Des échauffourées, dont les images ont circulé sur les réseaux sociaux, ont opposé jeudi à Afqa, un village sur les hauteurs de Jbeil, des déplacés chiites fuyant l'offensive israélienne en cours aux Forces de sécurité intérieure (FSI), autour de constructions illégales ou sur des territoires disputés, selon l'ancien député de Jbeil Farès Souhaid, que L'Orient-Le Jour a interrogé. Contactée également, une source officielle a, elle, précisé, sans entrer dans les détails, que les FSI ont démoli « certains empiétements » sur des terrains privés, à savoir des constructions entreprises par des individus sur des parcelles qui ne leur appartiennent pas.
Avant même le début de la guerre entre Israël et le Hezbollah en octobre 2023, les hauteurs de Jbeil, où se trouvent des villages chiites et chrétiens, ont souvent été le théâtre de tensions intercommunautaires autour de litiges territoriaux.
Depuis l'intensification de l'offensive israélienne le 23 septembre et l'important déplacement de populations qui s'en est ensuivi, « de 20 à 25 000 » déplacés chiites originaires de la région, et qui habitaient auparavant la banlieue sud de Beyrouth, pilonnée par l'armée israélienne, sont retournés dans leurs villages d’origine, selon Farès Souhaid. « Des déplacés tentent aujourd’hui de construire soit sur des terrains qui restent contestés, soit sur leurs terrains mais sans aucun permis de construire », poursuit l'ancien député, farouche opposant au Hezbollah. Pour lui, il était donc primordial que les autorités soient alertées sur ces abus présumés. Mais cette prise de position semble mal perçue par les déplacés.
Vers un arrangement
Un habitant de confession chiite affirme à L'OLJ que le face-à-face avec la police résulte du fait que des déplacés du quartier de Laylaki (dans la banlieue sud de Beyrouth) ont voulu s'installer sur des terres appartenant à d’autres personnes du village. « Les propriétaires de ces parcelles ont donc fait appel à l'État pour récupérer leurs terres. Les autorités ont donné aux nouveaux-venus un délai de 15 jours pour évacuer les lieux. Quand ce délai a expiré, les FSI se sont rendues à Afqa pour exécuter cet ordre. »
Le président du conseil municipal du village, Abbas Ali Zeaïter, livre une autre version. S'il reconnaît que sa bourgade a accueilli un grand nombre de déplacés de la banlieue sud, dont « 2 400 personnes » qui ne sont pas originaires du village, il affirme que « les constructions contestées sont au nombre de quatre et ont été érigées par des personnes de la famille Zeaïter, originaires du village, sur des terrains qui leur appartiennent », tout en reconnaissant que ces constructions ont été faites à la hâte et sans les permis nécessaires.
En réponse aux accusations de Farès Souhaid au sujet de terrains contestés, M. Zeaïter fait référence à une ambiguïté cadastrale ancienne et non réglée : « Ces terrains appartiennent bien, individuellement, à ces personnes de la famille Zeaïter, mais cadastralement, ils sont placés dans le cadre du village (chrétien, NDLR) de Ghabate. » Il assure ensuite que « l’affaire est devant la justice et se dirige probablement vers un arrangement ». L'élu précise avoir convenu avec Farès Souhaid d’attendre la parole du juge, mais ne cache pas sa colère contre les autorités politiques : « Depuis le 23 septembre, personne n’a fourni à ces déplacés ne serait-ce qu’un matelas. Par contre, ils viennent démolir des maisons ! »
Risques de troubles à venir ?
Outre ce clash ponctuel, Farès Souhaid craint que certains déplacés ne soient tentés par une « occupation » des demeures inhabitées dans les villages des hauteurs de Jbeil, une fois que le froid les poussera à vouloir se loger coûte que coûte. « Nous avons contacté les autorités chiites de la région pour les avertir du risque, et sommes arrivés à un modus vivendi suivant lequel si les lois ne sont pas appliquées, nous refuserons l’occupation des propriétés privées qui sont, elles, protégées par la loi », explique l'ex-député. Il affirme aussi avoir alerté l’armée, le ministère de l’Intérieur et toutes les autorités compétentes.
Pour Abbas Ali Zeaïter toutefois, il n’y a pas de craintes à avoir à ce niveau-là : « Tous les déplacés dans la région de Jbeil ont loué des biens pour se loger. Ils rentreront chez eux dès que le conflit sera terminé. Il n’y a aucun danger d’occupation illégale de biens. Ni notre religion ni nos partis ne nous enseignent pareils comportements et la coexistence a toujours marqué la vie à Jbeil. »
Je suis consterne a la lecture des reactions confessionnelles -racistes de certain lecteurs. C'est cela que l'OlJ devrait censurer, plutot que les propos qui traitent la canaille de l'etat par le nom de "canailles".
23 h 15, le 25 octobre 2024