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Nos Lecteurs ont la Parole

Bobards, cancans et ragots : amusons-nous !

On ne va pas parler politique. Ce n’est plus amusant et ça devient répétitif. Aucun intérêt, sauf pour l’augmentation des salaires (énième réajustement) ou leur stagnation, de l’électricité, de l’eau, des téléphones, d’internet, de l’essence, des scolarités, des je-ne-sais-plus-trop-quoi et des médisances.

Car il s’agit bien de médisances dont on va parler. Pas de ces disputes d’écoliers qui alimentent les ragots dans une séance de la chambre ! Ça ne nous intéresse plus ! La vraie médisance ! L’art de dire du mal avec ce petit pincement au coin des lèvres qui se termine avec un grand rire fracassant.

« La critique est aisée, mais l’art est difficile », affirmait à juste titre Ferdinand Destouches.

Au Liban, ce n’est plus de l’art, c’est du surréalisme. Nous sommes certes loin d’André Breton (d’ailleurs, André qui ? Encore un être de l’imaginaire collectif dont nos nouvelles générations et parfois les anciennes aussi, en tout cas, n’ont cure). Mais très proches du venin vicieux de nos tabloïds locaux qui, grâce à eux, rincent nos yeux innocents et dénués de toute arrière-pensée vile.

Depuis quelques jours, après avoir vu, par saine curiosité, l’opulente poitrine de la femme de Kanye West qui s’est fait interdire les gondoles à Venise, dans une revue française en ligne pour atteinte à la pudeur et quelque chose d’autre qui choque les Italiens, je suis tombé sur un site local, par pur hasard, une publicité, qui fustigeait une actrice libanaise pour avoir posé en maillot de bain sur son compte Instagram. Ma saine curiosité aidant, je suis rentré voir ce que cette petite friponne (dont je tairais le nom) avait osé montrer comme bout de chair qui avait choqué les âmes pures des internautes arabes. Franchement, j’ai été déçu. Je m’attendais à beaucoup plus. Rien de plus banal et basique qu’une fille accoudée au rebord d’une piscine comme on en voit des tas, le strict minimum savamment caché et sans aucune suggestivité, à la limite décent. Je me suis demandé ce qu’il y avait à critiquer, et pourtant…

Deux jours plus tard, je tombais sur les éloges fiévreux et fous d’autres internautes qui étaient tombés à la renverse face au corps magnifiquement bien sculpté d’une autre actrice libanaise sortie récemment de sa grossesse et qui, celle-là par contre, se prélassait au soleil avec un maillot qui, bien que simple, ferait pâlir d’envie la femme de Kanye West. Des commentaires élogieux face à ce corps de déesse qui se prélasse au bord d’une piscine n’en finissaient pas. Pourtant, il n’y avait pas de quoi…

Le lendemain, je tombais sur d’autres articles semblables qui sublimaient le corps photoshoppé tout en transparence de telle chanteuse star et la plastique irréprochable de telle autre. Évidemment, avec tous les arrangements qu’elles y mettent et grâce à l’IA, tout est une merveille.

Par contre, si vous n’êtes pas au courant, car c’est très grave, une quasi-affaire d’État, le scandale de septembre (car il en fallait un) qui a fait la une de quasiment tous les tabloïds sur internet a été le baiser donné par une actrice libanaise lors d’une émission de téléréalité française à un des candidats. Sachant que le but de l’émission était la séduction, ce baiser aurait pu paraître anodin. Mais les photos, après plusieurs années, sont sorties au Liban, et évidemment, nos chers tabloïds en ont fait tout un ramdam. Choquant, outrecuidant, contraire aux bonnes mœurs, osé, inconvenant, malvenu, indécent, intolérable, inconcevable, et quoi d’autre encore ? Les internautes l’ont traînée dans la boue sans même savoir le pourquoi du comment et comment ces photos ont filtré, et les ont sorties de leur contexte. Ils ont fait passer cette actrice (apparemment connue dans certains téléfilms) pour une autre Mia Khalifa qui, notons-le, a brillé dans un autre art plus suggestif et plus réel. Je ne plaide pas pour ce genre d’errements évidemment. Mais, le cas échéant, c’était le but et tous les coups étaient permis.

De plus, le cinéma libanais de ces dernières années devient de plus en plus chaud et la censure laisse passer certains passages suggestifs. Évidemment, ceux qui font les critiques susmentionnées n’ont peut-être pas vu les sorties de ces dernières années où quelques scènes de sexe crues étaient bien mise en évidence. Bon ! Il s’agissait d’art après tout. Nous, on parle scandale.

Bref, nous sommes devenus les experts du « beaucoup de bruit pour rien ». Un baiser, et tout flambe, une partie de jambes en l’air, et ça s’embrase. Le monde est fait de deux poids deux mesures.

Pauvre de nous ! Qu’on laisse les gens s’exprimer librement ! Ce n’est pas un baiser qui dénature l’image du Liban. Personne ne l’attendait. Je crois qu’il y a plus grave et, en tout cas, beaucoup, mais vraiment beaucoup, plus choquant !

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

On ne va pas parler politique. Ce n’est plus amusant et ça devient répétitif. Aucun intérêt, sauf pour l’augmentation des salaires (énième réajustement) ou leur stagnation, de l’électricité, de l’eau, des téléphones, d’internet, de l’essence, des scolarités, des je-ne-sais-plus-trop-quoi et des médisances.Car il s’agit bien de médisances dont on va parler. Pas de ces...
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