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Nos Lecteurs ont la Parole

D’un « déluge » à l’autre...

Gaza agonise. Gaza s’assèche de son sang. Gaza se vide de sa vie au rythme d’un déluge de feu, de fer, de férocité.

Le 31 juillet 2014 déjà, dans une tribune au Figaro, Dominique de Villepin appelait à « lever la voix face au massacre perpétré à Gaza » et en faisait un devoir pour la France. Aujourd’hui plus que jamais, cet appel se révèle d’une nécessité intemporelle.

Le 7 octobre courant, la responsabilité d’une attaque commise contre des civils israéliens est extrapolée à une communauté tout entière, les Palestiniens. Cette séquence tragique est une énième manifestation poignante d’un conflit enraciné dans l’histoire depuis 75 ans. Une sanction sanglante est imposée de manière indiscriminée à Gaza.

Aucune justification ne saurait absoudre la perte tragique d’une vie civile, qu’elle soit palestinienne ou israélienne. L’acte terroriste, en s’attaquant à des civils, peint une négation insoutenable de notre humanité. Cette négation est intolérable.

Est intolérable également le dévoiement de la concevable volonté de défense en une riposte aveugle, indifférenciée. Qu’une collectivité entière expie, par le tribut du sang, les atrocités de quelques-uns franchit une limite morale et légale. Le droit international humanitaire, rappelons-le, ne peut être appliqué de manière sélective en fonction des circonstances.

Sinistre prélude à une tragédie inexorable, cette avalanche punitive alimente une spirale pernicieuse de violence et fournit un terreau fertile à la radicalité sauvage.

Sur la scène du théâtre mondial, les cris de désespoir qui s’élèvent de la plus grande prison à ciel ouvert se heurtent, au mieux, à un funeste silence, au pire, à l’expression de discours belliqueux, de faveurs partisanes ou d’un opportunisme politique indignant.

Le spectacle du drame qui se joue sous nos yeux secoue jusque dans ses fondations la croyance que chaque vie possède une valeur équivalente. Cet axiome est finalement illusoire. Le double standard gangrène le débat. La conscience collective mériterait que l’on plante profondément une écharde morale tranchante dans son flanc.

Désormais soumise à un « état de siège total » ordonné par Israël, privée d’eau et d’électricité, une pluie de bombes s’abattent impitoyablement sur Gaza. Elles ont contraint un million de personnes au déplacement et réclamé plus de 3 000 vies, s’écrasant même sur des enceintes d’écoles et d’hôpitaux. Dans ce déchaînement d’horreurs, la soirée du 17 octobre 2023 s’inscrit dans les annales de l’abomination : un carnage sévit dans un hôpital, coûtant des centaines de vies. Les sanctuaires sont désormais des cimetières.

Le peuple est épouvanté, terrorisé jour et nuit. Anéanti, il assiste, démuni, à son crépuscule.

C’est la culmination d’un tourbillon infernal, marqué par la perpétration et la consolidation de l’occupation. Un tourbillon impuni rythmé d’expulsions, d’humiliations, d’exactions, de massacres, des terres de Gaza à celles de la Cisjordanie. Une violence structurelle qui s’érige en violation flagrante du droit international, y compris des résolutions pertinentes de l’ONU.

L’histoire montre que les affrontements les plus atroces portent en eux les graines de la paix. Une résolution complète et durable du conflit israélo-palestinien nécessite l’établissement d’un État palestinien indépendant sur les territoires occupés en 1967. Outre son caractère immoral et illégal, le maintien du statu quo favorise les intérêts de l’occupant aux dépens du peuple occupé, perpétuant un cycle inextinguible de brutalités.

Il en va de la responsabilité des parties prenantes et du Conseil de sécurité de le briser. Au-delà de la responsabilité, il s’agit d’un devoir moral, juridique et politique de passer d’une logique de gestion de la situation à son règlement. Et de faire émerger un avenir juste et pérenne, fondé sur la coexistence pacifique de deux États.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Gaza agonise. Gaza s’assèche de son sang. Gaza se vide de sa vie au rythme d’un déluge de feu, de fer, de férocité. Le 31 juillet 2014 déjà, dans une tribune au Figaro, Dominique de Villepin appelait à « lever la voix face au massacre perpétré à Gaza » et en faisait un devoir pour la France. Aujourd’hui plus que jamais, cet appel se révèle d’une nécessité...
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