Le numéro deux du Hezbollah, Naïm Kassem, lors d'un entretien sur la LBCI, le 5 mars 2024. Capture d'écran
Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Kassem, a estimé à 90 % la probabilité que les affrontements actuels entre les combattants de sa formation et Israël le long de la frontière sud du Liban ne débordent pas dans tout le pays, ajoutant toutefois que le parti est « prêt pour les 10 % restants ».
Lors d'un entretien à la chaîne télévisée LBCI, le numéro deux du parti chiite a indiqué que « la perception qu'a Israël du niveau de préparation du Hezbollah influence sa réticence à escalader le conflit ». Il a indiqué que le parti « n'a pas entraîné le Liban dans le conflit, mais qu'une menace israélienne significative existe » et qu'il est important que l'Etat hébreu reste « dissuadé » afin de ne pas « représenter une menace de guerre constante ».
Le Hezbollah et Israël s'affrontent par échanges de frappes quotidiens depuis le 8 octobre 2023, au lendemain de l'attaque du Hamas. Le dignitaire a réitéré dans son entretien dans l'émission « Kalam bel siyasa » (Discussion politique, en arabe) que ce front avait été ouvert « en soutien à la résistance palestinienne à Gaza ».
« Nous ne sommes pas plus proches d'une guerre totale au Liban, » a encore déclaré Naïm Kassem. « Il y a 90 % de chances qu'il n'y ait pas de guerre à grande échelle » dans le pays, mais « le Hezbollah est prêt » si les 10 % de risques de guerre l'emportent. Selon lui, le parti se trouve jusqu'à présent en « position de défense » et ne souhaite pas « entraîner le Liban dans une guerre, mais il y a un ennemi dangereux qui pourrait commencer une guerre à tout moment contre notre pays, sans aucune justification ». C'est pourquoi, selon lui, « la dissuasion préventive est cruciale pour sauvegarder le Liban. » Il a en outre affirmé qu'il n'y a aucun membre des gardiens iraniens de la révolution « présent sur le terrain libanais. »
Concernant un potentiel cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, le cheikh Kassem a déclaré que « s'il y a un cessez-le-feu à Gaza, il y aura un cessez-le-feu ici » dans le sud du Liban, mais « si un cessez-le-feu émerge à Gaza et qu'Israël rejette la paix dans le sud du Liban, le Hezbollah résistera ».
Des médiateurs se trouvent actuellement au Caire pour tenter de négocier un cessez-le-feu de 40 jours entre le Hamas et Israël, et rencontrent de nombreux obstacles. Israël conditionne notamment toute trêve à la libération de la centaine d'otages israéliens encore à Gaza, ce qui est compliqué, selon le Hamas, qui dit ne pas détenir tous ces otages. Plus tôt cette semaine, l'émissaire spécial américain Amos Hochstein avait informé les responsables libanais qu'un cessez-le-feu à Gaza ne s'appliquerait pas automatiquement entre Israël et le Hezbollah.
« C'est aux autres de s'adapter »
Au niveau politique, Naïm Kassem a réitéré dans son entretien le soutien du Hezbollah à Sleiman Frangié, chef des Marada, à la présidence, vacante depuis le 31 octobre 2022. « Pour l'instant, nous n'envisageons pas un autre candidat. Les autres doivent s'adapter, pas nous », a-t-il déclaré. En ce qui concerne la dernière initiative de déblocage de la crise politique, lancée par le groupe de la « Modération nationale », M. Kassem a confirmé « n'avoir pas encore fourni de réponse définitive » à ce bloc parlementaire, qui se compose de six députés, principalement d'anciens partisans du Courant du Futur. Cette initiative veut encourager tous les blocs à se réunir au Parlement et à exiger une session ouverte pour l'élection d'un président.
Naïm Kassem a encore souligné que Sleiman Frangié représente l'« éthos politique de l'Axe de la Résistance », tout en mettant en avant les différents compromis auxquels le candidat s'est engagé s'il est élu, notamment concernant ses relations avec les pays arabes, les Etats-Unis et les autres partis libanais. Il a en outre déploré l'incapacité des autres forces politiques à faire des concessions et refusé que le Hezbollah en fasse. « Pourquoi devrions-nous faire nous des compromis ? Nous n'imposons notre volonté à personne et personne ne devrait nous imposer la sienne. »
Le numéro deux du Hezbollah a en outre balayé l'idée de la mise sur pied d'un « front » des partis chrétiens contre le Hezbollah, alors que les principales forces de la scène chrétienne, le Courant patriotique libre (CPL), et les Forces libanaises, deux partis normalement adverses, rejettent tous les deux la candidature de Sleiman Frangié.
Concernant les tensions opposant le CPL au Hezbollah ces derniers mois, et qui ont été marquées dans les derniers discours très virulents du chef du parti aouniste, Gebran Bassil, et de son fondateur, Michel Aoun, à l'encontre de leur ancien allié, Naïm Kassem a estimé qu'il s'agissait de « différences au niveau des croyances et de la vision », mais que « les canaux de communication restent ouverts ».
Notre devin divin , notre zardoz local has spoken: 90-10 est le pronostique... ya jarbouaa ya zalim... dans les 2 cas on se retrouve sur le pavé ! Yallah, koulouna li wataa...
14 h 56, le 07 mars 2024