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Idées - Commentaire

Élection présidentielle : Biden entendra-t-il le message des Arabes américains ?

Élection présidentielle : Biden entendra-t-il le message des Arabes américains ?

Des manifestantes soutenant les Palestiniens rassemblées à proximité du bâtiment où le président américain Joe Biden rencontrait des membres du syndicat automobile UAW, le 1er février 2024, à Warren, dans le Michigan (États-Unis). Jeff Kowalsky/AFP

Au moment où les Américains s’apprêtent à élire leur soixantième président le 5 novembre prochain, un groupe d’électeurs intrigue Joe Biden et son équipe, dans une élection où chaque vote compte : les Américains d’origine arabe, qui représentaient entre 2 millions (selon le bureau de recensement) et 3,6 millions de personnes (selon l’Arab American Institute – AAI), en 2017. Alors que la campagne électorale est aussi affectée par le contexte de la guerre de Gaza, cette minorité, qui pèse aux alentours de 1 % de la population et ne constitue qu’une maigre proportion de l’électorat, s’est retrouvée propulsée sous le feu des projecteurs.

Les résultats des primaires du « Super Tuesday » du 5 mars ont ainsi confirmé une tendance apparue au grand jour la semaine précédente lors des primaires du Michigan, qui accueille l’une des plus grandes communautés arabes du pays (et principalement d’origine libanaise). Si Joe Biden avait bien remporté cet État-clé, plus de 100 000 électeurs – soit près de 12 % du total – ont mis un bulletin « non engagé » au lieu du président sortant pour critiquer sa politique au Proche-Orient. À titre de comparaison, ce chiffre équivaut à 10 fois la marge qui a donné la victoire dans cet État à Donald Trump face à Hillary Clinton en 2016. Or ce fort mécontentement s’est reproduit mardi : dans le Minnesota et en Caroline du Nord, par exemple, les « non engagés » ont recueilli respectivement près de 20 % et 12 % des voix.

Prise de conscience

Un enjeu d’autant plus alarmant pour l’équipe du candidat démocrate que la grande diversité d’origines et d’opinions de ces électeurs rendait généralement leur vote difficile à prédire, et encore moins à cibler à travers une approche commune. Arrivés en quatre vagues, dont la première date de la révolution industrielle et la naissance de l’industrie automobile à la fin du XIXe siècle, les Arabo-Américains se sont surtout établis dans de grands États comme la Californie, le Michigan, New York, la Pennsylvanie ou la Floride. La plupart d’entre eux sont originaires de pays comme l’Égypte, la Syrie, la Palestine, le Maroc ou l’Irak, avec le quart venant du seul Liban. D’après plusieurs sources (dont l’American-Arab Anti-Discrimination Committee), 65 à 70 % sont chrétiens.

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Cependant, malgré cette diversité, le camp démocrate pouvait jusque-là compter sur la majorité d’entre eux : comme l’indique l’AAI, 59 % d’entre eux ont voté pour Biden en 2020, contribuant à lui donner la victoire, grâce à leur présence dans certains États charnières ou la différence de votes était critique. Dans le Michigan par exemple, Biden avait devancé Trump de 154 000 voix, là où les Américains d’origine arabe étaient estimés à 278 000 par le bureau de recensement. Dans l’Arizona et la Géorgie, où les populations d’origine arabe étaient respectivement estimées à 60 000 et 57 000 personnes, son avantage sur son adversaire avait été bien moindre, avec respectivement 10 500 et 11 800 voix. Ces chiffres ne sont pas anodins. En effet, malgré son nombre restreint, cette communauté est devenue consciente de son pouvoir de renverser les majorités dans ces 3 des 5 « Swings States », significatifs pour les élections présidentielles.

Revirement

Or pour la première fois depuis plus de deux décennies, ce groupe pourrait ne pas donner la majorité de ses voix aux démocrates. Un sondage publié fin octobre 2023 par l’AAI signale un revirement majeur contre Biden et la politique de son administration depuis les événements sanglants du 7 octobre : seulement 17 % des sondés ont indiqué qu’ils voteraient en novembre pour l’équipe sortante alors que 40 % se rallieraient derrière Trump, en nette amélioration par rapport à 2020. Cela est d’autant plus surprenant que durant trois décennies, ce groupe d’électeurs ne s’est polarisé ainsi qu’à deux reprises, selon l’AAI. La première pendant les années 2000, pour protester contre l’invasion de l’Irak et l’impact sur les libertés publiques de la politique antiterroriste de George W. Bush ; la seconde en 2016, pour protester contre Trump et sa rhétorique contre les musulmans.

Pour mémoire

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En somme, malgré leur proportion très restreinte, les électeurs d’origine arabe commencent à former une masse critique unie contre la politique actuelle du président. Leur présence dans le grand comté de Dearborn leur donne l’avantage et la possibilité de peser lors des élections de novembre qui seront probablement serrées. Leur demande d’un cessez-le-feu permanent à Gaza a été jusqu’à présent ignorée par l’équipe du candidat démocrate. Toutefois, au fur et à mesure que le temps presse et que l’échéance approche à grands pas, cette équipe, consciente des grandes concessions qui leur seront requises afin de rallier cette communauté, devra faire des choix douloureux. Le président Biden prendra-t-il le risque de les perdre ou saura-t-il adresser leurs peurs de manière sérieuse à travers le va-et-vient des négociateurs américains au Liban et en Israël ?

Par Rola RIZK-AZOUR, économiste et ancienne conseillère économique senior au PNUD.

Au moment où les Américains s’apprêtent à élire leur soixantième président le 5 novembre prochain, un groupe d’électeurs intrigue Joe Biden et son équipe, dans une élection où chaque vote compte : les Américains d’origine arabe, qui représentaient entre 2 millions (selon le bureau de recensement) et 3,6 millions de personnes (selon l’Arab American Institute – AAI), en 2017....

commentaires (1)

Biden est sourdingue. et quand il entend, c'est le cognitif qui débarque. Et quand cela lui arrive d'entendre et de comprendre (miracle) il se protège, car Israel, son patron, pourrait lui lui donner des baffes.

marie nemeh

19 h 14, le 14 mars 2024

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Commentaires (1)

  • Biden est sourdingue. et quand il entend, c'est le cognitif qui débarque. Et quand cela lui arrive d'entendre et de comprendre (miracle) il se protège, car Israel, son patron, pourrait lui lui donner des baffes.

    marie nemeh

    19 h 14, le 14 mars 2024

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