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Nos Lecteurs ont la Parole

L’opium, les réseaux sociaux et moi !

L’opium, les réseaux sociaux et moi !

Lionel Bonaventure/AFP

Depuis toujours, l’opium a été vénéré comme une universelle panacée, une échappatoire vers un monde de béatitude et de tranquillité, un simulacre de havre de paix. Pourtant, derrière le voile de cette douce euphorie, se cachent ennui, peine et asthénie. Avec ses promesses de guérir affliction, souffrance et désolation, elle se dessine, sournoise, tel un mirage dans le désert, séductrice perfide, assurant la fin des misères. Miroir déformant la réalité, elle reflète une image magique, un portait de guérisseur des châtiments, des peines et des tourments. Catalyseur des illusions, poison insidieux, exacerbant les chimères, elle signera dépendance, perdition et décadence.

Dans notre société contemporaine, hélas, Facebook, Instagram et TikTok, formes modernes d’opium, se sont immiscés, re-hélas, dans notre quotidien pour captiver et asservir les âmes et les esprits. Comme l’opium autrefois, les réseaux sociaux offrent une fuite instantanée et combien aisée de la réalité. La course aux likes, aux followers et aux vues crée une quête effrénée de reconnaissance, plongeant les utilisateurs dans une illusion d’euphorie numérique. La frénésie constante de la communication en ligne, tous azimuts, revêt fièrement un substitut moderne de la quête ancestrale de bonheur, faisant des clics et des partages la monnaie virtuelle de la satisfaction personnelle. Facebook, Instagram, TikTok sont désormais les champions incontestés pour créer une réalité parallèle où les chimères et autres rêveries règnent en seigneur et en maître, en supérieur qui contrôle notre vie.

Tels des drogués cherchant à échapper à la vérité ou à la dure réalité, les connectés, mais combien déconnectés, se perdent dans un tourbillon infini de divertissements insipides. Les fils d’actualité déferlent avec une multitude de contenus superficiels, mais combien en apparence déguisés, offrant un refuge temporaire à la monotonie quotidienne. Enchaînés à leurs écrans, les abonnés deviennent des zombies numériques, dévorant avidement des images parfaitement orchestrées, ignorant le monde et son authenticité. Tels des comédiens sur une scène virtuelle, des versions édulcorées et embellies de l’existence jouent et se bousculent dans une course effrénée à la popularité et la célébrité. Selfies retouchés, filtrés, vidéos chorégraphiées, statuts ciselés sont autant de rôles qui dissimulent une réalité combien factice, souvent grossière, vaurienne et vulgaire.

Sur Facebook, chaque publication est un appel désespéré à l’approbation, chaque selfie sur Instagram une quête de validation, et chaque danse sur TikTok une demande de ratification. Mais derrière ce masque de gloire virtuelle se cachent une insatisfaction refoulée, une inappétence, un détachement et une indolence qui persistent malgré les colorations, les apparences et les confirmations.

À mesure que les individus se plongent plus profondément dans l’opium numérique des réseaux sociaux, ils s’éloignent inexorablement de la véritable connexion humaine. Les relations deviennent des échanges superficiels de likes et de emojis, les conversations se réduisent à des annonces mondaines, anniversaires, fiançailles, mariages, funérailles, félicitations virtuelles ou condoléances impersonnelles. Il faudrait se faire valoir en vendant son image retouchée. Quant aux commentaires ils sont éphémères, et les interactions réelles se font erronées, rares et figées. En substituant la véritable empathie à des clics et des partages, les réseaux sociaux créent un simulacre de connexion tout en renforçant isolement et désolation.

Facebook, Instagram et TikTok sont devenus les nouveaux temples de l’opium, une échappée inventée, mensongère et fabriquée de la réalité, dissociant les nouveaux opiomanes modernes de leur propre humanité.

Cette satire souligne l’ironie de notre époque moderne, où la technologie censée connecter les gens les éloigne en réalité. Cet éloignement crée un fossé entre l’image projetée et la véritable identité, nourrissant l’illusion que la vie peut être constamment épurée pour atteindre la perfection. Les utilisateurs se retrouvent alors isolés dans des bulles filtrantes, entourés d’une réalité sur mesure qui ne reflète que leurs propres préjugés et intérêts. On ne se visite plus, on ne se parle plus, on ne se voit plus, tout est dépêche indifférente sans émotions, parfois copiée et collée sans tonalité et sans expression.

De nos jours, malheureux est de constater que la véritable connexion humaine s’érode, remplacée par des interactions futiles et des relations éphémères. Cette satire souligne l’urgence de prendre du recul par rapport à ces plateformes numériques, et de redécouvrir la réalité avec perspicacité, discernement et lucidité.

Plutôt que de se perdre dans les méandres de l’opium numérique, il est temps pour l’humanité de retrouver sa véritable essence et de renouer avec des relations vraies authentiques et avérées. Parlons-nous face à face, rencontrons-nous, parlons-nous, communiquons ensemble, regardons-nous dans les yeux, visitons-nous, connectons-nous réellement et non virtuellement, le monde sera merveilleux, authentique et vertueux.

Ce n’est que dans la pure vérité que nous rencontrerons notre réalité pour l’assumer, la défendre et la protéger !


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Depuis toujours, l’opium a été vénéré comme une universelle panacée, une échappatoire vers un monde de béatitude et de tranquillité, un simulacre de havre de paix. Pourtant, derrière le voile de cette douce euphorie, se cachent ennui, peine et asthénie. Avec ses promesses de guérir affliction, souffrance et désolation, elle se dessine, sournoise, tel un mirage dans le désert,...

commentaires (1)

Très beau texte))

Raed Habib

02 h 14, le 19 mars 2024

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Commentaires (1)

  • Très beau texte))

    Raed Habib

    02 h 14, le 19 mars 2024

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