À l’occasion des cinquante ans de la guerre civile libanaise, L’Orient-Le Jour vous fait découvrir les témoignages de ceux qui l’ont vécue, subie, observée de près. Ceux qui ont aimé, ri et grandi avec. Ceux aussi qui ont pris les armes dans un camp ou dans un autre. À travers ces histoires racontées à la première personne, le récit intime de quinze ans d’un conflit qui marquera des générations de Libanais par sa violence. Une mémoire souvent méprisée par crainte, sans doute, que l’étincelle ne jaillisse à nouveau.
Il est à noter que les propos exprimés dans cette série ne reflètent pas la position de L’Orient-Le Jour et n’ont pas vocation à fournir un récit historique infaillible. Nous avons tenu à ce que les personnes sollicitées livrent leur vision et leur ressenti subjectifs, avec la violence qu’ils comportent.
Épisode 1 :
Assaad Chaftari a vingt ans quand la guerre éclate à Beyrouth. Issu d’une famille originaire d’Achrafieh, il s’engage dans la milice chrétienne des Forces libanaises (FL) aux côtés de l’ancien président Bachir Gemayel. Numéro deux du renseignement phalangiste, il veut défendre sa vision du Liban, celle d’un pays guidé par des valeurs chrétiennes, débarrassé de la présence palestinienne et de ses soutiens au Liban. Le 16 septembre 1982, il est avec Élie Hobeika, ancien président des FL et responsable du massacre de Sabra et Chatila, quand les combattants chrétiens entrent dans le camp palestinien en banlieue de Beyrouth, sous les yeux de l’armée israélienne qui occupe la capitale. En deux jours, ils assassinent froidement entre 700 et 3500 civils. À la fin de la guerre, avec la loi d’amnistie soustrayant les chefs des milices libanaises à la justice pénale, Assaad Chaftari n’est pas tenu de rendre des comptes. Mais lorsqu’il se regarde dans le miroir, il voit un « monstre ». Alors il s’interroge : comment demander pardon ? A-t-il le droit à la repentance ?
Terrible . À montrer aux jeunes pour apprendre à découvrir et aimer l’autre avant qu’il ne soit trop tard. Bravo à cet homme courageux mais hélas combien parmi ses amis sont aujourd’hui au pouvoir et n’ont rien changé dans leurs pensées destructrices ?
10 h 59, le 09 avril 2025