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Société - Guerre Israël-Hamas

Rester ou partir ? Le dilemme des ressortissants étrangers au Liban

Le flou entourant la situation sécuritaire et les avertissements de plus en plus clairs de la part des ambassades poussent de nombreuses personnes à reconsidérer leur présence dans le pays.

Rester ou partir ? Le dilemme des ressortissants étrangers au Liban

Beaucoup d'expatriés considéreraient désormais le départ, mais pas sans un pincement au cœur. Photo d'archives AFP

Si les Libanais restent suspendus à l’évolution de la situation à la frontière sud du pays, guettant les moindres signes annonciateurs d’une extension du conflit israélien sur le sol libanais, c’est aussi le cas des expatriés et des doubles nationaux qui y résident, alors que de nombreuses ambassades ont accentué leurs mises en garde ces derniers jours. Il y a ceux qui plient bagage, ceux qui veulent se donner un peu de temps, craignant toutefois une dégradation soudaine de la situation, et tous les autres, qui ne parviennent pas encore à trancher le dilemme.

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Les étudiants sont nombreux à se retrouver dans cette situation inédite pour eux. Leila*, une étudiante égyptienne de 24 ans en politique internationale à l’AUB, se dit « inquiète » et craint que la situation « ne dégénère rapidement au Liban ». « Mes parents ne font pas encore pression sur moi, mais se font du souci », dit-elle. Pour l’instant, la jeune femme préfère « attendre encore un peu pour voir ce qui va se passer », tout en se préparant à l’éventualité du départ, et espérant que l’université passera à l’enseignement en ligne.

Participant à un programme d’échange avec une université francophone libanaise, Jean*, 20 ans, vit dans une famille d’accueil. « C’est peut-être pour cela que je ne panique pas autant que les autres étudiants français qui vivent en colocation », dit-il. Si sa faculté française « encourage vivement ses étudiants à rentrer », il préfère attendre un ordre de l’ambassade « et ce n’est pas le cas pour l’instant », dit-il. Car le jeune homme a vraiment envie de rester au Liban, d’où le fait qu’il opte pour une solution médiane, celle de voyager quelques jours pour voir comment les choses vont évoluer alors que la plupart des étudiants en programme d’échange comme lui « sont déjà partis ou s’apprêtent à le faire ».

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Andreas, étudiant libano-autrichien de 18 ans, affirme que le départ en Autriche « n’est pas une option pour (sa) famille pour l’instant ». Bien qu’ils aient la possibilité de résider en Autriche, les parents d’Andreas n’abandonneront pas facilement l’école qu’ils ont fondée ici. « Si la guerre éclate, nous préférons nous réfugier à la montagne », dit-il.

De tous les étudiants interrogés, c’est Merilin, une Libano-Ukrainienne de 21 ans, étudiante en master, qui fait face au choix le plus cornélien. Sa famille se trouve entre ces deux pays en guerre et en crise. Même si elle espère aujourd’hui que la situation n’empirera pas, elle affirme que sa décision de rester au Liban est « sans équivoque ».

« Les Libanais ne méritent que la paix »

De dilemme pour les étudiants de passage, l'incertitude devient déchirement pour les professionnels de diverses nationalités qui se sont installés, parfois depuis longtemps, au Liban. C’est le cas de Peter*, 56 ans, originaire d’Europe de l’Est (il préfère ne pas préciser sa nationalité), consultant auprès d’une ONG qui travaille sur la migration, qui scrute les groupes WhatsApp d’expatriés pour suivre l’évolution des événements. « La majorité de mes amis étrangers sont toujours là, ils ne partiront que si leurs ambassades le leur demandent, dit-il. Mais aucun d’entre nous ne veut partir. Nous avons beaucoup d’amis libanais, nous connaissons leurs histoires, ils ne méritent que la paix. »

Pour Antje, ancienne journaliste allemande résidant au Liban pour perfectionner sa maîtrise de la langue arabe, la décision de partir ne sera prise que si « le Liban entre franchement dans la guerre ou que (son) ambassade donne des directives claires ». Et même dans ce cas, elle resterait dans la région, en Turquie probablement, pour rentrer au Liban une fois la tempête passée, parce qu’elle « n’a pas envie de quitter le pays ».

« Ce qui me fait peur est de devoir quitter le Liban un jour contre mon gré. Et de perdre tout cet effort en vue d’améliorer l’attractivité de ce “diamant de pays” auprès des entreprises françaises », abonde Franck, un entrepreneur et bénévole associatif de 47 ans. Ce Français marié à une Libanaise et père de famille, craint notamment « l’impact des dernières prises de position françaises sur la perception que l’on a de nous ici ».

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Fritz, 46 ans, de nationalité allemande, est volontaire dans une ONG active au Akkar, et il se trouve au Liban depuis dix ans. « Je suis inquiet, bien sûr, comme tout le monde », affirme-t-il. Mais il se voit mal quitter la région « à moins que tout le village où nous sommes basés ne soit évacué », parce qu’il se sentirait mal « d’abandonner tous ces gens ». Son collègue chinois Yang, 29 ans, s’en remet à son ONG « qui décidera de nous évacuer le moment venu ». « Et puis nous sommes au Akkar, les habitants locaux m’ont raconté que les Israéliens n’avaient bombardé que les infrastructures en 2006, pas les habitations, donc je ne me sens pas très inquiet », résume le jeune Chinois.

D’ordinaire flegmatique le Néerlandais Ruben, 40 ans, marié à une Libanaise et père d’un petit garçon, habitant Tripoli où il tient un café culturel en même temps qu’il termine sa thèse, a pris du temps à envisager un éventuel départ. « Jusque-là, je n’étais pas vraiment inquiet, mais c’est ma femme qui commence à craindre que la guerre ne s’étende au Liban », dit-il. Le couple envisage donc désormais de partir, bien que momentanément. « Ma hantise, c’est que l’aéroport ne ferme… » 

*Les prénoms ont été changés. 

Si les Libanais restent suspendus à l’évolution de la situation à la frontière sud du pays, guettant les moindres signes annonciateurs d’une extension du conflit israélien sur le sol libanais, c’est aussi le cas des expatriés et des doubles nationaux qui y résident, alors que de nombreuses ambassades ont accentué leurs mises en garde ces derniers jours. Il y a ceux qui...

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Espérons que les 2 millions de syriens se poseront cette question :) :) repartiront ils vers la Syrie ?

LE FRANCOPHONE

20 h 57, le 19 octobre 2023

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Commentaires (2)

  • Espérons que les 2 millions de syriens se poseront cette question :) :) repartiront ils vers la Syrie ?

    LE FRANCOPHONE

    20 h 57, le 19 octobre 2023

  • Rester. OUI. Partir, non. Vous êtes chez vous comme nos parents, cousins, amis le sont chez vous. Et si vous sentez la craint vous envahir, acceptez de venir vivre chez nous, logés, nourris, blanchis. Nous avons trois chambres de libre qui n’attendent que votre venue.

    Mohamed Melhem

    17 h 35, le 19 octobre 2023

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