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Nos Lecteurs ont la Parole

Le monde de l’amour

J’éteins mon téléphone et je ferme les yeux… Des messages de joyeux Noël, des publicités pour des cadeaux, des photos de tables qui croulent sous le poids des plats festifs et des desserts de rêve. On est loin de la petite crèche humble où Jésus a choisi de naître.

Loin de moi les discours moralisateurs et les critiques, mais les questions s’entrechoquent dans ma tête et demeurent sans réponse. Je cherche désespérément des explications, des solutions, mais en vain. Seule la nostalgie éveille en moi quelques souvenirs heureux qui me semblent désormais appartenir à un autre monde. Un monde qui n’a peut-être jamais existé, mais grâce auquel j’ai pu vivre quelques années de « paix ». Ces années de mon enfance où les fêtes étaient plus simples et les cadeaux plus modestes. En ce temps-là, les familles n’étaient pas encore brisées, éparpillées aux quatre coins du monde, fuyant une apocalypse quotidienne. Dans les maisons, une crèche et un sapin suffisaient pour la décoration. La perspective de se réunir tous, vieux, jeunes et enfants, autour d’une même table, pour une longue veillée, réchauffait les cœurs. Le père Noël n’était pas encore arrivé chez nous et papa nous distribuait les cadeaux lui-même après le repas. Pas plus d’un cadeau par enfant ! Que d’excitation et de joie, le sang courait allégrement dans nos veines. Papa se mettait ensuite au piano et maman nous chantait les cantiques de Noël. Sa voix cristalline, pleine de douceur, nous calmait, nous emportait dans un monde magique, le monde des enfants un soir de Noël, le monde de l’innocence, le monde de l’amour…

L’amour, une illusion de nos jours… Autour de nous, c’est l’horreur, le chaos, l’enfer. Des enfants angoissés, perdus, fixant d’un regard incrédule les décombres de ce qui avait été leur maison. Des parents paralysés par la peur de découvrir sous les gravats leurs enfants aux yeux éteints. Une odeur de mort nauséabonde, écœurante, qui flotte partout. Au-dessus des immeubles aplatis, rasés par les bombardements, des zombies hagards errent, un cadavre ou deux entre les bras, futurs cadavres eux-mêmes… Des hurlements jaillissent parfois dans l’obscurité glacée de la nuit, appels au secours d’enfants seuls ou de blessés agonisant sans soutien et sans le moindre soin. Les cloches de Noël sonnent le glas des valeurs humaines. Le sapin de Noël brûle et consume tout sur son passage. Les lumières dans la crèche vide ne scintillent plus. L’Enfant Jésus a trop vite grandi. Sur la croix en proie à des souffrances intolérables, la peur s’empare de Lui, alors, levant la tête vers le ciel, Il porte notre message, notre désespoir et notre impuissance et s’écrie : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? »


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

J’éteins mon téléphone et je ferme les yeux… Des messages de joyeux Noël, des publicités pour des cadeaux, des photos de tables qui croulent sous le poids des plats festifs et des desserts de rêve. On est loin de la petite crèche humble où Jésus a choisi de naître. Loin de moi les discours moralisateurs et les critiques, mais les questions s’entrechoquent dans ma tête et...

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