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Société - Sécurité

Après le meurtre d'un policier à Gemmayzé, peur et xénophobie en hausse

Le député Ghassan Hasbani (FL) a présenté lundi l’initiative « Chaque citoyen est un gardien », appelant le public à signaler toute infraction à la loi sur une plateforme en ligne.  

Après le meurtre d'un policier à Gemmayzé, peur et xénophobie en hausse

L’intersection qui joint la rue d’Arménie à celle de Gouraud, entre les quartiers de Gemmayzé et de Mar Mikhaël, où a été tué un agent de la municipalité, jeudi soir. Photo L.A.

« Ça fait un bon moment qu’on a peur à cause de l’insécurité… Mais maintenant, on craint de se faire tuer rien qu’en marchant », lâche Marlène* dans son salon de coiffure situé près de l’intersection qui joint la rue d’Arménie à celle de Gouraud, entre les quartiers de Gemmayzé et de Mar Mikhaël. Là où a eu lieu le crime.

Jeudi 11 janvier au soir, Hassan el-Asmi, un policier de la municipalité de Beyrouth, a été abattu par un homme armé, qui avait été arrêté par la police municipale après un contrôle dans le quartier. Détenu dans un fourgon, il avait ouvert le feu avec une arme en sa possession, tuant l’un des agents, puis avait tiré sur un homme passant à moto afin de lui voler son véhicule. Un suspect a été arrêté le lendemain.

Cet incident a rapidement fait monter au créneau les autorités de la ville. Dans une conférence de presse vendredi, le président du conseil municipal de Beyrouth, Abdallah Darwiche, a ainsi affirmé que ce crime « n’entravera pas les efforts visant à imposer l’ordre public, avec l’aide des forces de l’ordre, qui mettront en œuvre un nouveau plan de sécurité » dès le lendemain, sans pour autant détailler ce plan. 

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Lundi également, lors d’une nouvelle de conférence de presse réunissant les mêmes responsables politiques et autorités municipales et locales, un député des Forces libanaises, Ghassan Hasbani, a présenté l’initiative « Chaque citoyen est un gardien » et, en particulier, une application mobile « Tabligh » (rapporter, en arabe, NDLR), supposée aider les forces de sécurité et les habitants des quartiers de Beyrouth à collaborer dans l’optique d’un renforcement de la sécurité. Ces derniers, en envoyant une photo qui sera relayée aux forces de l’ordre, peuvent signaler toute infraction à la loi, « en particulier par ceux qui sont illégalement présents dans la zone… », lit-on dans le communiqué de presse publié le jour-même sur le site des FL.

« Ce n’est pas raciste, cela concerne toutes les personnes qui enfreignent la loi pour qu’elle soit appliquée », se défend le député contacté par L’Orient-Le Jour, qui ajoute que cette initiative est une résultante du « manque de capacité » des forces sécuritaires. Il indique que la plateforme a été partagée auprès d’environ 30 000 numéros.

En dénonçant dans son discours « l’augmentation du nombre de personnes illégalement présentes dans les régions d’Achrafieh, de Rmeil, Saïfi et Medawar », Ghassan Hasbani alimente l’idée répandue au Liban selon laquelle une hausse de l’insécurité serait due à la présence de réfugiés syriens. Pourtant, les derniers chiffres des FSI, datant du 5 janvier 2024, relèvent une baisse de 62,6 % du taux de criminalité entre 2022 et 2023, dont une réduction des homicides de près de 11 %.

« Chaos sécuritaire »

Du côté des riverains, cet homicide n’est pas une surprise, explique Joseph Daccache, gérant d’un magasin de spiritueux et témoin du drame de jeudi dernier, qui connaissait l’agent de la municipalité tué, père de trois enfants. « L’homme armé a été arrêté car il n’avait pas de papiers sur lui. Ils ne l’ont pas fouillé et il a tiré sur le policier pour s’enfuir. Contrairement à ce qui a été relayé dans les médias, Hassan n’a pas reçu de balle dans le cou, mais dans le dos. À ce moment-là, nous l’avons fait rentrer dans mon magasin et j’ai appelé la Croix-Rouge qui est arrivée cinq minutes plus tard, mais il est décédé une heure après », relate-t-il. Pour lui, l’existence d’un « chaos sécuritaire », exacerbé depuis la crise économique, ne fait aucun doute.

Cela fait plusieurs mois que la police municipale a établi un point de contrôle au niveau de cette intersection pour contrôler les va-et-vient des conducteurs de mobylette. « Ce n’est pas à eux de faire ça, ils ne sont même pas armés… » reprend le gérant. Et d’ajouter : « Ce poste de contrôle était utile car il y avait moins de Syriens dans le quartier… Je ne suis pas raciste, mais les crimes sont généralement commis par des Syriens. »

L’arrestation du suspect de nationalité syrienne est venue donner du grain à moudre à ceux qui appellent au retour des migrants dans leur pays. En octobre 2023, le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, avait alors avancé que 30 % des crimes sont commis par des ressortissants syriens. Un chiffre qui avait été contesté par plusieurs organisations comme Human Rights Watch, qui considère entre autres que compte tenu du nombre de crimes impunis, ces statistiques sont à prendre avec des pincettes. Mais auprès de l’opinion publique, certaines perceptions ont la vie dure.

« Les Syriens sont encore plus armés que les Libanais. Je pense que ce genre de chose va continuer à augmenter au vu de la situation… » croit savoir un autre commerçant, qui va jusqu’à dire que la police municipale devrait être armée et entraînée pour gérer la sécurité. « Les forces de sécurité ne parviennent plus à faire leur travail à cause de la crise. Quand nous essayons de faire appel à elles, elles nous disent qu’elles n’ont pas d’essence pour se déplacer », raconte-t-il. Siham*, manager dans un magasin du quartier, confie quant à elle ne pas avoir davantage peur depuis cet incident. « C’est une situation exceptionnelle. »

Selon la source sécuritaire précitée, 44 % de la population carcérale serait étrangère – dont 30 % de Syriens. Ghassan Hasbani reste sur sa ligne : « Cette information induit en erreur… Ce n’est pas parce qu’il y a plus de Libanais dans les prisons qu’ils commettent plus de crimes que les Syriens, peut-être que ces derniers ne sont pas tous arrêtés à cause de la surpopulation carcérale. » De son côté, la source sécuritaire souligne, elle, qu’en 2023, deux homicides ont été commis à Beyrouth. « Quelle autre capitale peut se targuer d’un taux aussi faible ? » s’interroge-t-elle.

* Les prénoms ont été modifiés à la demande des personnes interrogées. 

« Ça fait un bon moment qu’on a peur à cause de l’insécurité… Mais maintenant, on craint de se faire tuer rien qu’en marchant », lâche Marlène* dans son salon de coiffure situé près de l’intersection qui joint la rue d’Arménie à celle de Gouraud, entre les quartiers de Gemmayzé et de Mar Mikhaël. Là où a eu lieu le crime. Jeudi 11 janvier au soir, Hassan el-Asmi, un...

commentaires (10)

La situation se dégraderait-elle jusqu'au point où le dicton du montagnard libanais se transformera comme suit : "Qu'il est chanceux celui qui possède un clos aux chèvres en dehors du Liban !" ???

Chucri Abboud

14 h 04, le 17 janvier 2024

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Commentaires (10)

  • La situation se dégraderait-elle jusqu'au point où le dicton du montagnard libanais se transformera comme suit : "Qu'il est chanceux celui qui possède un clos aux chèvres en dehors du Liban !" ???

    Chucri Abboud

    14 h 04, le 17 janvier 2024

  • Il y a toujours des âmes bien pensantes pour nous faire croire que tout va très bien dans le meilleure des mondes. Quand ça explose on verse des larmes de crocodiles et balance des "Si on savait" ! HN a provoqué une guerre en 2006 et nous avions fini avec cette fameuse phrase, Tapioca Président prétendait que tout allait bien et nous a conduit en enfer paupérisant le pays et le Hamas doit se morfondre dans ses tunnels voyant toutes ses attentes partir en fumée et son peuple trucidé sans que personne ne sourcille. Ils ne l'ont pas vu venir celle la! Apparemment nos politique non plus!

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    09 h 37, le 17 janvier 2024

  • Attention Attention les scénarios pré 1975 se répètent. L’auto-sécurité risque bientôt de s’imposer face à la défaillance de cet État pourri dont les représentants ne pensent qu’à s’enrichir en négligeant complètement les problèmes aussi importants que la nouvelle occupation sociale syrienne. FL Kataeb CPL PNL, SVP préparez vous pour assurer La Défense des zones chrétiennes libres face à ce danger imminent. OLJ courage, publiez!

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 13, le 17 janvier 2024

  • "xenophobie", vous aimez lâcher les grands mots, dans un pays où plus de 50% de la population est refugiée.

    Kaldany Antoine

    06 h 39, le 17 janvier 2024

  • Les syriens doivent rentrer en Syrie immédiatement.

    K1000

    20 h 45, le 16 janvier 2024

  • Le Far West

    Eleni Caridopoulou

    16 h 53, le 16 janvier 2024

  • Même discours déconnecté de la réalité, digne de Mickey et Minnie où "tout le monde il est gentil". Nous allons subir pendant des décennies l'accueil anarchique et irresponsable du "Wir schaffen das" allemand.

    Dehaes Laurent

    15 h 30, le 16 janvier 2024

  • "… en particulier par ceux qui sont illégalement présents dans la zone …" - et on les reconnaît à quoi?

    Gros Gnon

    14 h 32, le 16 janvier 2024

  • "…

    Gros Gnon

    14 h 32, le 16 janvier 2024

  • Ce n'est pas de la Xénophobie. C'est comme cela que les mafias commencent, armées d'une manière désorganisée puis elles s'organisent, elles feront du racket aux commercants pour "les protéger" ou bien ce sera le même scénarion qu'avec les palestiniens d'arafat qui s'était armés et avaient instauré un pays dans un pays. Ce n'est pas du racisme lorsqu'une population de 4 millions d'habitants subit plus de 2 millions d'étrangers qui à terme, vont créer leur propre police et armée sous pretexte de protéger leurs compatriotes syriens parce que "certains" accusent les libanais de XÉNOPHOBIE !!!

    LE FRANCOPHONE

    14 h 15, le 16 janvier 2024

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