«Le Liban est toujours plus grand que lui-même »…
Combien faut-il avoir de l’empathie pour le pays du Cèdre, faire partie du club ultra-restreint des initiés, comprendre la sève qui coule dans cette terre, pour pouvoir dire de tels mots.
Emmanuel Macron a récidivé hier, à l’ouverture à Paris de la conférence internationale qu’il a voulue et initiée pour venir en aide au Liban dans sa tragédie en cours. Comme après la double explosion du port de Beyrouth, en août 2020, le président français s’est pleinement investi en faveur de cette cause. La réunion s’est achevée sur une enveloppe d’un milliard de dollars, 800 millions en aide humanitaire urgente et 200 millions en fonds supplémentaires au profit des forces armées libanaises. Un indiscutable succès donc, malgré des attentes initiales modestes du fait de la difficulté pour la diplomatie française de pouvoir peser sur les décisions militaires des acteurs du drame.
Dans la bouche du locataire de l’Élysée, ces acteurs en prennent tous pour leur grade : « Je regrette amèrement que l’Iran ait engagé le Hezbollah contre Israël alors que l’intérêt supérieur du Liban commandait qu’il se tienne à l’écart de la guerre de Gaza. Je regrette qu’Israël poursuive ses opérations militaires au Liban et que le nombre de victimes civiles continue d’augmenter. La nécessité demeure que le Hezbollah mette fin à ses attaques contre Israël quel qu’en soit le prétexte. Quant à Israël, il sait d’expérience que ses succès militaires ne sont pas forcément une victoire au Liban. » Ces quelques phrases ne résument-elles pas à merveille le sentiment d’une grande partie des Libanais ?
Au-delà de la question de l’impact de ces mots sur les protagonistes, et au-delà aussi de la manne financière promise, à laquelle ont contribué de nombreux pays et organisations, force est de constater que l’action de la France au bénéfice du Liban n’a pas d’équivalent. Beyrouth compte encore quelques amis dans ce monde, fort heureusement. Mais, en ce moment précis, au vu de la sympathie quasi universelle exprimée à l’égard de l’État hébreu dans son action contre le Hezbollah, on verrait difficilement des dirigeants d’autres puissances mondiales, même ceux qui ne portent pas Benjamin Netanyahu dans leur cœur, tenir des propos aussi prolibanais que l’a fait le président français.
Et pour cause : le Hezbollah a réussi son affaire à un point tel qu’il a même suscité l’union sacrée de tous les Israéliens autour de leur Premier ministre, naguère vivement contesté par un pan entier de la société israélienne. Pour M. Netanyahu, c’est un véritable triomphe, que Gaza est loin de lui avoir apporté. Sans parler de la sympathie nouvelle d’une partie non négligeable de la jeunesse des pays occidentaux à l’égard de la cause palestinienne. Où sont-ils passés, ces jeunes, dès lors qu’il s’est agi du Liban ? Qui, à Columbia ou ailleurs, est assez naïf pour associer la cause du Hezbollah et de Téhéran à celle de la Palestine ?
Une « fidélité jamais démentie » : voilà comment Emmanuel Macron fonde sa politique libanaise. Une politique qui consistera – il l’a encore une fois promis – à soutenir l’éducation et les écoles au Liban : peut-être la plus belle œuvre que la France ait jamais accomplie au pays du Cèdre. Et puis ce vibrant hommage aux forces armées libanaises, ultime institution à rester encore plus ou moins debout : « Nous pouvons leur faire confiance »…
Cela ne sonne-t-il pas mieux que le nébuleux triptyque « armée-peuple-résistance » qui nous a menés où nous sommes ?
Quoiqu'on dise, quoiqu'on pense, c'est bien a la France, et a la France uniquement, que nous devons notre bonne education et notre profond sens des valeurs. Un grand merci au President Macron d'essayer de continuer a contribuer a nous remettre sur de meilleures voies nouvelles.
18 h 29, le 28 octobre 2024