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Politique - Présidentielle

Le Drian mardi soir à Beyrouth : une nouvelle mission... sur fond de guerre

« Le temps où les émissaires internationaux venaient discuter de noms avec les chefs de file libanais est révolu », résume pour « L’Orient-Le Jour » une source diplomatique occidentale basée à Beyrouth.

Le Drian mardi soir à Beyrouth : une nouvelle mission... sur fond de guerre

L'émissaire français pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, arrivant à Aïn el-Tiné, le 15 septembre 2023. Photo Mohammad Yassine

Jean-Yves Le Drian, chapitre IV. L’émissaire spécial de l’Élysée pour le Liban est attendu mardi soir à Beyrouth pour une nouvelle tournée auprès des chefs de file politiques. Objectif ? Tenter, pour la quatrième fois, de débloquer l’échéance présidentielle, totalement paralysée depuis juin dernier. Sauf que ce quatrième séjour beyrouthin de l’ex-ministre français des Affaires étrangères intervient dans un contexte tendu, marqué par la guerre opposant depuis le 7 octobre dernier le Hamas à Israël. Un conflit dans lequel le Hezbollah est impliqué à partir du Liban-Sud. Alors que la communauté internationale presse pour épargner au pays du Cèdre une réédition du scénario de juillet 2006, Jean-Yves Le Drian – appuyé par le quintette impliqué dans le dossier libanais (États-Unis, Arabie saoudite, France, Égypte et Qatar) – vient souligner « l’urgence » d’élire un nouveau président de la République, premier pas sur la voie du « redémarrage » du pays. Mais de quel président s’agira-t-il ? La réponse est toujours entourée de flou. D’autant que l’envoyé spécial de l’Élysée ne vient pas discuter de noms de candidats potentiels, mais pour évoquer l’option de la « troisième voie », notion qu’il est parvenu à consacrer lors de sa troisième visite au Liban, en septembre dernier.

« Le temps où les émissaires internationaux venaient discuter de noms avec les chefs de file libanais est révolu », résume pour L’Orient-Le Jour une source diplomatique occidentale basée à Beyrouth. Elle confie, par ailleurs, que l’émissaire français devrait entamer ses entretiens mercredi avec le président de la Chambre, Nabih Berry, et le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, les deux dirigeants de facto du pays en période de vacance présidentielle. Il devrait se réunir aussi avec les chefs de file des principaux partis politiques présents à la Chambre, dont le Hezbollah auquel la France était la seule puissance occidentale à tendre la main. À un moment donné, Paris a en effet soutenu un troc entre l’élection à la présidence du candidat soutenu par le tandem chiite Amal-Hezbollah, à savoir le chef des Marada, Sleiman Frangié, et la nomination d’un Premier ministre proche de l’opposition. « Le but premier était de mettre sur les rails le processus de réformes », confie la source diplomatique citée plus haut, affirmant que la page du troc en question est définitivement tournée.

« Ce séjour s’inscrit dans la continuité de la visite de septembre qui avait été marquée par plusieurs points importants, notamment au niveau du mécanisme de l’élection », rappelle un diplomate qui a requis l’anonymat. Une référence au fait que Jean-Yves Le Drian avait réussi à consacrer le principe de l’élection du futur chef de l’État à la faveur de tours de vote successifs, comme l’avait proposé le président de la Chambre lors d’un discours prononcé le 31 août dernier. Sauf que l'initiative de M. Berry consistait à ce que les tours de votes successifs soient précédés par une table de dialogue élargie qui s’étalerait sur une semaine. Une option qui s’était heurtée au veto de l’opposition hostile à tout dialogue avec le Hezbollah et ses satellites. Cette rigidité avait poussé l’émissaire français à remplacer le terme « dialogue » par un appel à des « concertations » élargies qui devraient déboucher sur une entente autour de l’élection d’une figure de troisième voie.

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Cette approche n’est pas uniquement celle de la France, puisque M. Le Drian s’active au nom du groupe des Cinq. Selon les informations obtenues par notre journal, l’émissaire français se rendra à Riyad pour un entretien avec Nizar Alaoula, chargé du dossier libanais au sein de la cour royale saoudienne, avant d'arriver à Beyrouth. Il s’est également rendu à Doha deux semaines après le début de la guerre à Gaza, apprend-on de source informée. « Nous sommes en coordination continue au sein du quintette », affirme un diplomate basé au Liban, reconnaissant toutefois que des divergences existent entre les pays concernés. « C’est surtout l'idée de fixer un délai aux acteurs libanais pour accomplir leur devoir qui a fait divergence », raconte le diplomate. Lors des réunions à Paris et à Doha, L'OLJ avait en effet révélé que l'idée d'imposer des sanctions sur les protagonistes libanais qui bloquent l'échéance avait été avancée par Riyad et soutenue par Washington. Mais faute d’unanimité, l’idée a été mise de côté et son examen reporté.

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Qui dira donc quoi à Jean-Yves Le Drian ? Grosso modo, tous les protagonistes campent sur leurs positions traditionnelles. C’est bien entendu le cas du Hezbollah qui demeure attaché à son candidat Sleiman Frangié, affirme à L’OLJ le porte-parole de la formation, Mohammad Afif Naboulsi. « De toute façon, je crois qu’il ne va pas nous parler de la présidentielle, mais de l’importance de la résolution 1701 (2006, du Conseil de sécurité) en cette période », dit-il.  Selon nos informations, l’émissaire français pourrait bien proposer à ses interlocuteurs une entente élargie autour d’un package-deal qui inclurait la présidence, le futur gouvernement et la question de la frontière Sud.

Devant cette rigidité du Hezbollah, les partis chrétiens majoritaires s’en tiennent à la candidature de Jihad Azour, ancien ministre des Finances qu’ils avaient décidé de soutenir en juin dernier face à Sleiman Frangié. Ils se disent toutefois ouverts à une option de « troisième voie ». « La guerre de Gaza a montré l’importance d’élire un président loin du camp de la moumanaa (mené par le Hezbollah). Nous sommes ouverts à une troisième voie », déclare le porte-parole des Forces libanaises, Charles Jabbour. Lundi, le chef du parti, Samir Geagea, a déclaré à Radio Liban Libre « attendre » l’envoyé spécial de Paris, « dont l’objectif de la visite n’est pas encore clair ».

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Mais si les ténors de l’opposition sont pour une figure de compromis, ils risquent de ne pas pouvoir compter sur leur allié ponctuel, le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, qui rejette catégoriquement l’élection du commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, de plus en plus perçu comme une figure susceptible d'incarner cette « troisième voie ». « Notre veto sur ce plan est catégorique. Et nous allons l’exprimer devant M. Le Drian », tranche Nagi Hayek, vice-président du CPL pour les affaires extérieures, réitérant le « non » tout aussi catégorique de sa formation à une prorogation du mandat de Joseph Aoun à la tête de l’armée (avant son départ à la retraite le 10 janvier). De quoi (à nouveau) compliquer la tâche de Jean-Yves Le Drian. 

Jean-Yves Le Drian, chapitre IV. L’émissaire spécial de l’Élysée pour le Liban est attendu mardi soir à Beyrouth pour une nouvelle tournée auprès des chefs de file politiques. Objectif ? Tenter, pour la quatrième fois, de débloquer l’échéance présidentielle, totalement paralysée depuis juin dernier. Sauf que ce quatrième séjour beyrouthin de l’ex-ministre français des ...

commentaires (1)

Pour votre gouverne Monsieur le Drian, le problème libanais ne sera pas réglé par le simple fait d’élire un président. Tout va dépendre du président qui sera élu et non imposé. Le peuple libanais a déjà donné dans les présidents marionettes qui ont mené le pays à l’enfer qu’on connaît sans vergogne ni remords. Le prochain président devrait avoir toutes les qualités requises pour si diriger un pays exsangue encore faut il lui donner les moyens en aménageant le terrain en amont pour lui faciliter la tâche. Vous savez pertinemment que le HB ne reculerait devant rien pour le matter puisque armé.

Sissi zayyat

12 h 29, le 29 novembre 2023

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Commentaires (1)

  • Pour votre gouverne Monsieur le Drian, le problème libanais ne sera pas réglé par le simple fait d’élire un président. Tout va dépendre du président qui sera élu et non imposé. Le peuple libanais a déjà donné dans les présidents marionettes qui ont mené le pays à l’enfer qu’on connaît sans vergogne ni remords. Le prochain président devrait avoir toutes les qualités requises pour si diriger un pays exsangue encore faut il lui donner les moyens en aménageant le terrain en amont pour lui faciliter la tâche. Vous savez pertinemment que le HB ne reculerait devant rien pour le matter puisque armé.

    Sissi zayyat

    12 h 29, le 29 novembre 2023

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