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Nos Lecteurs ont la Parole - Par Albert K. SARA

Vérité libératrice

D'accord.
Mais qu'arrivera-t-il lorsque, la vérité étant déjà à portée de main, on n'ose pas aller plus loin pour la saisir ? Nous voici en face d'un cas typique, celui de l'assassinat du capitaine Samer Hanna : le 28 août dernier, cet officier, pendant qu'il était aux commandes de son hélicoptère, reçut quatre balles tirées par un milicien du Hezbollah. Le drame, avec ses détails, était connu de tout le monde et s'étalait le lendemain dans la presse.
Les faits sont d'une clarté indéniable : cet officier, opérant au sud du territoire, non loin de la frontière, faisait des exercices d'atterrissage/décollage. Selon les témoins, il n'était pas à plus de dix mètres de haut lorsqu'un hezbollahi envoya la décharge meurtrière. L'assassin était cerné dans son groupe et toute prétention atténuante du crime était rejetable d'avance : qu'aurait-il, en effet, pu répondre à ces questions élémentaires :
1- « Pouviez-vous ne pas voir l'emblème du cèdre peint visiblement sur le fuselage de l'appareil, excluant ainsi toute confusion possible avec un appareil ennemi ? »
2- « Pouvez-vous invoquer une erreur de tir avec la courte distance entre vous et l'appareil que vous vouliez abattre ? »
3- « À supposer que, de bonne foi, vous eussiez pris l'appareil pour ennemi, vous aviez là une occasion en or pour faire prisonnier le pilote au lieu de le tuer. »
Or, le patron du Hezb, dans une situation si intenable, a pensé se tirer d'affaire en recourant à la pratique multiséculaire chez les Arabes pour la réparation : la loi du talion, ou paiement de la « diya » (prix du sang), où on livre à la tribu de la victime l'auteur présumé du crime (ou un substitut, en cas de besoin) et le tour est joué, l'hostilité entre les deux parties est effacée (cf. Émile Tyan, La responsabilité délictuelle en droit musulman). C'est ce que fit Hassan Nasrallah : le lendemain même, il livra à l'autorité libanaise Moustafa Moukaddem, un presque adolescent de 19 ans, qu'il déclara être l'auteur du crime.
Mais justement, dans notre cas, le tour ne peut pas être joué à si bon marché : il reste le tour redoutable du procureur et du juge d'instruction, tâche devant être entamée d'urgence, d'autant plus que la vérité est déjà à portée de main...
Et nous voilà ramenés à la question posée au début de ce texte : la justice ira-t-elle jusqu'au bout pour saisir la vérité ? Voilà quatre bons mois que le crime a été perpétré. La justice a rarement mis aussi sûrement la main sur les éléments d'un dossier.
Qu'a-t-on fait jusqu'ici ? Invoquer le secret de l'enquête serait une plaisanterie, lorsque tout le pays a été témoin du crime. Quatre mois n'ont-ils pas suffi pour faire avancer cette enquête ? Même strictement secrète, nous avons au moins le droit de savoir à quelle étape elle est arrivée. En invoquant ce droit, nous le faisons en vertu de la transparence proclamée avec insistance par le président de la République dans ses deux premiers discours.
Nous espérons que notre question ne tombera pas dans l'oreille de sourds, comme si l'on était encore au temps honni de la tutelle.


D'accord.Mais qu'arrivera-t-il lorsque, la vérité étant déjà à portée de main, on n'ose pas aller plus loin pour la saisir ? Nous voici en face d'un cas typique, celui de l'assassinat du capitaine Samer Hanna : le 28 août dernier, cet officier, pendant qu'il était aux commandes de son hélicoptère, reçut...
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