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Nos Lecteurs ont la Parole

Corriger les relations du Liban avec l’étranger

Le Liban est un petit pays sous l’influence de pays plus grands et plus puissants.

À ce jour, les forces dites souverainistes, qu’elles soient authentiques ou pas, continuent de suivre une politique spécifique envers le monde extérieur afin de recouvrer la souveraineté, l’indépendance et la liberté du pays du Cèdre.

On pourrait résumer les axiomes et principes de base sur lesquels repose cette politique comme suit :

1- Le Liban, de par sa nature, sa géographie et son multiculturalisme, est attaché aux valeurs suivantes : les libertés dans tous les domaines, le système démocratique, la Charte des droits de l’homme... En un mot, il est attaché à toutes les valeurs dont les pays occidentaux se réclament, même s’ils les appliquent de manière sélective.

2- Le Liban appartient au monde arabe et est membre fondateur de la Ligue des États arabes.

3- Pour préserver sa nature et affronter les puissances régionales qui visent à le contrôler, les dits souverainistes ont adopté une politique de résistance et, simultanément, ont fait un travail de lobbying pour obtenir le soutien des pays occidentaux et des pays arabes amis du Liban dans l’attente que les intérêts de ces pays (ou plutôt ceux qui y détiennent le pouvoir) s’accordent avec les leurs. C’est ce qui s’est produit, par exemple, lorsque la Syrie des Assad s’est retrouvée dans une situation critique et a dû lever son occupation du Liban en 2005.

Cependant, la scène internationale arabe et régionale vit aujourd’hui une situation chaotique qui présagerait d’un changement drastique et stratégique des équilibres et des orientations des pays et des entités.

Généralement, force est de constater que l’Occident vit dans un état de laxisme et pratique souvent le contraire des valeurs qu’il a toujours prônées. Cela est dû, d’une part, à la mondialisation et, de l’autre, du fait que le capital mondialisé oriente les décisions des dirigeants de ses pays, et ce dans le but de servir ses propres intérêts et d’augmenter ses profits.

C’est ce que nous avons constaté dans la guerre russo-ukrainienne, au cours de laquelle Washington a fourvoyé les pays européens membres de l’OTAN dans ce conflit contre les intérêts de leurs peuples, laissant le Moyen-Orient (la région la plus dangereuse du monde) en pâture à la République islamique d’Iran.

Avec le Déluge d’al-Aqsa, elle a dû se précipiter au secours d’Israël, délaissant pratiquement l’Ukraine à son misérable sort face à la Russie et laissant les pays européens pantois.

Il ne fait aucun doute que les États-Unis ont atteint l’apogée de leur puissance au début des années quatre-vingt-dix du XXe siècle, après l’effondrement de l’Union soviétique et du pacte de Varsovie. Washington était alors la nouvelle Rome au faîte de sa puissance. Elle imposa un nouvel ordre mondial, à savoir sa suprématie sur le monde entier : États, peuples, entités.

Entre-temps, la Chine, faisant profil bas, a travaillé en silence au développement de son économie. Aujourd’hui, le PIB chinois a atteint le chiffre de 17 963,17 milliards de dollars américains pour l’année 2023, selon les statistiques de la Banque mondiale, ce qui équivaut à environ 70,50 % du PIB américain pour la même année.

Le taux de croissance de l’économie chinoise étant supérieur à celui des États-Unis, Washington a placé la confrontation avec la Chine au sommet de ses priorités en matière de politique étrangère.

La Chine s’est abstenue de jouer un rôle politique direct sur la scène internationale jusqu’au 10 mars 2023, date à laquelle Pékin a parrainé l’accord saoudo-iranien.

Jusqu’à cette date, la Chine se contentait de développer son rôle économique sur la scène internationale : « La Ceinture et la Route » (la nouvelle Route de la soie), l’association Brics, le groupe de Shanghai, créant ainsi de solides liens avec tous les pays qui n’appartiennent pas au camp occidental ou qui ont commencé à prendre leur distance de l’Occident, autrement dit ce qu’on a coutume d’appeler le « Sud global ».

On a ainsi vu le royaume d’Arabie saoudite (RAS) diversifier ses relations internationales après avoir réalisé que le monde était en pleine mutation et que l’équation « la protection américaine versus le flux du pétrole » était devenue caduque. Le RAS a pratiquement fait son entrée dans le « Sud global » sans toutefois nuire à ses relations avec l’Occident. C’est un exemple à suivre.

Cependant, le Liban ne dispose pas des énormes ressources du RAS pour se permettre de rentrer tout de go dans le « Sud global », d’autant plus qu’il est sous occupation iranienne via le Hezbollah et souffre de problèmes dans sa structure sociopolitique qui est à l’origine d’une corruption endémique. Ohanes Pacha Kouyoumjian, le dernier gouverneur du Mont-Liban l’a bien décrite. Selon lui, cette structure est un « mélange hybride de féodalisme aryen et de tribalisme sémite ».

Le courant souverainiste ne peut pas affronter le Hezbollah par la force militaire (approche qui devrait d’ailleurs être bannie en raison de sa dangerosité pour le Liban). Il doit donc abandonner l’idée de s’appuyer exclusivement sur l’Occident en difficulté, dont les intérêts le poussent à traiter avec les forces dominantes du pays (c’est-à-dire le Hezbollah) et qui ne voit dans le courant souverainiste qu’un outil qu’il peut utiliser tactiquement pour exercer des pressions et réaliser ainsi ses propres intérêts. Se faisant, l’Occident transforme tout simplement nombre de composantes du courant souverainiste en agents.

Pour que les forces vives du Liban soient performantes et efficaces dans la réalisation du salut de leur pays, elles doivent nécessairement s’ouvrir sur le « Sud global ».

Ainsi, pourquoi refuserait-on par exemple une offre « alléchante » de la Chine pour le réaménagement du port de Beyrouth ou de Tripoli ?

De même pour la Russie. Pourquoi repousserait-on une éventuelle proposition pour l’achat de matériel militaire à un prix attractif ou encore un don, comme cela s’est produit sous le mandat du président Michel Sleimane ?

Certes, cela nécessite l’organisation des forces souverainistes authentiques au sein d’un rassemblement doté d’une feuille de route claire pour réaliser le salut du Liban et l’extirper de la situation tragique qu’il traverse, et ce dans une double perspective : lever l’occupation iranienne du Liban et y éradiquer la classe politique voyou et corrompue.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Le Liban est un petit pays sous l’influence de pays plus grands et plus puissants.À ce jour, les forces dites souverainistes, qu’elles soient authentiques ou pas, continuent de suivre une politique spécifique envers le monde extérieur afin de recouvrer la souveraineté, l’indépendance et la liberté du pays du Cèdre.On pourrait résumer les axiomes et principes de base sur lesquels...

commentaires (2)

Votre analyse va dans la bonne direction, à savoir que le Liban devrait diversifié ses relations internationales. Deux points: le postulat que le Liban est dominé par le hizb Iranien est un non lieu, puisque toutes les institutions Libanaises, à commencer par l'armée, et finir par la BDL dependent exclusivement des USA. Deuxième point, cette doctrine "sacrée " que le Liban doit toujours être collé aux pays Arabes nuit à son image, et à son ouverture au monde de l'économie globale, puisqu'il est le maillon faible des pays Arabes. Oui, le Liban devrait devenir une plate-forme internationale.

Raed Habib

13 h 42, le 21 mars 2024

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Commentaires (2)

  • Votre analyse va dans la bonne direction, à savoir que le Liban devrait diversifié ses relations internationales. Deux points: le postulat que le Liban est dominé par le hizb Iranien est un non lieu, puisque toutes les institutions Libanaises, à commencer par l'armée, et finir par la BDL dependent exclusivement des USA. Deuxième point, cette doctrine "sacrée " que le Liban doit toujours être collé aux pays Arabes nuit à son image, et à son ouverture au monde de l'économie globale, puisqu'il est le maillon faible des pays Arabes. Oui, le Liban devrait devenir une plate-forme internationale.

    Raed Habib

    13 h 42, le 21 mars 2024

  • L'economie chinoise est en declin.

    M.J. Kojack

    13 h 55, le 20 mars 2024

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