Il était une fois le Beyrouth de Jocelyne Saab

Si la voix de Jocelyne Saab continue de résonner aux quatre coins du monde depuis son décès en 2019, c’est grâce au travail acharné de son ancienne assistante Mathilde Rouxel qui a repris en main les archives de la réalisatrice libanaise. Elle les restaure, les expose, les projette et tout cela avec peu de moyens. Elle vient pallier à l’indifférence des institutions étatiques libanaises envers les artistes. Seules des initiatives individuelles, folles et passionnées, permettent de préserver notre mémoire. Pour Mathilde Rouxel, c’est aussi un combat plus élevé. À l’heure de la guerre à Gaza, montrer les films de Jocelyne Saab permet de rééduquer notre regard et développer notre esprit critique.

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À l’occasion d’une rétrospective Jocelyne Saab organisée à Marseille, j’ai eu la chance de présenter quelques films de la réalisatrice. Afin de préparer au mieux cette intervention, j’ai revu une grande partie de ses documentaires qui restent cruellement d’actualité et son long-métrage Une vie suspendue, petit bijou cinématographique qu’elle a tourné pendant la guerre civile libanaise. Le nœud de l’histoire tient dans la passion amoureuse qui se lie entre un peintre francophone libanais et une jeune réfugiée du Liban-Sud. Cette relation, seule la guerre la permet en brisant les frontières sociales et géographiques à l’image du cinéma de Jocelyne Saab.

La couverture du nouvel ouvrage dirigé par Mathilde Rouxel. Photo DR

En parallèle du visionnage de ses films, je me suis plongé dans le dernier ouvrage que Mathilde Rouxel a dirigé autour de la réalisatrice libanaise. Édité par les éditions Commune, il est intitulé Le livre pour sortir au jour de Jocelyne Saab. Composé de textes de chercheurs et d’archives, on découvre notamment le manuscrit que la poétesse, journaliste et peintre Etel Adnan a écrit pour le documentaire Beyrouth, jamais plus (1976), que l’on retrouve en DVD à la fin du livre (accompagné du long-métrage Une vie suspendue). Souvent, ces publications sur les cinéastes contiennent des textes pompeux. Dans celui-ci, ce n’est pas le cas, il se lit d’une traite.

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Plongée passionnante dans le cinéma intimiste de Jocelyne Saab qui place Beyrouth au cœur de son travail, ce livre offre des clés de compréhension sur le rôle des images en temps de guerre et la place de l’artiste dans une ville en cendres, une lecture essentielle en ces temps tragiques dans la région.

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« Le livre pour sortir au jour de Jocelyne Saab » dirigé par Mathilde Rouxel.

Les éditions Commune.

Lancement du livre et du coffret DVD Jocelyne Saab, cinéaste (période 1974-1982) les 14 et 15 mars 2024 à l'occasion de deux séances de projection organisées en la salle Montaigne de l'Institut français du Liban, rue de Damas, à 19h30.

Pour en savoir plus : jocelynesaab.org