Dans son dernier rapport trimestriel sur l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a exprimé sa crainte de voir « la possession d'armes non autorisées ne relevant pas de l'autorité de l'État dans la zone située entre le fleuve Litani et la ligne bleue par le Hezbollah et d'autres groupes armés non étatiques, en violation de la résolution 1701 ». Adoptée en 2006 pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah, la 1701 prévoit d'éloigner le Hezbollah de la frontière en échange du respect par Israël de la souveraineté libanaise. « Les parties doivent renouveler leur engagement à appliquer intégralement la résolution 1701 en tant que rempart contre les conflit », a plaidé le numéro 1 de l'ONU dans son rapport, appelant à un cessez-le-feu.
Le document, que L'Orient-Le Jour a pu consulter, couvre la période allant du 21 octobre 2023 au 20 février 2024. Il fera l’objet de consultations à huis clos au Conseil de sécurité après des exposés de la coordonnatrice spéciale pour le Liban, Mme Joanna Wronecka, et du secrétaire général adjoint des Nations unies pour les opérations du maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, qui a effectué la semaine dernière une tournée au Liban et en Israël. Ce rapport intervient en pleine intensification des frappes israéliennes contre le Hezbollah, faisant craindre un conflit ouvert. Les initiatives diplomatiques, notamment des États-Unis et de la France, se sont concentrées sur la désescalade et sur l’engagement des parties dans un processus de négociation sur les zones contestées le long de la ligne bleue. Toutefois, le Hezbollah lie tout accord à la fin des hostilités à Gaza.
Les violations de la souveraineté libanaise condamnées
Dans ce contexte, le chef de l’ONU « demande à nouveau » au gouvernement libanais de prendre toutes les mesures nécessaires pour qu'il n'y ait pas d'armes ou d'autorité au Liban autres que celles de l'État, notamment par l'application intégrale des dispositions pertinentes de l'accord de Taëf et des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006). Il « réitère son appel » à examiner les éléments en suspens de la résolution 1701 et la question de la stratégie de défense nationale. « Il demeure important que les décisions antérieures du dialogue national soient mises en œuvre, en particulier celles relatives au désarmement des groupes non libanais et au démantèlement des bases du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général et du Fath al-Intifada, » martèle-t-il.
De plus, Antoniò Guterres « condamne à nouveau » toutes les violations de la souveraineté libanaise commises par Israël et demande une nouvelle fois au gouvernement israélien de cesser tout survol du territoire libanais. Il « exhorte à nouveau » les autorités israéliennes à s'acquitter des obligations qui leur incombent de se retirer du nord du village transfrontalier de Ghajar et de la zone adjacente au nord de la ligne bleue, et regrette qu'aucun progrès n'ait été accompli sur la question des fermes de Chebaa, contestée entre le Liban, la Syrie et Israël.
Le chef de l'ONU a également évoqué dans son rapport la Force intérimaire des Nations unies pour le Liban (Finul), chargée de maintenir la stabilité au Liban-Sud. Il a réitéré la nécessité pour le gouvernement libanais de remédier à tous les incidents qui limitent la liberté de mouvement des Casques bleus. « Les auteurs d'attaques contre la force, notamment ceux qui sont responsables de la mort d'un soldat de la paix et des blessures infligées à trois autres personnes près de Aaqibiyé, le 14 décembre 2022, doivent rendre des comptes », rajoute le texte.
« Je pense que le risque pour nos soldats de maintien de la paix n'a jamais été aussi élevé, indique de son côté Jean-Pierre Lacroix lors d’une conférence de presse tenue vendredi au siège de l’ONU, à New York. J'ai visité certaines des positions les plus exposées et nous avons déjà eu trois soldats de la paix blessés (depuis le 7 octobre). La Finul continue à remplir son mandat.» Et d’ajouter : « Puisque la liaison entre Israël et le Liban est au point mort, la Finul travaille en collaboration avec les Forces armées libanaises. La fonction de liaison est essentielle pour éviter les malentendus et essayer de tenir à distance les risques d’escalade. Mais il est clair que le besoin de désescalade et de cessation des hostilités de part et d’autre de la ligne bleue est essentiel. La résolution 1701 reste le cadre de règlement de cette crise. »
Les Libanais « exhortés » d'élire un président
Concernant l’armée libanaise, M. Guterres « prend note » de l'action législative du Parlement visant à éviter un vide à la tête de la troupe, en retardant le départ à la retraite du commandant en chef Joseph Aoun. Le rapport qualifie également « d'important » le renforcement de la présence et des capacités de l'armée libanaise au sud du fleuve Litani, ainsi qu'en mer, appelant tous les partenaires de l'armée libanaise à accroître leur soutien financier. Il « exhorte » également les dirigeants politiques libanais à prendre des mesures résolues en vue de l'élection d'un président de la République pour répondre aux exigences politiques, économiques et sécuritaires urgentes auxquelles le pays est confronté.
M. Guterres a relevé enfin l’importance du rôle crucial de l'Unrwa, Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, dans la stabilisation des camps de réfugiés palestiniens et s'est dit « profondément préoccupé » par la suspension de son financement par certains donateurs, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses au Liban et dans la région.
commentaires (7)
Que dit Sa Sainteté le Pape François ? il a sorti hier un joli conseil aux ukrainiens , mais pour le Moyen-Orient rien qu'une prière ! Bizarre !
Chucri Abboud
13 h 56, le 11 mars 2024