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« Depuis l’Orient, cette région où l’enfant n’a pas sa place » : la sélection de Nemtala Eddé

Chaque mardi, découvrez un nouveau membre de la rédaction et sa sélection d’articles à ne pas manquer.

« Depuis l’Orient, cette région où l’enfant n’a pas sa place » : la sélection de Nemtala Eddé

Septembre 1975. Un milicien se tient au milieu des ruines du centre des Lazaristes, à Beyrouth. Collection Georges Boustany

Chère lectrice, cher lecteur,

 Être secrétaire du Moyen-Orient contemporain, c’est tenir le carnet macabre d’une danse de morts. En fonctionnaire consciencieux, j’actualise les chiffres des massacres quotidiens de Palestiniens, récents d’alaouites, des bombardements sur le Liban, le Yémen ou la Syrie, ou des otages israéliens. Tout est chiffre sur le papier, tout est horreur au-dehors.

Gaza est le théâtre d’un spectacle infernal : deux millions de personnes, dont un million d’enfants, piégés dans un territoire exigu, rongé par les bombardements, un blocus et une « zone tampon » qui finira de le dévorer. 

Le petit enfant, allégorie de l’Amour, Dieu incarné dans la crèche, est là tétanisé, déplacé, mutilé, pulvérisé, jusqu’à être broyé dans le cimetière. Sa courte existence d’ange claudiquant se réduit à gonfler ce bilan de victimes à Gaza qui n’a plus aucun sens, si ce n’est la perte de notre humanité.  

Péché originel de l’Orient : on a loué Abraham, au lieu de pleurer Isaac. Je rêve que l’on me donne un jour à écrire un article « repère » sur une religion non-abrahamique, sacralisant le petit enfant.

Mais l’être qui devrait soumettre notre volonté par sa beauté propre, figure divine s’il en est, meurt pour le moment dans l’anonymat le plus complet. On ne l’entend plus, son rire qui fait croire aux cieux. Je le vois sur les images borgne, déchiqueté, brûlé, mort de faim - littéralement. Peu importe, la politique est affaire trop importante pour se laisser mouvoir par ce genre de considérations humaines, trop humaines pour cette région, où Moloch règne jalousement.  

Ah, une nouvelle « frappe », je vais aller actualiser le bilan. Au-delà des chiffres, j’ai compris que tout dans cette région n’était que froid calcul. Tout s’analyse et se décrypte, se réduisant à des intérêts égoïstes. L’« Orient compliqué » ne l’est que par son horreur. Une horreur dont, envers et contre tout, nous nous acharnons à être les scribes et témoins.

Voici ma sélection d’articles. 

Nemtala Eddé, journaliste


 L’instant où mon enfance s’est terminée

La photo lui a sauté au visage à l'approche du 13 avril 2025. Bientôt, elle aurait 50 ans. Un demi-siècle. Mais son odeur ne s'est pas estompée : cette photo, elle pue les lendemains de folie qui ont démoli l'enfance de Georges Boustany, puis son adolescence. Puis celles de ses enfants. Mais malgré les rancœurs, ce milicien, ce jour-là, lui a brisé le cœur.

Israël entame la réoccupation de Gaza

La politique de pression maximale d’Israël à l’encontre du Hamas s’accompagne d’une rhétorique de plus en plus crédible quant au déplacement forcé des Gazaouis hors de l’enclave. Le but : occuper au moins 25% du réduit palestinien, et le plus vite possible. L’idée d’un compromis semble, elle, devenue illusoire. Explications avec Clara Hage.

A. Chaftari, ancien responsable des FL : « Si vous me demandez, oui, j'ai tué toute l'humanité »

Assaad Chaftari a vingt ans quand la guerre éclate à Beyrouth. Issu d’une famille originaire d’Achrafieh, il s’engage avec les FL, pour défendre sa vision d'un Liban débarrassé de la présence palestinienne. Le 16 septembre 1982, il est là quand les combattants entrent dans Sabra et Chatila. Sauvé par la loi d'amnistie, il s’interroge aujourd'hui : comment demander pardon ? Clara Hage a recueilli son témoignage.

Palestiniens du Liban : de la montée en puissance au ghetto

Au sortir de la guerre civile libanaise, la figure du Palestinien est convoquée dans les discours politiques et médiatiques comme principal responsable de ces années de violences. Une hostilité qui atteint alors des sommets mais dont les origines sont lointaines. Le récit de Soulayma Mardam Bey.

Dans la zone tampon de Gaza, Israël a donné l’ordre de « tirer pour tuer »

Au niveau de la zone tampon de Gaza, « la frontière est une zone de mort. Quiconque franchit une certaine ligne, que nous avons définie, est considéré comme une menace et condamné à mort ». Sous couvert d’anonymat, plusieurs soldats israéliens ont livré leur témoignage à Breaking the silence sur la conduite de l’armée dans les territoires palestiniens. Clara Hage a lu le rapport, et vous le résume.

La guerre avant la guerre : les prémices du désastre libanais

Lorsqu’elle est convoquée, la mémoire d’avant-guerre est souvent réduite au mythe d’un âge d’or, une image d’Épinal, à jamais engloutie par la bascule du 13 avril.Occultée, méprisée, peut-être aussi réécrite, elle est pourtant la clé permettant de démêler la suite. Mais jusqu’où remonter ? Retour, avec Stéphanie Khouri, sur la « généalogie traumatique » liée au conflit libanais.

Chère lectrice, cher lecteur, Être secrétaire du Moyen-Orient contemporain, c’est tenir le carnet macabre d’une danse de morts. En fonctionnaire consciencieux, j’actualise les chiffres des massacres quotidiens de Palestiniens, récents d’alaouites, des bombardements sur le Liban, le Yémen ou la Syrie, ou des otages israéliens. Tout est chiffre sur le papier, tout est horreur au-dehors.Gaza est le théâtre d’un spectacle infernal : deux millions de personnes, dont un million d’enfants, piégés dans un territoire exigu, rongé par les bombardements, un blocus et une « zone tampon » qui finira de le dévorer. Le petit enfant, allégorie de l’Amour, Dieu incarné dans la crèche, est là tétanisé, déplacé, mutilé, pulvérisé, jusqu’à être broyé dans le cimetière. Sa courte existence d’ange...
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