La Sûreté générale (SG) a annoncé mercredi, dans un communiqué, avoir entamé ses préparatifs pour réorganiser des convois de « retours volontaires » de Syriens dans leur pays, sans préciser la date du prochain.
Ce programme a été particulièrement actif de 2018 à 2022, et vise à « aider » les Syriens, réfugiés au Liban depuis le début de la guerre dans leur pays, à rentrer chez eux. Il a souvent été critiqué par des organisations internationales comme le Haut commissariat pour les réfugiés (UNHCR) ou Amnesty International, qui y voient des expulsions déguisées. Il n’y a pas eu de pareils convois depuis novembre 2022, comme nous avons pu le confirmer auprès de la SG, qui n'a pas donné de plus amples détails sur cette nouvelle opération. Le dernier convoi, organisé le 5 novembre 2022, n’avait attiré que quelques centaines de réfugiés alors que le gouvernement libanais ambitionnait, à l’époque, d’assurer le retour de 15.000 Syriens par mois.
Pour ces nouveaux convois en préparation, la SG a demandé aux Syriens candidats à ce retour volontaire de présenter leurs demandes auprès de son siège à partir du 1er février.
En réponse à cette annonce, l'UNHCR, sollicité par L'Orient-Le Jour, déclare « respecter le droit fondamental des réfugiés à retourner librement et volontairement dans leur pays d'origine au moment de leur choix, conformément aux principes internationaux du retour volontaire, dans la dignité et la sécurité, et du non-refoulement ». L'organisme onusien ajoute que « des milliers de réfugiés choisissent d'exercer leur droit au retour chaque année ».
Les infiltrations de Syriens au Liban se poursuivent
Entre-temps, les infiltrations de Syriens à travers la frontière ne semblent pas cesser. L’armée libanaise a annoncé mercredi avoir refoulé, depuis début janvier, près de 900 Syriens qui tentaient de traverser la frontière syro-libanaise, des opérations qui s’inscrivent dans le cadre de sa lutte « contre le trafic d'êtres humains, d'infiltration illégale et de contrebande de marchandises aux frontières ». La troupe, qui a fait cette annonce sur son compte X, n'a pas donné plus de précisions.
La question de la présence de réfugiés syriens demeure brûlante au Liban, en raison de leur nombre qui n'a cessé d'augmenter, atteignant des centaines de milliers depuis le début de la guerre dans leur pays en 2011. Un projet de loi figure au Parlement à ce propos, alors que l'ensemble de la classe politique appelle au rapatriement des Syriens tandis que plusieurs ONG et organismes humanitaires estiment que la sécurité en Syrie ne permet pas leur retour.
L'armée libanaise fait régulièrement ce genre d'annonces. Pour le seul mois de novembre 2023, elle avait indiqué avoir refoulé près de 600 Syriens. En septembre de la même année, elle avait précisé avoir empêché 1.100 Syriens d'entrer illégalement au Liban en une semaine et, fin août, 850 autres également en l'espace d'une semaine.
Par ailleurs, les Syriens continuent de fuir le Liban par la mer en grand nombre. En 2023, le bureau du UNHCR à Beyrouth a identifié 59 embarcations ayant quitté le Liban avec à leur bord 3 528 personnes cherchant à fuir la misère. Parmi eux, « 3 298 Syriens, 76 Libanais, 5 Palestiniens et 149 individus à l’identité inconnue », précise sa porte-parole Lisa Abou Khaled.
« Les soi-disant retours volontaires sont un plan mis en place depuis cinq ans, alors qu'il est bien établi que les réfugiés syriens au Liban ne sont pas en mesure de prendre une décision libre et éclairée par-rapport à leur retour, en raison des politiques gouvernementales syriennes restrictives en matière de circulation et de résidence, de la discrimination rampante, du manque d'accès aux services essentiels, ainsi que de l'absence d'informations objectives et actualisées sur la situation actuelle des droits de l'homme en Syrie », commente pour sa part Sahar Mandour, chercheuse sur le Liban à Amnesty International, interrogée par L’OLJ.
Pour elle, « en facilitant activement ces retours, les autorités libanaises exposent sciemment les réfugiés syriens au risque de subir des abus et des persécutions odieuses à leur retour en Syrie ». « Le Liban doit respecter ses obligations liées au droit international et mettre fin à ses projets de retour massif de réfugiés syriens », conclut-elle.
commentaires (5)
Si le Liban se laisse faire il deviendra une colonie syrienne ! Ne vous embêtez pas à écouter les Européens ils ont oublié la Découverte de l'Amérique et du Monde , la lutte millénaire contre l'Islam de Charles Martel en 732 au débarquement des Français à Alger en 1830 sans oublier la Croisade pour libérer nos frères Chrétiens d'Orient !
Yves Gautron
19 h 05, le 03 février 2024