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Société - Témoignages

Au Liban, la crainte de revivre le scénario de 2006

Deux jours après le début des combats entre le Hamas et Israël autour de la bande de Gaza, l’inquiétude d’un engrenage infernal grandit aux quatre coins du pays.

Au Liban, la crainte de revivre le scénario de 2006

Un pont effondré à Rmeylé, près de Saida, en juillet 2006. Photo Ahmad Mantache

« Je suis terrifiée », lâche Fatima, une habitante de Minié, près de Tripoli. Elle en est persuadée : « Le Liban va être entraîné dans une nouvelle guerre ». Au lendemain de l’offensive surprise lancée samedi matin par le Hamas en territoire israélien, le Hezbollah a revendiqué plusieurs tirs de roquettes vers l’État Hébreu. Une provocation ayant entraîné une riposte immédiate de l’artillerie israélienne sur le sud du Liban, où les avis oscillent entre la crainte d’une escalade militaire et la volonté de relativiser des troubles qui sont, jusqu’à présent, concentrés autour de la bande de Gaza.

Pour certains, la peur de revivre le cauchemar de la guerre n’a jamais semblé aussi vivace. « Je crains que la guerre de 2006 ne soit rien à côté de ce qui se trame. J’ai peur que le Hezbollah nous entraîne encore une fois dans l’engrenage », s’inquiète Fatima. En juillet 2006, le parti pro-iranien avait capturé deux soldats israéliens, ouvrant un second front, alors que Tel-Aviv menait une opération militaire d’envergure contre le Hamas à Gaza, entrainant une riposte qui transforma le Liban en champ de bataille. « Cette fois,  il y aura l’Iran, la Syrie, les États-Unis, la Russie… Ce sera une guerre générale », poursuit-elle.

« On attend »

Siham*, quarantenaire, a la voix qui tremble au bout du fil. Elle se demande surtout comment le Liban pourrait supporter un tel scénario à l’heure où le pays subit toujours les conséquences d’une crise économique qui sévit depuis 2019. « Nous sommes déjà plus bas que terre, nous ne pouvons pas avoir en plus une guerre sur les bras », lâche cette résidente de Daraya, dans le Chouf.

« On attend… » souffle Issam el-Hage, originaire de Rmeich, un village situé à deux kilomètres de la frontière sud. « Pour l’instant, personne n’a encore décidé de partir. Mais comme dans tous les villages situés en première ligne, on est forcément plus inquiets que les autres », raconte-t-il. Ce sentiment d’être renvoyé 17 ans en arrière s’est encore intensifié à l’aune des récents heurts survenus à la frontière entre des soldats de la branche armée du Jihad islamique, les Brigades al-Qods, et l’armée israélienne près de Aïta el-Chaab, ce lundi après-midi. Lourdement frappés par l’artillerie israélienne lors de la « guerre de juillet », les habitants de cette localité, à majorité chiite, avaient alors trouvé refuge chez leurs voisins chrétiens de Rmeich. « Je ne pense pas que cela se reproduise, poursuit Issam el-Hage à propos de cet élan de solidarité qu’il avait initié dans son village à l’époque. On ne sait jamais comment les gens peuvent agir en temps de guerre. Mais en tout cas, moi, je ne le ferai pas. »

Cette angoisse d’une guerre impliquant le Liban fait également son chemin dans la Békaa. Dans la « dekkéné » de Karim*, la vingtaine, les clients ne cessent d’affluer ce lundi matin. « C’est du jamais-vu. Généralement, il faut attendre le dimanche pour avoir autant de monde », rapporte-t-il. Dès qu’un regain de tension se fait sentir dans le pays, les ventes de produits de première nécessité montent en flèche. « Les clients viennent faire des réserves. Ils ont peur qu’une guerre éclate », rapporte le jeune gérant qui, contrairement à eux, pense que le Liban sera épargné.

Une lecture que partage Élias*, de Jounié, même s’il ne s’inquiète pas outre mesure. « Je ne crois pas que ça va barder de sitôt. Je pense que les combats resteront localisés vers Gaza, augure-t-il. Mais il est clair que si cela devait arriver jusqu’à chez nous, je ne vois pas comment nous pourrions supporter le coût d’une nouvelle guerre. »

Sentiment de fierté

Khadija*, une sexagénaire de Tyr, mise, elle aussi, sur le fait qu’Israël n’osera pas s’attaquer au Liban. « S’ils voulaient s’en prendre à nous, ils l’auraient fait dès dimanche. Mais ils ont vu que nous étions prêts. Ils n’oseront pas nous bombarder une nouvelle fois », avance-t-elle.

En attendant la suite des événements, dans le camp de Aïn el-Heloué, les réfugiés palestiniens ne cachent pas leur satisfaction de voir « l’ennemi » frappé de la sorte. Dans les rues de Saïda, la chanson al-Qods (Jérusalem, en arabe) de Fayrouz résonne au milieu des klaxons et des drapeaux palestiniens brandis à l’arrière des scooters. Preuve que l’heure est à la fête, des kilos de chocolat et de bonbons sont distribués au bord des routes, comme le relate Mahmoud*, un résident du camp.

« Toutes les organisations soutiennent l’action du Hamas sans exception, y compris le Fateh », rapporte-t-il, alors que le camp s’est embrasé par deux fois cet été lors de violents affrontements entre le mouvement nationaliste Fateh et des groupes islamistes, tels que Jund el-Cham et ach-Chabab al-moslem (La jeunesse musulmane).

Un sentiment de fierté qui ne se limite pas aux murs des camps de réfugiés palestiniens. Maya*, 36 ans, originaire de Nabatié et résidant dans la banlieue sud de Beyrouth, se réjouit que « l’image d’un État d’Israël surpuissant se soit effondrée ».

Même son de cloche du côté de Lina Olleik, 55 ans, qui a également vécu la guerre de 2006 et la dure réalité de l’occupation israélienne à Arnoun, un autre village méridional situé à quelques kilomètres de la frontière.

Malgré la crainte d’une nouvelle escalade, elle se sent prête à en assumer les conséquences. « Dans le Sud, nous vivons sous un régime de danger et de menace permanents imposé par Israël, clame-t-elle. On sait très bien que tôt ou tard, ils nous attaqueront à nouveau. Mais j’ai décidé que cette fois, quand bien même il y aurait de nouveaux bombardements, je ne bougerai pas. »

*Les prénoms ont été modifiés.

« Je suis terrifiée », lâche Fatima, une habitante de Minié, près de Tripoli. Elle en est persuadée : « Le Liban va être entraîné dans une nouvelle guerre ». Au lendemain de l’offensive surprise lancée samedi matin par le Hamas en territoire israélien, le Hezbollah a revendiqué plusieurs tirs de roquettes vers l’État Hébreu. Une provocation ayant entraîné une riposte...

commentaires (4)

Allez y les gars … c’est le bon moment comment pouvez vous ne pas y aller ? On comprend pas comment regarder vos alliés le Hamas après ?! Car si vous n’y aller pas surtout suite à la mise en garde d’Israel et des USA, donc si vous n’y aller pas vous allez être traiter de lâche et le monde comprendra que vos missiles sont diriger vers l’intérieur (non libanais mais intérieur arabe régional) donc SVP aider nos frère palestiniens et ouvrir tous les fronts c’est le moment de cette façon vis feriez d’une pierre plusieurs coups

Bery tus

14 h 50, le 10 octobre 2023

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Commentaires (4)

  • Allez y les gars … c’est le bon moment comment pouvez vous ne pas y aller ? On comprend pas comment regarder vos alliés le Hamas après ?! Car si vous n’y aller pas surtout suite à la mise en garde d’Israel et des USA, donc si vous n’y aller pas vous allez être traiter de lâche et le monde comprendra que vos missiles sont diriger vers l’intérieur (non libanais mais intérieur arabe régional) donc SVP aider nos frère palestiniens et ouvrir tous les fronts c’est le moment de cette façon vis feriez d’une pierre plusieurs coups

    Bery tus

    14 h 50, le 10 octobre 2023

  • SI DU LIBAN ON SE MELE, CE SERA LA FIN DE L,IDENTITE PROVISOIRE NON NATIONALE DE CHEZ NOUS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 52, le 10 octobre 2023

  • Il arrivera ce qu'il arrivera, s'inquiéter n'y changera rien même si c'est une réaction normale

    Charbel Moussalem

    01 h 37, le 10 octobre 2023

  • Mais%20saperlipopette%2C%20ou%20sont%20donc%20pass%C3%A9es%20tous%20ceux%20et%20toutes%20celles%20qui%20parlaient%20de%20%E2%80%9Clib%C3%A9rer%20J%C3%A9rusalem%E2%80%9D%3F%20%20Madame%20Khadija%20elle-m%C3%AAme%20se%20met%20en%20position%20d%C3%A9fensive%E2%80%A6%20C%E2%80%99est%20tout%20dire.%20

    Mago1

    19 h 06, le 09 octobre 2023

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