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Société - Contestation

Face à une grogne croissante, Mikati gèle les avantages à une partie du secteur public

Des centaines de militaires à la retraite manifestent dans les quatre coins du pays pour une revalorisation des salaires et des indemnités de retraite.

Des militaires retraités bloquant l'accès au Sérail de Saïda jeudi 22 février 2024. Photo Mountasser Abdallah

Les inégalités dans la distribution des augmentations salariales dans le secteur public continuent de faire des ravages, et ont provoqué une nouvelle vague de manifestations jeudi menée par les militaires à la retraite à travers le pays, ainsi que de nouvelles grèves comme au ministère de l’Information. Les manifestants appellent le Conseil des ministres sortant, qui doit se réunir vendredi, à adopter une revalorisation des salaires et des indemnités de fin de service qui soit équitable et permette aux fonctionnaires de vivre une vie digne.

Premier résultat de cette mobilisation des militaires à la retraite – qui dure depuis le 6 février : le Premier ministre sortant Nagib Mikati a demandé au ministre des Finances Youssef Khalil, de geler les avantages qui avaient été accordés à certains fonctionnaires, jusqu’à ce que le Conseil des ministres en discute vendredi, selon les informations de notre correspondante Hoda Chedid.

L’affaire de ces avantages octroyés aux uns – principalement le personnel du Grand sérail et du palais présidentiel, mais aussi certains ministères dont celui des Finances - et excluant la majorité du secteur public a été éventée récemment dans les médias et a fait grand bruit.

M. Mikati avait par ailleurs promis depuis le 10 février, après une première forte mobilisation des militaires, d’examiner la question de la revalorisation des salaires avec tous les acteurs concernés, notamment la Banque du Liban, étant donné que de telles augmentations représentent un budget conséquent dans un pays en crise. Mais le gouvernement ne s’est toujours pas prononcé sur le sujet, et les manifestants lui ont lancé un ultimatum qui expire vendredi, avant de recourir à l’escalade. 

La mobilisation est donc forte en ce jeudi 22 février. Un groupe de militaires retraités observe depuis 7h30 jeudi un sit-in devant le Sérail (siège gouvernemental) dans la ville de Saïda, chef-lieu du Liban-Sud, selon notre correspondant Mountasser Abdallah.

A Beyrouth également, des militaires retraités ont bloqué l’accès à plusieurs bâtiments du ministère des Finances, notamment celui de la TVA. Dans plusieurs localités de la Békaa, notamment à Baalbeck, selon notre correspondante Sarah Abdallah, des militaires ont manifesté pour les mêmes raisons.

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Idem dans le chef-lieu du Akkar (Liban-Nord), Halba, où un grand nombre de militaires retraités ont fermé les portes du Sérail de la ville, selon notre correspondant Michel Hallak. Des rassemblements ont été organisés à Tripoli, Minié, Koura, Zghorta et Batroun (Liban-Nord), selon nos informations. Même au Liban-Sud et dans l’Iqlim el-Kharroub, régions régulièrement visées par l’armée israélienne dans sa guerre avec le Hezbollah depuis octobre 2023, des sit-in ont eu lieu pour les mêmes raisons.

A Saïda comme ailleurs, les manifestants empêchent les fonctionnaires d’intégrer leurs bureaux.

Sit-in d'anciens militaires en colère à Halba, chef-lieu du Akkar. Photo fournie par Michel Hallak

Les anciens militaires manifestent depuis le 6 février pour une revalorisation de leurs indemnités de retraite, devenues dérisoires suite à l’effondrement de la monnaie nat Ce mercredi 21 février, ils avaient lancé un ultimatum au gouvernement lui demandant de préparer un projet de loi sur la revalorisation des salaires d'ici jeudi, qui serait approuvé vendredi, sous peine d'une escalade. 

Le général à la retraite Bassam Yassine, qui fait partie des manifestants à Saïda, a déclaré à notre correspondant qu’il s’agit d’une première étape dans le cadre de l’escalade prévue par leur mouvement si le gouvernement ne répond pas aux revendications qui lui ont été présentées depuis le 8 février. Selon lui, les manifestants doivent rester sur place jusqu’à l’heure de fermeture des bureaux, soit 14h, pour s’assurer que les fonctionnaires n’y auront pas accès durant la journée de jeudi. Il a assuré que si le Conseil des ministres ne prenait pas en compte les revendications des militaires retraités et des fonctionnaires en général, ce mouvement de contestation irait croissant.

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La grogne gagne également la fonction publique : jeudi, les fonctionnaires du ministère de l’Information se sont mis en grève, après une réunion la veille avec le ministre sortant Ziad Makari, qui n’a pas résolu le problème, selon leur communiqué publié sur le site de l’Agence nationale d’information (ANI). 

Le mouvement des militaires retraités, lui, gagne en virulence. Le 19 février, un groupe de vétérans de l'armée a publié un communiqué dans lequel il appelle à « ne pas payer les factures et les nouveaux impôts et taxes (édictés par la loi du budget de 2024), notamment les factures d’électricité, d’eau, des télécommunications, ainsi que les factures municipales et celles de toutes les formalités officielles ».

Les inégalités dans la distribution des augmentations salariales dans le secteur public continuent de faire des ravages, et ont provoqué une nouvelle vague de manifestations jeudi menée par les militaires à la retraite à travers le pays, ainsi que de nouvelles grèves comme au ministère de l’Information. Les manifestants appellent le Conseil des ministres sortant, qui doit se réunir...

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