La circulaire n° 151 de la Banque du Liban, dont la durée d’application n’a pas été prolongée après son expiration le 31 décembre dernier, devrait connaître son avenir d’ici la fin du mois, selon trois sources bancaires : un dirigeant d’une première enseigne, un cadre dans une seconde et une troisième source proche de la Banque du Liban.
Selon les informations relayées par ces trois sources, la BDL s’apprêterait à abandonner ce système pour permettre à ceux qui y avaient recours de retirer 150 dollars « frais » par mois à partir de ces comptes bloqués. Certaines rumeurs faisaient état d’une autre option consistant à relever le taux de retrait des dollars bancaires à 35.000 LL pour un dollar, ce qui semble avoir été abandonné à ce stade, même si rien n’est confirmé.
Questions en suspens
Selon deux des trois sources, la Banque du Liban n’a pas encore finalisé le mécanisme de retrait, qui doit s’assurer d’une part que les retraits restent limités, et d’autre part que cette faculté ne puisse être cumulée avec une option similaire ouverte par une autre circulaire, la 158, qui autorise déjà des retraits de dollars « frais ». Il n'est pas non plus clair si pour chaque 150 dollars retirés, un montant équivalent sera soustrait du compte concerné, ni s'il sera soumis à un quelquonque plafond annuel. Autre question qui devra être déterminée: est-ce que la BDL va puiser dans ses réserves de change (hors celle d'or et l'inutilisable portefeuille d'eurobonds sur lequel le Liban a fait défaut) pour fournir aux banques les dollars demandés et si oui, à quelles conditions ?
La BDL pourrait communiquer sur le sujet dans les prochains jours, peut-être via une conférence de presse de Wassim Manssouri, son gouverneur par intérim depuis le 31 juillet 2023, date à laquelle l’ancien gouverneur en place depuis 1993, Riad Salamé, est parti sans remplaçant désigné par l’exécutif et avec plusieurs enquêtes sur le dos sur ses pratiques, dont l’intéressé rejette le bien-fondé. La troisième source pense que la BDL fera son annonce dans la foulée du vote du budget de l'État pour 2024, qui doit avoir lieu les 24 et 25 janvier prochains.
Dans tous les cas, il s'agira d'une abolition pure et simple du mécanisme et un pas de plus vers l'unification des taux de change que vise le gouvernement depuis l'automne 2022, un chantier cher au Fonds monétaire international (FMI) avec qui le Liban discute depuis 2020 pour tenter d'obtenir une aide financière. Le lancement de la plateforme de change opérée par Bloomberg, qui doit remplacer celles informelles qui relaient le taux du marché et celle baptisée Sayrafa que la BDL opérait jusqu'il y a peu selon des mécanismes restés obscurs, pourraient également suivre dans une économie déjà fortement dollarisée.
Vrais dollars et dollars bancaires
Pour ceux qui ne sont pas familiers, la circulaire n° 151 a établi dès le 20 avril 2020 un mécanisme imaginé par la BDL depuis le début de la crise en 2019 pour permettre aux déposants – ou les contraindre - de retirer une partie de leur dollars bloqués dans les banques depuis le début de la crise au compte-goutte et en livres libanaises à un taux de change moins élevé que celui du marché.
Il s’agit, pour faire simple, des dépôts en dollars qui ont été placés avant que la crise n’éclate et que les banques ne se retrouvent à court de liquidités pour respecter les plafonds habituels qu’elles pratiquaient. C’est aussi au début de la crise que la BDL a cessé d’être en mesure de stabiliser le taux de change, ce qu’elle faisait en puisant dans ses réserves pour intervenir sur le marché.
L’écart entre le taux appliqué pour les retraits via la n° 151 - dont les plafonds mensuels sont limités par les banques et celui du marché - n’a cessé de s’agrandir depuis le début de la crise. Il est actuellement de 15 000 LL pour un dollar (soit le taux officiel au 1er février 2020) contre près de 90 000 LL sur le marché depuis plusieurs mois où circulent les vrais dollars, aussi appelés dollars « frais », par rapport à ceux bloqués dans les banques. Cela veut dire que le déposant perdait, au cours des derniers mois d’application de la circulaire plus de 80 % de la valeur de chaque dollar qu’il retirait de son compte. La monnaie nationale a, elle, perdu plus de 98 % de sa valeur en plus de quatre ans de crise, comparé à l’époque où la parité officielle était de 1 507,5 LL pour un dollar.
La circulaire n°158, publiée le 8 juin 2021, autorise chaque mois des bénéficiaires sélectionnés, selon des modalités précises, à retirer 300 ou 400 dollars « frais » des comptes de « dollars bancaires » ou « lollars ». Les circulaires n°151 et n°158 ont été prolongées plusieurs fois depuis leur lancement. Elles ont aussi coexisté un temps avec la circulaire n°161 qui permettait aux déposants – particuliers, fonctionnaires et entreprises – de convertir des LL contre des dollars au taux de la plateforme Sayrafa opérée par la BDL, qui a toujours été moins élevée que celui du marché, mais plus élevée que le taux officiel C’était donc un moyen d’obtenir des dollars à un taux bonifié.
La distinction entre vrais dollars et dollars bancaires a d’abord été indirectement consacrée par la publication de la circulaire n°151 et de la 150 du 9 avril 2020 (qui a consacré pour la première fois la notion de dollars frais, puis, beaucoup plus explicitement par la circulaire n°165 du 19 avril 2023). La coexistence de plusieurs taux de change entretenus par ce système a favorisé les arbitrages et la spéculation pendant ces années de crise.
Il a aussi permis aux banques de liquider à moindre coût une partie des dépôts en dollars qu’elles auraient dû rendre à leurs clients à leur valeur du marché. Le total des dépôts du secteur privé dans les banques commerciales a atteint 95 milliards de dollars à fin novembre dernier, selon les derniers chiffres disponibles, dont 91,3 milliards devant être en dollars (la partie en LL est comptabilisée depuis le 1er février 2023 au taux de 15 000 LL pour un dollar, contre 1507,5 avant cette date). La proportion entre dollars frais et bancaires n’est pas connue, mais la valeur nominale du second ensemble est beaucoup plus grande. Le total des dépôts (dollars et LL à 1 507,5 LL) a diminué de plus de 40 % depuis fin décembre 2019 en valeur nominale.
Chers concitoyens. Dites adieu à votre épargne. Le gouvernement en complicité avec les députés et L’ABL font tout pour effacer tous les dépôts ou au mieux de les restituer à 10% de leur valeur. Choisissons un jour du calendrier pour commémorer le plus grand hold up de tous les temps : 100 milliards de dollars volés par les présidents, PM, chef du parlement, ministres, députés, fonctionnaires notamment de la BdL, actionnaires des banques plus leurs proches depuis 1991 jusqu’à ce jour. Je propose le 1er avril car personne au monde ne croit ou ne comprend ce qui nous est arrivé
19 h 43, le 22 janvier 2024