Encore plus épouvantable que la guerre, nous voilà revenus aux sketches permanents sur ce que Balzac appelait « l’envers de l’histoire contemporaine ». Après le numéro d’héroïsme sanglant du Hamas dans les kibboutz et les missiles à domicile israéliens à Gaza, en passant par Sinouar, l’Homo barbudens des tunnels, et le Netanya… hué copieusement à Tel-Aviv, il est réconfortant de savoir que nos bouseux locaux, eux, continuent encore à s’attraper pour des broutilles.
Comme d’une façon générale ils ne s’entendent plus sur rien, ils nous exhibent ce qu’ils maîtrisent le mieux : l’élasticité des matériaux. On allonge, rallonge et prolonge les mandats vers une reconduction sans cesse étirée. Y a des Nobel de physique qui se perdent…
Istiz Nabeuh ne retient plus sa joie, comme sa vessie d’ailleurs. À califourchon sur un nuage, il parle de reproduire pour l’élection présidentielle le négoce qui a permis d’étendre le mandat du bidasse en chef de l’armée. Alors, il enfile à grands coups de cymbales les poncifs autosatisfaits, assortis de pensées définitives sur les « vertus du dialogue », « le respect des institutions », « la responsabilité partagée » et naninanère… Traduction sans langue de bois : le tenancier du Parlement s’en tape. Nous aussi !
Mais brandir le dialogue est une chose, le pratiquer en est une autre. Comment se parler, quand le Sayyed Barbu sirote son thé au fond de son trou et n’envoie que des sous-fifres à la causette ; quand Mikou soubresaute d’un Conseil des ministres à l’autre, dans l’espoir de retrouver sa planque de pleine fonction au Grand Sérail ; quand le Haut-Perché de la Chambre continue de nous abreuver d’initiatives bidon en jouant les roues de secours du Hezbollah…
Si bien que la seule animation qui nous a été donnée à voir cette semaine a été la bronca du Basileus grognon devant les applaudisseurs de son fan club, après qu’il a dégluti son chapeau dans l’affaire de la prolongation. De toute façon, avec les arguments qu’il leur a servis, ils auraient tout aussi bien acclamé un réverbère.
Prochain sujet en or : la nomination d’un chef d’état-major. L’occasion pour les uns et les autres de se castagner, pendant que les gueux d’en bas, oubliant la crise et le chômage, suivront passionnément leurs gesticulations bouche bée et touffe au vent.
Finalement, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre dans cette République bananière qui a perdu ses bananes, mais gardé ses épluchures. On a beau farfouiller dans les recoins les plus reculés de leurs neurones engourdis, on ne trouve que des synapses branlantes, agitées par les caprices contradictoires, sans autre perspective que de regarder le Liban au fond des aïeux…
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (9)
Excellent comme toujours. Merci. Joyeux Noël tout de même ?
Brunet Odile
12 h 21, le 26 décembre 2023