Le Liban a envoyé, il y a deux jours, la réponse officielle aux protestations syriennes concernant la présence de tours de surveillance à la frontière entre les deux pays et leur fonction exacte, formulées en février dernier. Dans sa missive, le Liban a indiqué que les autorités respectent totalement la souveraineté de la Syrie et que les militaires libanais ne font qu’accomplir leur mission consistant à empêcher les opérations d’infiltration à travers la frontière et la contrebande.
Le 18 février, le ministère syrien des Affaires étrangères a protesté, dans une lettre envoyée à son homologue libanais, contre l’édification, en 2014, de ces tours à la frontière entre les deux pays. Financées à l’époque par le gouvernement britannique qui a également procuré la formation nécessaire aux militaires libanais, ces édifices adjacents à des postes de l’armée libanaise sont principalement destinés à mieux contrôler une frontière poreuse de 370 kilomètres de long. « Ces miradors sont équipés de caméras sophistiquées et sont dirigés par des officiers libanais et britanniques. Sauf que ces caméras de surveillance sont à leur tour surveillées par des caméras tierces qui y sont incorporées et directement reliées à l’ambassade du Royaume-Uni », dénonçait la Syrie dans sa note, dont L’Orient-Le Jour avait pu consulter des extraits.
Dans sa réponse, formulée en concertation avec l’armée, la diplomatie libanaise a rassuré le régime syrien sur ce point, soulignant que la fonction des miradors consiste à contrôler la frontière, ajoutant qu’ils ont été érigés avec l’aide de plusieurs États amis et qu’ils « sont gérés par l’armée libanaise exclusivement », comme l’indique à notre journal une source proche de l’institution militaire. L’armée libanaise a assuré qu’elle surveille la frontière afin d’empêcher l’infiltration de terroristes, le trafic humain, la contrebande de drogue et l’introduction d’armes des deux côtés de la frontière.
« Il n’y a absolument aucun étranger sur les lieux. Les données recueillies sur place sont collectées par l’armée libanaise uniquement », avait indiqué à L’OLJ une source proche de l’armée au moment de la réception de la lettre. « Quant au prétexte avancé selon lequel ces miradors seraient destinés à surveiller tout mouvement en Syrie, il ne tient pas la route, surtout en présence de satellites de surveillance et des nouvelles technologies d’espionnage aux mains de certains États », avait ajouté la source.
Dans sa réponse à caractère éminemment technique, l’institution militaire a précisé que les équipements en présence « sont uniquement reliés au commandement de l’armée, tout comme les caméras installées sur les tours qui ne donnent une visibilité que sur le territoire libanais et non syrien ». Les tours de surveillance qui se trouvent dans une région géographique isolée servent par ailleurs à assurer la sécurité des militaires présents dans des conditions climatiques souvent difficiles, précise la lettre, dans laquelle il est rappelé que l’armée a déjà organisé des visites sur place pour les journalistes pour leur montrer le fonctionnement de ces tours.
Dimanche dernier, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, avait estimé que l’opposition exprimée par Damas aux tours de surveillance était motivée par l’inquiétude du régime de Bachar el-Assad sur la pérennité du trafic de drogue qu’il parrainerait. « L’objection syrienne aux tours érigées par le Liban sur son territoire est liée à la capacité de surveiller la contrebande de drogue du régime de Damas, qui est devenu le plus important trafiquant de la région », avait souligné M. Geagea dans un communiqué. « Si la demande du gouvernement syrien est révélatrice de quelque chose, c’est bien des intentions de ses responsables. Malgré tout ce qui s’est passé en Syrie, son régime affiche toujours une attitude hostile et négative à l’égard du Liban », avait-il critiqué.
commentaires (5)
Toutefois,Les frontières demeurent hyper poreuses . Faudrait les tripler !
Wow
12 h 59, le 20 mars 2024