Un homme portant une veste des Nations unies dans une école de Rafah où des déplacés se sont réfugiés, le 14 novembre 2023. Photo Said Khatib/AFP
Dorothee Klaus, la directrice au Liban de l'agence des Nations unies pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), a déclaré que l'organisation n'aurait plus de financement à partir de la fin du mois de février, ce qui signifie que « les opérations s'arrêteraient en mars » au Liban, selon un rapport publié mardi.
La crise financière a débuté quand l'Etat hébreu a affirmé qu'une douzaine d'employés de l'Unrwa étaient impliqués dans l'attaque menée contre Israël par le Hamas, le 7 octobre, qui a entraîné la mort d'environ 1 200 personnes, pour la plupart des Israéliens.
Dans l'attente de l'enquête des Nations unies sur les allégations israéliennes, plusieurs grands donateurs ont suspendu leur financement de l'UNRWA, notamment les États-Unis et l'Allemagne. L'agence onusienne emploie 30 000 personnes dans la région, au service de près de six millions de Palestiniens à Gaza, en Cisjordanie et dans les pays voisins (Jordanie, Syrie et Liban), où sont installés des réfugiés palestiniens.
Au Liban, l'UNRWA compte environ 3 500 employés, ce qui représente 10 à 15 % de la population de réfugiés palestiniens dans le pays. L'agence fournit également une assistance en espèces à 65 % de la population palestinienne.
« Personne n'est capable de prendre en charge » les services fournis par l'UNRWA au Liban, y compris la fourniture de soins de santé et d'éducation aux réfugiés palestiniens et le ramassage des ordures dans les camps de réfugiés, a mis en garde Dorothee Klaus.
Environ 200 000 réfugiés palestiniens se rendent chaque année dans les centres de santé de l'UNRWA au Liban pour y recevoir divers services, notamment des « médicaments de base » et des « mesures de première intervention pour les enfants ».
Taux de pauvreté « très élevés »
« Compte tenu des taux de pauvreté très élevés, les réfugiés palestiniens devront très probablement reporter les hospitalisations parce qu'ils ne sont pas en mesure de couvrir les coûts, et cela concerne également 600 patients atteints de cancer qui dépendent du cofinancement de l'UNRWA », a ajouté la responsable.
Dorothee Klaus a également déclaré que si les établissements d'enseignement étaient fermés, 38 000 enfants ne pourraient plus se rendre à l'école.
« Il n'y a pas d'autre acteur qui ait les ressources et qui soit capable d'intervenir, étant donné que l'UNRWA fonctionne comme des services gouvernementaux et dispose maintenant de l'infrastructure nécessaire », a-t-elle souligné.
L'agence onusienne devra donc prendre des décisions difficiles à la lumière des réductions de financement. Mme Klaus a décrit le dilemme fondamental auquel l'UNRWA risque d'être confrontée : « Les questions seraient les suivantes : Garderons-nous les enfants à l'école, sachant que 600 patients atteints de cancer risquent de mourir ? Fermerons-nous les centres de santé qui vaccinent les nouveaux-nés ? Ou devrons-nous arrêter de collecter les ordures ? ».
Dorothee Klaus a par ailleurs rencontré mercredi le ministre libanais sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, avec qui elle a abordé le dossier de l'UNRWA. « Les missions diplomatiques libanaises essaient d'inciter les pays influents et les pays donateurs à continuer de financer cet organisme », a déclaré M. Bou Habib à l'issue de cette réunion.
commentaires (2)
Et quand pourraient les filles et fils de père palestinien nés au Liban devenir libanais, avec la possibilité d’exercer toute profession ? À ce moment là, ils ne seront plus des réfugiés.
Hacker Marilyn
11 h 06, le 08 février 2024