Merci Sa Sainteté François

Merci au très Saint-Père pour le satisfecit indirect donné au Liban qui a répondu et répond toujours – plus que –

présent à l’accueil de réfugiés, dont les réfugiés syriens plus de 2,5 millions.À la journée mondiale du migrant et du réfugié du 24 septembre 2023, Sa Sainteté exhorta une nouvelle fois à l’accueil des migrants.

De Marseille à Lampedusa et depuis dix ans, Sa Sainteté appelle, exhorte les États, les Églises, les couvents, les associations, les maisons et les personnes à accueillir les migrants : ouvrez vos cœurs, ouvrez vos portes !

Un appel en guise d’impératif humain couronnant la fraternité des hommes et au nom de la dignité humaine par-delà la Bible et l’Évangile, et tous les livres saints.

Mais surtout Sa Sainteté en appelle à « l’effort conjoint de chaque pays et de la communauté internationale qui est nécessaire pour garantir à chacun le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire la possibilité de vivre en paix et dans la dignité sur sa propre terre ».

Et c’est à ce droit que Sa Sainteté déclare et soumet à tous que le Liban et tous les Libanais pour une fois unis autour du problème de la présence des réfugiés syriens, c’est à ce droit et à Sa Sainteté que nous en appelons !

Oui, satisfecit indirect pour le Liban ou plutôt « médaille d’honneur » comme l’a désigné un homme politique libanais interrogé sur le message de Sa Sainteté sur ses appels réitérés à l’accueil, oui décoration bien méritée car le Liban a accueilli près de 50 % de sa population, en fait 42 % aujourd’hui de la population libanaise sont des réfugiés syriens qui continuent à l’envahir aujourd’hui, et ce malgré les vicissitudes par lesquelles passent le pays du Cèdre.

Depuis la guerre faite à la Syrie et celle faite par le régime d’Assad à sa population, année après année le tollé de leur présence, l’impact grandissant sur l’économie du pays déjà exsangue, au-delà de l’impact psychologique, sur les réserves d’eau, de l’électricité fortement rationnée dans tout le pays, et d’autres facilités, les soins hospitaliers, les médicaments, sur les écoles, collèges et universités... les boulots qu’ils disputent aux classes les plus démunies et autres faits et méfaits, drogue, armes, parc immobilier… (Mme Merkel et leur installation dans des maisons construites à cet effet !).

Certes pour tout homme il est un devoir de solidarité en humanité et le Liban bien mieux et bien au-delà du discours de Sa Sainteté a honoré cette solidarité avec les frères syriens qu’il accueille sur son sol.

Mais la communauté internationale les paie en dollars sonnants et trébuchants pour les maintenir au Liban refusant d’envisager un retour, tout au moins dans les zones sûres et pacifiques de la Syrie, faisant fi du poids colossal de leur présence.

L’Occident qui en veut toujours à Assad, refuse le retour des réfugiés en Syrie ainsi que la manne onusienne et autres d’une part et d’autre part il est plus facile d’adopter en Europe des réfugiés libanais plus adaptables que les Syriens.

Alors s’installe une lente déliquescence, un lent délitement de la vie, de la culture, de la trame libanaise de la population en faveur d’un changement de paradigme qui ne dit pas son nom, d’un changement de l’histoire, de l’âme, et du devenir du Liban : c’est une civilisation en péril à laquelle assiste le monde tranquillement.

La famine suite à la Grande Guerre et aux sauterelles qu’a subie le Liban à l’orée du XXe siècle a jeté les Libanais sur les routes du monde mais n’a point changé ni le visage, ni l’aspect, ni l’histoire, ni la culture, ni la population restée au pays du Cèdre et a fait essaimer dans le monde entier une image de la diaspora dont pouvait être fier et se reconnaître le Liban.

Il en va tout autrement aujourd’hui où le ministre libanais de l’Intérieur a fait un appel et une forte mise en garde contre une altération irrémédiable de la démographie du pays (cent mille naissances enregistrées en sus de plus des 2,5 millions).

Jeunes et moins jeunes et des forces vives telles 60 % des personnels de santé quittent le pays.

Avec un gouvernement démissionnaire et à l’origine irresponsable, à qui peut-on s’adresser pour aider les Syriens à rejoindre leurs terres et maisons dans les régions sûres de la Syrie ?

Qui arrêtera l’Union européenne qui menace d’arrêter ses aides au Liban s’il nous en prenait d’envisager de renvoyer les réfugiés chez eux.

Et qui dira à l’ONU, aux puissances occidentales que l’accueil et la solidarité avec les migrants commencent par les aider à rester chez eux : le Libanais veut rester chez lui mais on refuse de voir qu’on le jette sur les routes migratoires de la Méditerranée. Le Libanais n’a pas besoin, ne veut pas être accueilli : il voudrait pouvoir rester chez lui et user de ce droit que Votre Sainteté appelle de ses vœux, le droit à ne pas émigrer, le droit au libre choix d’émigrer ou de rester.

Seule Votre Sainteté est à même de réveiller les consciences et d’appeler à la solidarité avec tous ceux qui accueillent, reçoivent, partagent, en souffrent, en subissent le poids et contrepoids.

Votre sollicitude paternelle ne les oublie pas sans doute, mais autorité morale mondiale, écoutée par le monde entier et ses dirigeants vous en êtes le seul recours.

Sans l’aide du Père et du Pasteur pour se soucier de ceux qui accueillent, il y a péril en la demeure car comme le dit M. Le Drian « aujourd’hui le pronostic vital du Liban est engagé », il risque de perdre à jamais son visage et son moi uniques et de voir ses hommes, femmes et enfants jetés sur ou dans les eaux de la Méditerranée.

Comme vous et par vous très Saint-Père, nous voulons « une Église qui bouge le monde » (Chesterton).

Ambassadrice, professeure de géopolitique et de relations internationales

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