Rechercher
Rechercher

Économie - Crise

Restrictions bancaires : Ce que la Banque du Liban envisage pour remplacer la circulaire n° 151

La solution permettant aux déposants de retirer 150 de dollars par mois de leur compte est actuellement privilégiée par la Banque du Liban

Restrictions bancaires : Ce que la Banque du Liban envisage pour remplacer la circulaire n° 151

Un distributeur de billets à Jounieh, dans le Kesrouan, le 20 janvier 2024. Photo P.H.B.

La circulaire n° 151 de la Banque du Liban, dont la durée d’application n’a pas été prolongée après son expiration le 31 décembre dernier, devrait connaître son avenir d’ici la fin du mois, selon trois sources bancaires : un dirigeant d’une première enseigne, un cadre dans une seconde et une troisième source proche de la Banque du Liban.

Selon les informations relayées par ces trois sources, la BDL s’apprêterait à abandonner ce système pour permettre à ceux qui y avaient recours de retirer 150 dollars « frais » par mois à partir de ces comptes bloqués. Certaines rumeurs faisaient état d’une autre option consistant à relever le taux de retrait des dollars bancaires à 35.000 LL pour un dollar, ce qui semble avoir été abandonné à ce stade, même si rien n’est confirmé.

Questions en suspens

Selon deux des trois sources, la Banque du Liban n’a pas encore finalisé le mécanisme de retrait, qui doit s’assurer d’une part que les retraits restent limités, et d’autre part que cette faculté ne puisse être cumulée avec une option similaire ouverte par une autre circulaire, la 158, qui autorise déjà des retraits de dollars « frais ». Il n'est pas non plus clair si pour chaque 150 dollars retirés, un montant équivalent sera soustrait du compte concerné, ni s'il sera soumis à un quelquonque plafond annuel. Autre question qui devra être déterminée: est-ce que la BDL va puiser dans ses réserves de change (hors celle d'or et l'inutilisable portefeuille d'eurobonds sur lequel le Liban a fait défaut) pour fournir aux banques les dollars demandés et si oui, à quelles conditions ?

Lire aussi

Les réserves de change de la Banque du Liban en hausse depuis l’arrivée de Manssouri

La BDL pourrait communiquer sur le sujet dans les prochains jours, peut-être via une conférence de presse de Wassim Manssouri, son gouverneur par intérim depuis le 31 juillet 2023, date à laquelle l’ancien gouverneur en place depuis 1993, Riad Salamé, est parti sans remplaçant désigné par l’exécutif et avec plusieurs enquêtes sur le dos sur ses pratiques, dont l’intéressé rejette le bien-fondé. La troisième source pense que la BDL fera son annonce dans la foulée du vote du budget de l'État pour 2024, qui doit avoir lieu les 24 et 25 janvier prochains.

Dans tous les cas, il s'agira d'une abolition pure et simple du mécanisme et un pas de plus vers l'unification des taux de change que vise le gouvernement depuis l'automne 2022, un chantier cher au Fonds monétaire international (FMI) avec qui le Liban discute depuis 2020 pour tenter d'obtenir une aide financière. Le lancement de la plateforme de change opérée par Bloomberg, qui doit remplacer celles informelles qui relaient le taux du marché et celle baptisée Sayrafa que la BDL opérait jusqu'il y a peu selon des mécanismes restés obscurs, pourraient également suivre dans une économie déjà fortement dollarisée.

Lire aussi

Le dollar à plus de 140.000 livres : retour sur un record de 2023 bien vite oublié

Vrais dollars et dollars bancaires

Pour ceux qui ne sont pas familiers, la circulaire n° 151 a établi dès le 20 avril 2020 un mécanisme imaginé par la BDL depuis le début de la crise en 2019 pour permettre aux déposants – ou les contraindre - de retirer une partie de leur dollars bloqués dans les banques depuis le début de la crise au compte-goutte et en livres libanaises à un taux de change moins élevé que celui du marché.

Il s’agit, pour faire simple, des dépôts en dollars qui ont été placés avant que la crise n’éclate et que les banques ne se retrouvent à court de liquidités pour respecter les plafonds habituels qu’elles pratiquaient. C’est aussi au début de la crise que la BDL a cessé d’être en mesure de stabiliser le taux de change, ce qu’elle faisait en puisant dans ses réserves pour intervenir sur le marché.

L’écart entre le taux appliqué pour les retraits via la n° 151 - dont les plafonds mensuels sont limités par les banques et celui du marché - n’a cessé de s’agrandir depuis le début de la crise. Il est actuellement de 15 000 LL pour un dollar (soit le taux officiel au 1er février 2020) contre près de 90 000 LL sur le marché depuis plusieurs mois où circulent les vrais dollars, aussi appelés dollars « frais », par rapport à ceux bloqués dans les banques. Cela veut dire que le déposant perdait, au cours des derniers mois d’application de la circulaire plus de 80 % de la valeur de chaque dollar qu’il retirait de son compte. La monnaie nationale a, elle, perdu plus de 98 % de sa valeur en plus de quatre ans de crise, comparé à l’époque où la parité officielle était de 1 507,5 LL pour un dollar.

La circulaire n°158, publiée le 8 juin 2021, autorise chaque mois des bénéficiaires sélectionnés, selon des modalités précises, à retirer 300 ou 400 dollars « frais » des comptes de « dollars bancaires » ou « lollars ». Les circulaires n°151 et n°158 ont été prolongées plusieurs fois depuis leur lancement. Elles ont aussi coexisté un temps avec la circulaire n°161 qui permettait aux déposants – particuliers, fonctionnaires et entreprises – de convertir des LL contre des dollars au taux de la plateforme Sayrafa opérée par la BDL, qui a toujours été moins élevée que celui du marché, mais plus élevée que le taux officiel C’était donc un moyen d’obtenir des dollars à un taux bonifié.

La distinction entre vrais dollars et dollars bancaires a d’abord été indirectement consacrée par la publication de la circulaire n°151 et de la 150 du 9 avril 2020 (qui a consacré pour la première fois la notion de dollars frais, puis, beaucoup plus explicitement par la circulaire n°165 du 19 avril 2023). La coexistence de plusieurs taux de change entretenus par ce système a favorisé les arbitrages et la spéculation pendant ces années de crise.

Il a aussi permis aux banques de liquider à moindre coût une partie des dépôts en dollars qu’elles auraient dû rendre à leurs clients à leur valeur du marché. Le total des dépôts du secteur privé dans les banques commerciales a atteint 95 milliards de dollars à fin novembre dernier, selon les derniers chiffres disponibles, dont 91,3 milliards devant être en dollars (la partie en LL est comptabilisée depuis le 1er février 2023 au taux de 15 000 LL pour un dollar, contre 1507,5 avant cette date). La proportion entre dollars frais et bancaires n’est pas connue, mais la valeur nominale du second ensemble est beaucoup plus grande. Le total des dépôts (dollars et LL à 1 507,5 LL) a diminué de plus de 40 % depuis fin décembre 2019 en valeur nominale.

La circulaire n° 151 de la Banque du Liban, dont la durée d’application n’a pas été prolongée après son expiration le 31 décembre dernier, devrait connaître son avenir d’ici la fin du mois, selon trois sources bancaires : un dirigeant d’une première enseigne, un cadre dans une seconde et une troisième source proche de la Banque du Liban.Selon les informations relayées par ces...

commentaires (17)

Chers concitoyens. Dites adieu à votre épargne. Le gouvernement en complicité avec les députés et L’ABL font tout pour effacer tous les dépôts ou au mieux de les restituer à 10% de leur valeur. Choisissons un jour du calendrier pour commémorer le plus grand hold up de tous les temps : 100 milliards de dollars volés par les présidents, PM, chef du parlement, ministres, députés, fonctionnaires notamment de la BdL, actionnaires des banques plus leurs proches depuis 1991 jusqu’à ce jour. Je propose le 1er avril car personne au monde ne croit ou ne comprend ce qui nous est arrivé

Lecteur excédé par la censure

19 h 43, le 22 janvier 2024

Tous les commentaires

Commentaires (17)

  • Chers concitoyens. Dites adieu à votre épargne. Le gouvernement en complicité avec les députés et L’ABL font tout pour effacer tous les dépôts ou au mieux de les restituer à 10% de leur valeur. Choisissons un jour du calendrier pour commémorer le plus grand hold up de tous les temps : 100 milliards de dollars volés par les présidents, PM, chef du parlement, ministres, députés, fonctionnaires notamment de la BdL, actionnaires des banques plus leurs proches depuis 1991 jusqu’à ce jour. Je propose le 1er avril car personne au monde ne croit ou ne comprend ce qui nous est arrivé

    Lecteur excédé par la censure

    19 h 43, le 22 janvier 2024

  • Le jour où on me montrera un seul dirigeant ou grand actionnaire de banque retirant ses dollars confisqués au rythme de USD 300/mois (circulaire 158) ou USD 150/mois (nouvelle circulaire remplaçant la 151), ce jour-là je n'en voudrai plus à ceux qui ont mis la main impunément sur mon argent et tellement d'autres.

    Henoud Wassim

    16 h 14, le 22 janvier 2024

  • J’accuse aussi tous les médias libanais ainsi que la majorité des journalistes de couvrir le vol de l’épargne des citoyens en n’osant pas s’attaquer ni même critiquer les coupables ce ce vol en bande organisée. Soit ils sont complices passifs soit ils n’ont pas le courage de le faire de crainte des représailles de cette mafia. Où sont les grands journalistes de la trempe de Georges Naccache ou Ghassan Tueni ou Gebran Tueni? Ils ont été remplacés par des clowns de shows télévisés. Ajoutez les juges pourris, adieu à toute l’épargne des honnêtes travailleurs libanais.

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 13, le 22 janvier 2024

  • J’accuse tous les politiciens des 30 dernières années, tous les fonctionnaires de l’Etat pourri notamment ceux de la BdL, tous les actionnaires des banques et les cadres supérieurs d’avoir pillé, volé et ruiné le pays et les citoyens. Tous mais absolument tous devraient actuellement être derrière les barreaux jusqu’à rembourser le dernier cent volé aux citoyens à partir de leurs fortunes personnelles planqués dans les paradis fiscaux. Certaines victimes n’ont pas survécu au vol de leur épargne. Donc je les accuse aussi d’homicide volontaire. Mais chez nous, les gangsters font la loi couverts

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 41, le 22 janvier 2024

  • À raison de 150 $ par mois, celui qui a un dépôt d'un million de $, il lui faudra 556 ans pour récupérer son dépôt! Très encourageant tout ça. C'est vraiment la blague de l'année. Alors que ceux qui ont volé nos dépôts, il leur faut eux au moins1500 $ par jour pour satisfaire leurs habitudes de vie de luxe effréné! Comble de l'injustice! Ceci ne s'est jamais vu dans aucun pays au monde et à aucune époque de l'histoire! C'est pire qu'un génocide.

    Georges Airut

    01 h 12, le 22 janvier 2024

  • S'il y avait une justice intègre, non corrompue, tous ces banquiers et leurs complices seraient derrière les barreaux depuis belle lurette. Et tous ceux qui ont volé le budget de l'État ces 30 dernières années et transféré leur magôt à l'étranger, auraient été forcés de rendre gorge et de ramener leur butin dans le pays. Et la crise des dépôts aurait été facilement résolue! Mais tant que c'est la même clique qui a volé qui est chargée de résoudre la crise, rien de bon ne va en sortir!

    Georges Airut

    00 h 35, le 22 janvier 2024

  • Il est impératif que les paiements mensuels tiennent compte du montant du dépôt, de l'âge du déposant et de sa situation matérielle. Il n'est pas normal qu'un déposant qui a 3 millions de dollars à la banque reçoive la même somme que celui qui n'a que 30000 dollars sur son compte.

    Georges Airut

    00 h 29, le 22 janvier 2024

  • Elle se moque du monde cette clique composée du gouvernement, de la Banque centrale et des banques. À l'heure où la facture du générateur coûte plus de 150 dollars, on vient nous consentir quelques miettes qui ne suffisent même pas à payer cette facture. Pour une personne à la retraite qui n'a aucun revenu, comment pourra-t-elle vivre avec 150 dollars par mois? Et pour celui qui a déposé un million de $ à la banque, il lui faut donc 47 ans pour voir son million de dollars remboursé alors que dans 47 ans ses petits-enfants seront morts. Pour ces gens-là 150 $ ne suffisent même pas pour 1 jour.

    Georges Airut

    00 h 27, le 22 janvier 2024

  • Un jour, proche je l'espere, il faudra bien punir ces escrocs de la BDL et de l'ABL. Pas seulement pour le vol de l'epargne, mais aussi pour la poursuite de leur escroqueries pendant des annees apres la chute (plus de 4 ans maintenant). Et surtout pour leur arrogance. Il faudra le faire sans pitie, comme ils le sont avec les gens.

    Michel Trad

    18 h 48, le 21 janvier 2024

  • Modérateurs de l’OLJ : censurez et continuez à prendre La Défense de ceux qui ont pillé l’argent public et ruiné 95% de la population. Quel courage !

    Lecteur excédé par la censure

    16 h 52, le 21 janvier 2024

  • Les fripouilles de la BDL toujours au cote des crapules bancaires. 150 $ par mois ? Qui esperent-ils tromper ? Et, peut etre, esperent-ils, en plus, que les epargnants devraient etre eperdus de reconnaissance ? Dans un pays non-mafieux, tous ces clowns encravates de la BDL et de l'ABL auraient ete en prison depuis plus de 4 ans. Gibiers de potences. Tfeeeeeeehhhhh.

    Michel Trad

    15 h 45, le 21 janvier 2024

  • Crime Inc ou l’industrie de l’arnaque

    Alexandra

    13 h 21, le 21 janvier 2024

  • Dès qu’on écrit sa rancoeur, les modérateurs censurent. Ils doivent certainement encaisser plus que 150$ par mois alors pourquoi compatir avec ces retraités pratiquement forcés à la mendicité. Les restaurants sont pleins, les boutiques et les avions aussi. Bref l’égoïsme libanais: j’ai de l’argent (honnête?) je le montre ostensiblement et me fous des autres concitoyens

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 26, le 21 janvier 2024

  • Voleurs oui; à quand le jugement ?

    Charles Cosma

    11 h 08, le 21 janvier 2024

  • Voleurs

    Mohamed Melhem

    07 h 46, le 21 janvier 2024

  • Faibles en math s’abstenir !!!

    fadi labaki

    07 h 40, le 21 janvier 2024

  • La finance au Liban selon la BDL et le gouvernement, c'est l'usine à gaz (sans l'électricité) et le jeu de l'oie avec toujours le déposant dans le rôle du dindon de la farce !

    otayek rene

    00 h 10, le 21 janvier 2024

Retour en haut