Quelques semaines à peine après avoir fait la fine bouche face aux doléances des députés orphelins du fiston Hariri, voilà que l’Ancêtre haut-perché du Parlement se la ramène avec des envies de présider leur verbiage autour de l’improbable présidentielle. D’ailleurs il présiderait n’importe quoi, Istiz Nabeuh, même un syndic d’immeuble délabré dans son caillou de Msaïleh, alors pourquoi pas meubler le néant avec les copains du Mollasson en cavale sous les palmiers !
Beaucoup trop payé pour ce qu’il fait mais pas assez pour ce qu’il s’emmerde, Papy Nabeuh prépare déjà sa table de dialogue au format piste d’aéroport, la vieille nappe blanche constellée des postillons et glaviots issus des bavardages précédents, ainsi que les chrysanthèmes rassemblés en bouquets pour illustrer la bérézina qui s’annonce au Liban-Sud. Ne reste plus qu’à planter le fanion au sapin et rameuter les chefs de tribu pour la pose finale. La ficelle est grosse, mais la farce médiatique fonctionne.
Tout n’est finalement qu’une question de temps. Et au Liban, le temps s’écoule peinard comme le jus qui suinte d’un sac-poubelle. Faut dire que chez nous, la notion de temps est très aléatoire. Mais bon, il n’est jamais trop tard pour être en retard. Tant et si bien d’ailleurs que Jean-Yves Le Drian pense sérieusement à renvoyer ce joli petit monde sur les roses et laisser les Koullounas se dépatouiller tous seuls, le purin jusqu’au cou. Bof, le quintette d’ambassadeurs et les bonnes âmes de l’ONU continueront de faire tapisserie auprès des uns et des autres, mais ce sera juste pour la galerie, question de faire mousser leurs interlocuteurs. Mais à ce stade, la messe est dite : les dents des poules qui verront ce jour béni d’une élection présidentielle n’ont pas encore percé.
Au cœur de ce landernau assoupi, les autres ectoplasmes de la politique se croient obligés pour la circonstance de prendre la mine compassée de ceux qui sont inquiets pour l’avenir du Liban, tout en agissant comme s’ils n’en avaient rien à braire. Ils se lancent dans un verbiage gesticulateur d’où il ressort un scoop selon lequel nous sommes, paraît-il, dépendants des conflits régionaux. Et que par conséquent, nous devons prolonger, rallonger, reconduire, voire embaumer, momifier et enduire au carbone 14 l’ensemble des institutions et les vieux croûtons qui survivent encore.
Pour l’heure, les habitants à la frontière sud glaglatent des ratiches et regardent avec effroi les Hébreux d’en face bétonner leur protection, pendant qu’eux-mêmes sont livrés quasiment à poil et à l’air libre au déluge de fer et de feu promis. Le tout sous l’œil narquois de deux canassons exotiques : d’abord l’ex-Victorieux Divin qui, entre le Liban-Sud, la Békaa, la Syrie, l’Irak et peut-être le Yémen, a envoyé au casse-pipe plus de Libanais qu’il n’a dézingué d’Israéliens, tout en nous gavant d’exploits guerriers ; puis Mikou-les-miquettes, en Premier ministre d’opérette et pantalon sur les chevilles, qui n’a trouvé l’autre jour que l’intercession divine à servir aux journalistes ahuris. S’en remettre à Dieu ! C’est dire la confiance inouïe qu’il a dans ses propres talents.
C’était notre contribution hebdomadaire au moral des Libanais…
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (8)
Mais quel plaisir que de lire ce cher Gaby, et quel autre plaisir que de lire les qualificatifs de ces innomables canards qui dirigent ce pauvre pays reduit a la misere grace a eux-memes!!! Quel terrible gachis!!! Que c'est triste de voir ce beau pays sombrer par la faute de tous ces dirigeants mafieux!!!
RAYMOND SAIDAH
18 h 11, le 26 mars 2024