
Michel Aoun (à gauche), recevant une délégation du Hezbollah dirigée par Mohammad Raad (centre), le 7 mars 2024. Photo fournie par Hoda Chedid
Le député du Hezbollah Mohammad Raad a déclaré jeudi que « la communication existante » entre l'ancien président de la République Michel Aoun et le parti chiite « ne sera jamais interrompue », à l'issue d'une rencontre avec M. Aoun à Rabieh, selon des informations de notre correspondante Hoda Chedid et de l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).
Michel Aoun a reçu une délégation du Hezbollah dirigée par M. Raad, incluant les députés Ali Ammar et Hassan Fadlallah. L'ancien chef de l'Etat, qui a également dirigé le Courant patriotique libre (CPL) entre 1994 et 2015, a signé en 2006 un accord avec le parti pro-iranien, connu sous le nom d' « accord de Mar Mikhael ».
Cependant, les tensions se sont accrues entre les deux formations ces dernières années, en raison de leur position respective sur l'élection d'un successeur à M. Aoun à la présidence et des liens étroits du Hezbollah avec le mouvement Amal, un parti fortement critiqué par le CPL.
En outre, depuis le début de la guerre à Gaza et des hostilités à la frontière israélo-libanaise, Michel Aoun et Gebran Bassil, son gendre et actuel dirigeant du CPL, critiquent de plus en plus les opérations militaires menées par le Hezbollah contre Israël en soutien à Gaza.
À l'issue de la réunion, Mohammad Raad a déclaré que « la communication existante » entre M. Aoun et le Hezbollah « n'a jamais été interrompue dans le passé et ne le sera jamais ». Une situation qui « rassure et tranquillise le peuple libanais de toutes les régions et de toutes les confessions», a-t-il ajouté.
En ce qui concerne les hostilités actuelles entre le Hezbollah et Israël, M. Raad a déclaré que « cette visite a été l'occasion d'informer M. Aoun de la situation exacte et objective sur le terrain, loin de ce qui se dit ici et là ».
« En ce qui concerne la situation libanaise, nous devons montrer nos bonnes intentions et insister sur une communication responsable entre tous les groupes concernés, afin de résoudre les principaux problèmes dont nous souffrons », a indiqué le député.
Commentant la guerre de Gaza et les événements survenus au Liban-Sud, Michel Aoun avait déclaré le 19 février dernier que la souveraineté et l'indépendance du Liban appartiennent à son peuple et ne peuvent en aucun cas faire l'objet d'un marchandage, même partiel. « Traduire les développements à Gaza et au Liban-Sud en une sorte de marchandage présidentiel va à l'encontre de la souveraineté ; ce serait la plus grande perte pour le pays », avait-il déclaré.
Le 2 mars, Gebran Bassil s'est dit opposé à un « front uni » contre Israël, en référence à « l'axe de la résistance », dont le Hezbollah fait partie.
Trois jours plus tard, le numéro 2 du Hezbollah, Naïm Kassem, a indiqué qu'il existait des « différences de croyance et de vision » entre le parti et le CPL, mais que « les canaux de communication restaient ouverts ».
Rabieh se rend-il compte combien ce flirt contre nature avec la milice iranienne coûte au Liban ?
17 h 38, le 07 mars 2024