
Des personnes faisant la queue devant une agence de Bank Audi. Photo d’illustration AFP
La Haute Cour de justice britannique (High Court of Justice in London) a accepté dans la forme une plainte déposée par un homme d’affaires saoudien, Cheikh Mohammad Omar Kassem Alesayi, contre la banque libanaise Bank Audi, après que la juridiction s’est estimée compétente pour traiter de cette affaire.
Révélée le 6 mai par le média émirati The National, cette plainte porte sur 24 millions de dollars répartis sur huit comptes qu’il détient auprès de Bank Audi et que cette dernière a refusé de transférer en 2022 vers un compte qu’il détient auprès de la banque privée UBP à Genève. Ce refus s’inscrit dans le cadre de l’absence d’une loi harmonisant le contrôle des capitaux et des restrictions illégales mises en place par les banques à partir de fin 2019, dans la foulée de la crise économique et bancaire dans laquelle le Liban est toujours plongé.
Selon une copie de cette plainte que L’Orient-Le Jour a pu consulter, Cheikh Mohammad Omar Kassem Alesayi, qui est détenteur de la nationalité britannique depuis novembre 2023, fait valoir qu’il est résident au Royaume-Uni depuis novembre 2016. Dans ce même document, il affirme qu’il a transféré sa résidence principale de Djeddah, en Arabie saoudite, au Royaume-Uni en octobre 2017 pour y passer sa retraite. Toujours selon le texte, Cheikh Mohammad Omar Kassem Alesayi affirme avoir par la suite « obtenu un permis de séjour illimité au Royaume-Uni en tant qu’investisseur de niveau 1 le 24 mai 2018 », et puis « le statut d’établissement avec un permis de séjour illimité le 2 mars 2021 ».
Pour que les déposants obtiennent gain de cause, il faut que « la partie plaignante soit résidente fiscale à l’étranger et qu’elle ait été sollicitée à l’étranger par les banques libanaises concernées », résumait le 30 septembre 2024 l’avocat fiscaliste Karim Daher, contacté pour une affaire similaire. Dans ce cadre, Bank Audi fait valoir dans le texte de la plainte que Cheikh Mohammad Omar Kassem Alesayi n’était pas domicilié en Grande-Bretagne lorsqu’il a ouvert son compte auprès d’elle pour la première fois en 1994. Contactée, la banque libanaise s’est refusée à tout commentaire.
Après avoir été acceptée sur la forme, reste à voir si cette plainte sera retenue dans le fond par la Haute Cour de justice britannique.
Des procès déjà gagnés, d’autres en cours
Début 2022, Bank Audi, aux côtés de la banque libanaise SGBL, avait déjà été contrainte par cette même cour à rembourser le déposant libano-britannique Vatché Manoukian une somme de près de 4 millions de dollars. Durant cette même année, la justice britannique avait également donné gain de cause au ressortissant syro-britannique Georges Gabriel Bitar contre deux banques libanaises, la Bank of Beirut et la Banque libano-française (BLF). Elle ordonnait alors à la première de lui rembourser la somme de 7,96 millions de dollars et à la seconde plus de 4,2 millions de dollars, et cela sans compter les intérêts dus. En 2024, une déposante syrienne résidant en France – « madame (W) », selon le texte judiciaire qui préserve son anonymat – recevait gain de cause contre la banque libanaise Saradar Bank.
Outre ces plaintes, une action collective avait été lancée aux États-Unis contre le secteur bancaire libanais en avril 2024, avant d’être élargie trois mois plus tard. Celle-ci inclut dans le camp des accusés : la Banque du Liban ; son ancien gouverneur, Riad Salamé ; les banques commerciales Bank of Beirut, BLF, BLOM Bank, Byblos Bank, Fransabank, SGBL, Bank Audi, Bankmed, Crédit libanais, Fenicia Bank ; les cabinets d’audit employés par ces banques, à savoir Deloitte, Ernst & Young et BDO International, à travers certaines de leurs filiales. Elle concerne aussi la vingtaine d’autres banques commerciales libanaises, mentionnées comme potentiels tiers « coconspirateurs ».
« Les retombées de cette action peuvent être lourdes pour les personnes et entités visées, notamment en raison des soupçons de fraude, de conspiration, de délit d’initié et de blanchiment d’argent qu’elle comporte, à condition toutefois que la juridiction s’estime compétente, que la plainte soit jugée recevable et qu’elle aboutisse à un jugement favorable à celui qui l’a déposée et ceux qui s’y joindront », précisait à L’Orient-Le Jour, en avril 2024, l’avocat fiscaliste Karim Daher.
Et qu’en est il de tous ces libanais qui ont trimé toute leur vie pour se mettre à l’abri des coups durs et dont leur économies et leurs retraites qui étaient censées alléger leurs enfants de la charge des parents ont été pillées par ces banques sans âme ni conscience pour gaver les mafieux de notre pays ainsi que leurs familles, amis et proches. Les enfants aussi ont tout perdu et ont pris la route de l’exode pour pallier aux besoins de leurs parents et des leurs. Ce pays est le refuge des voleurs qui l’ont gouverné uniquement dans le but de s’enrichir. Nous attendons la justice pour trancher
12 h 20, le 09 mai 2025