Silence, les manants ! Retenez votre respiration, et par la même occasion votre haleine surchargée des relents de l’automne nauséeux : notre ministre du Dehors se repose. Les orteils en éventail plongés dans une bassine, Abdallah Bou Habib suspend ses neurones et espère... Et il attend quoi, le planqué aux AE ? Ben voyons, de digérer doucement les kilomètres d’anacondas que les frérots d’Assadie lui ont donné à avaler sur les réfugiés syriens au cours de sa dernière visite à Damas.
À en croire Fayçal Mekdad, son homologue aux Affaires qui lui sont totalement étrangères, l’Ophtalmo calcifié des rives du Barada saigne du palpitant et n’a plus qu’une saillie à la bouche depuis que le fils de Poutine l’a remis en selle : « Laissez venir à moi les p’tits Syriens ! »
Une douleur qu’il parvient admirablement à masquer pourtant devant son suzerain russe, qui avait largement contribué à ratisser large en abreuvant la population syrienne de projectiles aériens divers. La politique est l’art de l’adaptation…
Pour le reste, les deux ministres se sont contentés d’aligner les lieux communs : Israël c’est caca, la résistance vaincra ! Mamelles éternelles et fond de commerce commode de la gouvernance arabe, qui depuis des décennies permettent au nom de l’effort de guerre d’affamer la piétaille et d’engraisser la canaille.
Seulement cela fait lurette que les régimes en place ne font plus les guerres, avantageusement remplacés par les milices de tous poils et barbes. Souvenez-vous : chez nous, la guerre de juillet 2006 nous avait ramenés 20 ans en arrière. Mais n’est-elle pas belle, la vie ? Dix-sept années sont passées déjà, ce qui fait qu’il ne nous reste plus que les trois dernières à rattraper. À moins qu’à la faveur des bombes qui s’abattent sur Gaza, la libido guerrière du Hezbollah ne le titille à nouveau et qu’il ne soit tenté d’en faire un copier/coller pour relancer la machine à remonter le temps. Et ce n’est certainement pas le gouvernement déglingué de Mikou, détenteur théorique des pouvoirs, prérogatives et hémorroïdes d’un président virtuel de la République qui l’en empêchera.
Mais ce n’est pas bien grave. Nous avons déjà expérimenté les balles, les grenades, les bombes, les obus, les roquettes, les missiles… Nous avons eu les orgues de Staline pour les jours de fêtes et le piano de Chopin pour les nuits de deuil. Aujourd’hui, le tableau de chasse s’enrichit de l’armada US qui fait des ronds dans l’eau en Méditerranée. Une flotte que les comiques troupiers locaux attendent de pied ferme, torse stratégiquement bombé face aux embruns. Et dire que Joe Biden lui-même n’y avait pas pensé...
Qu’est-ce qu’il doit se marrer l’ex-Victorieux divin au fond de son trou… Une seule arme lui manque encore, mais patience !
Le jour venu, le monde verra alors de quel uranium iranien il se chauffe...
gabynasr@lorientlejour.com
Peut-être hors-sujet, à l'attention de l'OLJ (vous n'êtes pas obligés de me publier) : pourquoi ne peut-on également commenter les excellents éditoriaux de M. Ghorayeb? Qu'il me soit permis de le remercier ici.
19 h 19, le 01 novembre 2023