Rechercher
Rechercher

Politique - Exécutif

Pas de nomination d’inspecteurs douaniers : le gouvernement évite une secousse

« Je ne peux pas permettre un gros schisme pour une telle question », explique Nagib Mikati à « L’OLJ ».

Pas de nomination d’inspecteurs douaniers : le gouvernement évite une secousse

Le Conseil des ministres réuni au Sérail, le 19 mars 2024. Photo fournie par le bureau de presse du Premier ministre sortant, Nagib Mikati

Le gouvernement sortant l’a, une fois de plus, échappé belle. Réuni mardi sous la houlette du Premier ministre, Nagib Mikati, le cabinet n’a pas approuvé la nomination de 234 inspecteurs douaniers. Un point figurant à l’ordre du jour de la réunion, mais qui a finalement été reporté pour plus d’étude. Une façon pour M. Mikati d’éviter une secousse inopportune de son cabinet qui gère le pays seul en cette période de vacance présidentielle. D’autant que les inspecteurs douaniers concernés sont tous musulmans. De quoi contrarier le Courant patriotique libre de Gebran Bassil (qui boude le cabinet sortant depuis décembre 2022) et qui fait du « partenariat équitable au sein de l’État » son cheval de bataille. Sauf que le leader aouniste n’est pas seul dans ce combat. Il y a aussi les ministres chrétiens qui avaient décidé, avant la réunion, d’empêcher le gouvernement sortant de procéder à des nominations en l’absence d’un président de la République.

C’est probablement à la lumière de cette décision que le Premier ministre a préféré retirer de l’ordre du jour le point portant sur les inspecteurs douaniers. « Je ne peux pas permettre un gros schisme au niveau du pays pour une question de désignation de fonctionnaires », commente M. Mikati à L’Orient-Le Jour. Pourtant, le même cabinet avait nommé, contre la volonté du CPL, mais avec le feu vert des Marada de Sleiman Frangié, l’officier Hassane Audi (druze) au poste de chef d’état-major de l’armée en février dernier. « Le problème n’est pas dans le principe de la nomination, mais dans le fait de procéder à des nominations monochromes », précise M. Mikati dans une référence au fait que ce sont 234 musulmans (dont 119 chiites et 115 sunnites) qui allaient être nommés.

Lors du Conseil des ministres, il avait affirmé qu’il n’autoriserait pas l’exploitation de cette question par quelque partie que ce soit à des fins populistes ou pour marquer des points. Il a appelé « tout le monde à aborder la question de manière objective » et à ne pas l’exploiter à des « fins sectaires ». « Je tiens à traiter ce sujet avec le souci de préserver l’unité nationale et d’éviter tout conflit au sein du Conseil des ministres, d’autant plus que cette question a des implications confessionnelles. J’ai donc demandé une étude approfondie », a-t-il dit.

Bassil en colère, Makari contre-attaque
« Si le gouvernement sortant, amputé et non conforme au pacte national, nomme, en l’absence du président de la République, 234 inspecteurs douaniers dont ne fait partie aucun chrétien, cela signifie qu’ils (les parrains du cabinet) veulent marginaliser les chrétiens », avait écrit Gebran Bassil sur son compte X quelques heures avant la réunion gouvernementale, en faisant assumer la responsabilité aux ministres chrétiens. « En sont responsables aussi les partis politiques de ces ministres et les protagonistes qui font partie du cabinet ou qui lui assurent la couverture politique, le tandem Amal-Hezbollah en tête », a encore dit M. Bassil. Le chef du CPL a également épinglé « les députés qui refusent d’apporter leur contreseing à la pétition visant à poursuivre le gouvernement devant le Haut Conseil chargé de juger les présidents et les ministres (élaboré en février dernier par le CPL). « Cette décision, ainsi que le fait d’empêcher l’élection d’un président conforme au pacte national, adresse un message aux chrétiens : “Nous ne voulons de vous que si vous vous pliez à nos conditions” », a-t-il encore dit. « Gebran Bassil est le dernier de mes soucis », rétorque M. Mikati à L’OLJ.

Le ministre sortant de l’Information, Ziad Makari (Marada), a été beaucoup plus explicite. Prié par une journaliste de réagir à la prise de position de M. Bassil, le ministre a donné une réponse incendiaire : « Puisqu’il nous considère comme un gouvernement illégal, qu’il arrête de nous envoyer des articles liés aux ministères à la tête desquels se trouvent ses proches pour qu’ils soient adoptés. Il (le CPL) ferait mieux de participer aux Conseils des ministres. Parce que le contraire est une preuve d’un manque de sens des responsabilités. » « Bravo. C’est très bien. C’est le meilleur moyen pour (le chef des Marada) Sleiman Frangié de récolter nos voix pour la présidentielle », a commenté Martine Najm Koteily, vice-présidente du CPL pour les affaires politiques.

Lire aussi

Bassil s’érige de nouveau en « gardien du temple » chrétien

Selon les informations de L’OLJ, une des trois membres du Conseil supérieur des douanes (CSD), Gracia Azzi, réputée proche des Forces libanaises, était la seule à s’opposer aux résultats du concours visant à pourvoir aux postes vacants au sein de cette institution. Et comme pour contourner le problème, le Conseil des ministres a accordé audience à Rima Makki, également membre du CSD, qui a expliqué les besoins des douanes. L’occasion pour le ministre sortant du Tourisme, Walid Nassar, de demander des données chiffrées sur les effectifs des fonctionnaires des douanes et l’organisation d’un nouveau concours d’entrée (au lieu de celui de 2020) en modifiant les critères de sélection de manière à respecter les équilibres confessionnels. L’examen du sujet a donc été reporté sine die. Ce qui a valu au cabinet les félicitations d’Assaad Dergham, député aouniste. « Revenir sur ses erreurs est une bonne chose », a-t-il écrit sur X. 

Le gouvernement sortant l’a, une fois de plus, échappé belle. Réuni mardi sous la houlette du Premier ministre, Nagib Mikati, le cabinet n’a pas approuvé la nomination de 234 inspecteurs douaniers. Un point figurant à l’ordre du jour de la réunion, mais qui a finalement été reporté pour plus d’étude. Une façon pour M. Mikati d’éviter une secousse inopportune de son...

commentaires (4)

« Le feu vert des Marada » . Quel courage pousse ce parti unipare et de surcroît exigeant à s’imposer sur la scène politique.

Hitti arlette

16 h 13, le 20 mars 2024

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • « Le feu vert des Marada » . Quel courage pousse ce parti unipare et de surcroît exigeant à s’imposer sur la scène politique.

    Hitti arlette

    16 h 13, le 20 mars 2024

  • Fidèle à lui même le gendron vocifère et proteste avec de simples tweets pour montrer aux convaincus de son bord son patriotisme emprunté. N’est ce pas lui qui a oeuvré à ruiner notre pays pour l’offrir à ses alliés sans partage ni conscience pour des fins strictement mercantiles et personnelles en se voyant déjà dans le fauteuil. Ça n’est qu’une fois évincé et rejeté par ces derniers et son espoir douché qu’il s’est trouvé une fibre patriotique à peine simulée pour nous convaincre de son honnêteté politique qui ne trompe plus personne. Hier encore il se disait prêt à suivre Berry non?

    Sissi zayyat

    11 h 42, le 20 mars 2024

  • Mr Bassil, vous avez vous et votre beau-père marginalise depuis longtemps les chrétiens en vous associant avec le Hizbollah. Mr Mikati, ne rêvons pas, vous ne gérez pas du tout le pays, vous êtes le valet du tandem chiite!

    CW

    06 h 39, le 20 mars 2024

  • Qu’est-ce qu’on s’en fout qu’ils soient musulmans, chrétiens, athées, hommes, femmes, ou hermaphrodites?… L’essentiel est qu’ils soient compétents, patriotes, et surtout incorruptibles…

    Gros Gnon

    05 h 35, le 20 mars 2024

Retour en haut