Ce qu'il faut savoir ce vendredi
- Un milliard de dollars ont été récoltés jeudi à Paris pour le Liban.
- L’armée israélienne déclare possible « une fin décisive » au conflit avec le Hezbollah.
- Blinken va rencontrer Mikati à Londres vendredi.
- Nouvelles séries de frappes israéliennes nocturnes contre la banlieue sud de Beyrouth.
- Trois soldats libanais ont été tués jeudi ; trois journalistes tués par une frappe israélienne à Hasbaya, selon l'Ani.
Un milliard pour le Liban
La conférence pour le Liban, initiée par le président Emmanuel Macron, a permis de récolter, jeudi, un milliard de dollars pour les Libanais et leur armée, à défaut d'avancées diplomatiques. « Nous avons répondu à l'appel lancé par les Nations unies en annonçant des contributions substantielles, 800 millions de dollars auxquels s'ajoutent d'importantes contributions en nature », s'est félicité le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot. Quelque 200 millions seront, eux, destinés à l'armée libanaise. Sans compter les aides en nature. C'est le double de l'objectif initial de la France et bien plus que les 400 millions réclamés par l'ONU début octobre, dont elle n'avait jusqu'ici perçu que 15%, selon le Pnud.
Si le président Emmanuel Macron a exhorté à faire cesser « au plus vite » les hostilités au Liban, l'absence des deux principaux protagonistes, Israël et l'Iran, soutien du Hezbollah, hypothéquait d'emblée toute avancée significative au niveau diplomatique. Jean-Noël Barrot a néanmoins souligné que les participants, venant de 70 pays, s'étaient « accordés sur l'urgence d'une solution diplomatique », qui passe par la pleine mise en œuvre de la résolution 1701, « avec un arrêt des hostilités de part et d'autre de la frontière ». Tous les détails ici
Sur le front diplomatique
- Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken va rencontrer vendredi à Londres le Premier ministre libanais Nagib Mikati, a annoncé jeudi soir un responsable du département d'Etat.
- « Ce qui est discuté actuellement, c’est un accord pour un cessez-le-feu définitif, a affirmé le chef du Parlement, Nabih Berry, dans un entretien à Sky News Arabia. L’armée libanaise prendra en charge les mécanismes d’exécution de la résolution 1701 pour maintenir la stabilité. Nous restons attachés au rôle de la Force intérimaire de l’ONU (Finul) en tant que garante de l’application de cette résolution 1701 ». Et d’ajouter : « Nous commencerons à travailler à l’élection d’un président consensuel pour le Liban après le cessez-le-feu. Je me suis mis d’accord avec l’envoyé américain Amos Hochstein (au Liban mardi) sur l’application de la résolution 1701 sans aucune modification ».
- Les négociations doivent aussi reprendre sur le dossier de la guerre à Gaza. Israël prévoit en effet d’envoyer une délégation à Doha dimanche, qui comptera dans ses rangs le chef du renseignement extérieur israélien, David Barnea. Le dirigeant du Mossad se rendra au Qatar « pour une rencontre avec le chef de la CIA Bill Burns et le Premier ministre du Qatar », a indiqué le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans un communiqué. « Les parties discuteront des différentes options pour reprendre les négociations sur la libération des otages captifs du Hamas, à la suite des évènements récents », a-t-on ajouté de même source. Le bureau du Premier ministre israélien s’est d’ailleurs félicité du fait que l’Égypte s’apprête à proposer un projet d’accord de cessez-le-feu à Gaza.
Le Hamas, de son côté, « s'est montré prêt à un arrêt des hostilités » mais a exigé d'Israël un « engagement à un cessez-le-feu », un « retrait de la bande de Gaza » et un « accord sérieux pour un échange » des otages israéliens enlevés le 7 octobre et retenus à Gaza contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël, a indiqué un responsable du mouvement. Ces conditions, présentées lors de précédentes négociations indirectes, avaient été rejetées par Israël.
L’armée israélienne déclare possible « une fin décisive » au conflit avec le Hezbollah
Jeudi, le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi, a déclaré qu’Israël pouvait potentiellement parvenir à une fin décisive au conflit avec le Hezbollah. « Dans le nord, il existe une possibilité d’aboutir à une fin. Nous avons mis fin à la chaîne de commandement supérieure du Hezbollah de manière très approfondie », a déclaré Halevi lors d’une évaluation dans le nord de la bande de Gaza mercredi, dans une vidéo distribuée par l’armée israélienne.
« Rien ne m'arrêtera », avait déclaré, mercredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ajoutant : « Nous allons continuer jusqu'à la victoire ».
De son côté, le Hezbollah a publié une vidéo dans laquelle il remercie ses partisans pour ce qu’ils ont enduré depuis le début des combats et assure que la « victoire » des combattants du parti contre Israël était proche. « Endurez encore un peu, et si Dieu le veut, nous nous réunirons bientôt sur les places », pouvait-on notamment entendre.
Soldats libanais tués
Jeudi à l’aube, dans la localité de Yater, dans le caza de Bint Jbeil, trois militaires libanais dont un officier ont été directement visés par une frappe aérienne israélienne. Vingt-deux soldats libanais ont été tués par Israël depuis le début de la guerre au Liban : 12 alors qu'ils étaient postés au Liban-Sud et 10 autres dans leurs domiciles ciblés par les bombardements israéliens. Un bilan lourd en dépit du fait que l'armée libanaise ne participe pas aux combats. Tous les détails ici
Journalistes tués
D'après l'Agence nationale d'information, une frappe israélienne a tué trois journalistes à Hasbaya, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Beyrouth. La chaîne pro-iranienne al-Mayadeen a annoncé le mort d'un de ses cameramen, Ghassan Najjar, dans cette frappe qu'elle a qualifiée de « délibérée contre une résidence de journalistes ». Selon Reuters, les trois journalistes tués sont un caméraman et un technicien travaillant pour al-Mayadeen et un caméraman travaillant pour al-Manar, la chaîne affiliée au Hezbollah.
La chaîne pro-iranienne al-Mayadeen avait affirmé, mercredi, qu’un de ses bureaux dans un quartier du sud de Beyrouth avait été touché. La chaîne al-Manar avait également annoncé la mort d’un de ses caméramans, Ali el-Hadi Yassine, dans une frappe israélienne. Selon les informations à notre disposition, Ali Yassine a été tué dans une des frappes sur la banlieue sud de Beyrouth.
Échauffourées à Afqa entre déplacés et police autour de constructions illégales
Des échauffourées, dont les images ont circulé sur les réseaux sociaux, ont opposé jeudi à Afqa, un village sur les hauteurs de Jbeil, des déplacés chiites fuyant l'offensive israélienne en cours aux Forces de sécurité intérieure (FSI), autour de constructions illégales ou sur des territoires disputés, selon l'ancien député de Jbeil Farès Souhaid, que L'Orient-Le Jour a interrogé. Contactée également, une source officielle a, elle, précisé, sans entrer dans les détails, que les FSI ont démoli « certains empiétements » sur des terrains privés, à savoir des constructions entreprises par des individus sur des parcelles qui ne leur appartiennent pas. Tous les détails ici
Sur le terrain
- La banlieue sud de beyrouth, de même que Choueifate el-Amrousiyyé ou encore le quartier Sainte Thérèse, à Hadath, ont été visé par treize violentes frappes israéliennes.
- Le Hezbollah a affirmé jeudi que ses combattants « étaient engagés dans des combats violents » avec des soldats israéliens à Aïta el-Chaab, dans le caza de Bint Jbeil, précisant que ces affrontements se déroulaient « à bout portant ». Le village d’Aïta el-Chaab, dominant les environs du caza de Bint Jbeil, a déjà été le théâtre de plusieurs combats entre le Hezbollah et l’armée israélienne.
Le Hezbollah a également affirmé avoir pris pour cible des soldats israéliens à l’est de Aïtaroun (Bint Jbeil), sur le territoire libanais, avec des roquettes et des tirs d’artillerie. Il s’agit d’un nouveau front ouvert par l’armée israélienne mercredi. Il ajoute avoir attaqué des unités de l’armée israélienne avançant entre les localités de Adaïssé, Rab el-Thalathine et Taybé avec « des tirs de fusils-mitrailleurs et de roquettes », obligeant les soldats israéliens à « se replier ». Le Hezbollah a également revendiqué des tirs de roquettes sur trois grandes villes du nord d’Israël : Haïfa, Safed et Nahariya.
- De son côté, l’armée israélienne a poursuivi ses frappes. Un raid de drone a ciblé une voiture sur la route de Kahalé-Dahr el-Wahch, à Aley, tandis qu’une frappe a visé les hauteurs de Jbeil, au nord de Beyrouth, dans la région du village chiite d’Aalmat. Le missile s’est abattu dans une zone boisée et inhabitée, provoquant un incendie. Une frappe de drone israélien a également ciblé Bourj Qalaway, dans le caza de Bint Jbeil. Ce tir, qui a touché une moto, a coûté la vie à Hassan Mreyti, le moukhtar du village, selon des habitants.
En outre, une personne a été tuée et une autre blessée par une frappe de drone sur une mobylette, près d’un site archéologique de Tyr, et une frappe à Jouwaya a fait deux morts.
- Tout au long de la journée, de nombreux villages du Liban-Sud ont été sous le feu de l’artillerie ou de l’aviation israéliennes, notamment Kfar Kila, Khiam, Majdel Selm, Houla (Marjeyoun), Aïtaroun, Tebnine, Marwahine, Kfar Dounine, Ramiyé (Bint Jbeil) et Kfar Tibnit (caza de Nabatiyé). D’autres localités comme Chéhabiyé, Deir Kanoun el-Nahr, Majdel Zoun, Jibbein, Tayr Harfa, Jouwaya et Mansouri (Tyr), ainsi que Kfarchouba (Hasbaya), ont également été touchées. Dans le caza de Saïda, les villages de Ansariyé, Anqoun et Bnaafoul ont subi des frappes, et un centre commercial situé sur la route principale au centre de Baysariyé a été détruit. Des tirs d’obus au phosphore blanc ont été signalés à la périphérie de Taybé.
- Dans la Békaa, une frappe israélienne sur Khodor, une bourgade près de Baalbeck, a tué 7 personnes, dont trois soeurs, et fait 14 blessés. Cinq personnes ont été tuées et deux ont été blessées lors d’une frappe aérienne sur Hellaniyé, à l’est de Baalbeck.
Le Hezbollah est « le plus grand défenseur du Liban »
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a affirmé jeudi que le Hezbollah, soutenu financièrement et militairement par Téhéran, était « le plus grand défenseur du Liban et le plus grand bouclier contre l'avidité du régime sioniste, qui vise depuis longtemps à la désintégration du Liban ». L'ayatollah Ali Khamenei réagissait dans un communiqué à la confirmation mercredi par le Hezbollah de la mort de Hachem Safieddine, pressenti pour diriger le mouvement après la mort de Hassan Nasrallah dans un bombardement israélien fin septembre. L'armée israélienne a annoncé avoir « éliminé » début octobre Hachem Safieddine dans une frappe près de Beyrouth.