales de cette idéologie judéo-chrétienne? Dans la pratique, la défaite du communisme a créé un réel déséquilibre au niveau de la planète, et cela dans tous les domaines. De là la nécessité de préciser les effets de ce déséquilibre pour pouvoir y remédier ultérieurement. C’est notre conviction profonde que dans l’«Empire du Mal», le Bien existe. Cela implique la nécessité d’une exploration critique et rationnelle des fonctions que remplissait le «géant abattu». C’est ainsi qu’il serait possible de tirer les leçons pour l’avenir et de remplir certaines de ces fonctions. A défaut de quoi, l’humanité dériverait vers des évolutions extrêmement dangereuses, déséquilibrées, voire explosives et chaotiques. Il est absolument faux de considérer la chute du communisme comme l’expression du triomphe du capitalisme et la preuve de sa justesse. Cette perception aveugle est dangereuse. Elle fausse à tout le moins le jugement. En effet, la chute de l’«Empire du Mal» ne serait-elle pas l’expression d’une crise mondiale dans l’évolution de l’humanité tout entière qui aurait touché dans sa première phase le maillon le plus faible de l’édifice international, à savoir le monde communiste? Ne se pourrait-il pas que cette crise atteigne dans ses étapes ultérieures et ultimes les «épicentres» du monde, à savoir les démocraties occidentales? De toute façon, il est certain que ce gigantesque séisme international a mis en évidence les éléments fondamentaux d’une crise généralisée, continue et globale. Le développement permanent et fulgurant des transports et des télécommunications est à l’origine de la globalisation et de la délocalisation de l’économie ainsi que de l’internationalisation des finances. Le développement non moins continu de l’informatique représente le fondement d’une révolution technologique, industrielle et agricole à caractère permanent et exponentiel (robotique, télématique, biotechnologie, génétique...). La croissance démographique au Sud, contrastant avec la stagnation ou la décroissance démographique au Nord, mène, via le principe des vases communicants, à des flux migratoires du Sud vers le Nord. L’échauffement de la terre, la salinisation, la pollution, la déforestation, la surexploitation du sol et du sous-sol... bref, l’ensemble des problèmes écologiques issus de l’intensification et du chaotisme des activités d’une humanité sans cesse grandissante, menacent la planète Terre. La disparition de l’ancien ordre bipolaire et son remplacement par un monopolarisme qui ne saurait être qu’inégalitaire et déstabilisateur sont à l’origine du désordre international actuel. Ces mutations, ces phénomènes ne sont pas localisés géographiquement. Ils sont transnationaux et nécessitent par conséquent des traitements globaux d’ensemble. Mais qui pourrait en décider? Le flou enveloppe plus que jamais les véritables centres de décision. D’une part, si les organismes internationaux et régionaux existent bel et bien, ils ne sont cependant pas le siège de véritables décisions autonomes et unificatrices mais ils semblent plutôt être au service du plus fort. D’autre part, les Etats ou bien tombent en déliquescence comme c’est le cas des pays du quart monde de plus en plus nombreux et laissés à leur misérable destinée, ou bien l’étendue de leur autorité se rétrécit continûment. Dans le réel, une nébuleuse de «pouvoirs financiers et économiques» (grosses fortunes, spéculateurs, fonds de pension, multinationales géantes, conseils d’administration...) semble se trouver aux commandes de la planète de façon diffuse et informelle. Ces pouvoirs décident au mieux de leurs intérêts immédiats, souvent contradictoires. La maximalisation des profits représente pour chacun d’eux, agissant pour son propre compte, le critère unique de décision. Aussi, leurs décisions ne pourraient-elles être que contradictoires. De plus, elles ne pourraient répondre positivement aux besoins de la Planète. Ainsi, une politique internationale qui viserait à juguler les dangers émanant des graves problèmes transnationaux susmentionnés est en fait totalement incompatible avec la nature de ces décideurs. Sur un autre plan, la concurrence appelle la recherche; celle-ci engendre le progrès scientifique et technologique; celui-ci a pour corollaire une réduction du nombre des travailleurs (les moins qualifiés); cette réduction génère une meilleure profitabilité qui, à son tour, est remise en cause par la concurrence. Ainsi se referme le cercle vicieux. Le caractère mondial de la concurrence accroît considérablement la vitesse de rotation de ce cercle vicieux; ce qui aiguise sans arrêt l’acuité du chômage au Nord et l’abandon du Sud. Ainsi, si la révolution technologique est, en principe, génératrice permanente de nouveaux emplois, ceux-ci sont toutefois moins nombreux que ceux qu’ils remplacent et ils exigent de plus en plus de qualifications. Cela est lié à la nature même de cette révolution, qui touche des domaines nécessitant de hauts niveaux de compétence et un nombre restreint d’opérateurs spécialisés. Cette évolution favorise en fait l’exclusion. La réduction des heures de travail n’apporte pas de solutions puisqu’elle ne pourrait que s’accompagner d’une réduction du salaire. Cette réduction des salaires est une autre forme de chômage. Elle dégrade le niveau de vie des travailleurs et rend, du coup, le marché plus exigu. Il ne pourrait en être autrement à cause de la globalisation de l’économie et par suite des exigences d’une concurrence à caractère mondial et non national. Bref, les solutions à première vue de cette crise dont le caractère structurel n’est plus à démontrer, ne semblent pas être nombreuses. A la limite, cette crise déboucherait sur la disparition de la classe moyenne, sur l’exclusion de nouvelles catégories sociales, l’abandon croissant du Sud et une paupérisation généralisée. Si l’homme produisait mieux et plus, on devrait s’orienter en principe vers une meilleure qualité de vie, un plus haut degré de bien-être social (moins de travail, plus de loisirs). Cette règle ne pourrait cependant s’appliquer que si la distribution des richesses et produits de l’activité humaine s’opère de façon adéquate sur l’ensemble des hommes, des peuples et des pays. Ce qui n’est pas le cas. Résumons-nous. Ce ne sont point les nouveaux développements globaux qui représentent les véritables dangers pour l’homme et la Planète mais bien leur évolution anarchique et incontrôlée. Celle-ci relève de la nature même des décideurs. Ainsi, les problèmes qui en résultent aussi bien au Nord qu’au Sud ou entre le Nord et le Sud se résument en un terme: déséquilibres structuraux. Leurs expressions les plus criantes sont le chômage, l’exclusion, l’abandon, la mauvaise distribution des richesses, le grandissant fossé entre riches et pauvres... La démocratie libérale a besoin d’être secouée, de se réconcilier avec une méthode de pensée rationnelle refusant l’a priori d’une structuration totalement inégalitaire de la société, dont le maintien mènerait inéluctablement à la catastrophe. La démocratie libérale est tenue d’aborder le problème dans le fond et sous toute ses formes, de ne pas éluder son essence ni se limiter à traiter ses seuls symptômes, d’éviter de rechercher la solution miracle dans la répétition de lieux communs telle l’inéluctabilité de l’économie de marché et de la démocratie bâtie sur le principe de l’Etat de droit... Seule une attitude révolutionnaire de la démocratie libérale pourrait lui permettre d’aborder les nouvelles réalités complexes de notre monde contemporain et futur, et de définir une ligne de conduite qui rompt totalement avec la morosité, la monotonie et le classicisme désuet d’une ligne politique qui ne répond plus aux exigences de la période de turbulence extrême que traverse l’humanité.

La chute de l’Union Soviétique, la disparition du bloc de l’Est et l’étiolement substantiel et progressif du marxisme-léninisme comme fondement de société représentent un élément marquant dans l’évolution de la situation internationale et dans le processus de redéfinition de l’homme, de la société et de l’ordre mondial sous tous leurs aspects politique, social, culturel......
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