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Nos Lecteurs ont la Parole

Saëb Bey à travers « Petites histoires et souvenirs »

Nous nous plaignons aujourd’hui du manque d’hommes d’État. Si les sommités politiques sont nombreuses, celles de la trempe de Saëb Salam restent rares.

Saëb Bey avait écrit dans ses Mémoires avant de partir : « Ont pris aujourd’hui le déjeuner avec nous notre grand ami, l’avocat Abdel Hamid el-Ahdab et son épouse, Noha, qui habitent à Paris. Abdel Hamid est devenu une grande figure de la communauté libanaise en cette ville après avoir bien réussi son métier et amassé une fortune importante, alors qu’il était venu à Paris sans le sou après un attentat à la bombe perpétré à son encontre par le chef des Mourabitoun de ce temps, Ibrahim Koleilate, qui n’est pas d’accord avec la politique de Abdel Hamid visant une entente avec les Kataëb et Pierre Gemayel. L’explosion de la charge de dynamite avait provoqué la mort de sa fille et l’avait blessé lui­-même et son épouse de manière grave. Mais il avait pu, avec l’aide des parents de son épouse à Paris, réussir dans son travail et en tirer une fortune. II s’était spécialisé dans l’arbitrage et la création de conseils d’arbitrage arabes et il m’avait offert un énorme ouvrage qu’il avait rédigé sur l’arbitrage et la charia islamique. II faut ajouter qu’il excelle toujours et de manière évidente dans le domaine de l’information dans tous les secteurs. II avait constitué à Paris l’Association des amis des Makassed, qu’il avait présidée, puis chargé son ami, le Dr Adel Ismaël, qui vivait à Paris, de la présider parce qu’il le dépassait en âge. J’aime enfin signaler qu’il a invité Tammam à un grand repas dans un restaurant de Paris en sa qualité de président des Makassed. » (Page 1 549 des Mémoires).

Par la suite, il décrit ainsi Ibrahim Koleilate : « Ce Koleilate-là est devenu par la suite l’une des étoiles de la guerre civile et l’un des grands millionnaires après avoir amassé une fortune à la suite de son accès à la présidence du parti des Mourabitoun sous l’ombrelle du patriotisme et de la participation de son groupe au vol des grandes banques de Beyrouth au cours de cette même guerre civile. II vit à présent en Europe et se déplace dans ses diverses villes tout en ayant sa résidence en Italie près du lac de Côme. » (Page 285 des Mémoires).

II évoque plus loin les relations avec les Kataëb qui avaient été entreprises sous son égide et avec lesquels je n’étais pas le seul à m’entendre. Il écrit à ce sujet : « Après deux jours et en exécution de ce qui avait été précédemment convenu à la suite de la visite que m’avait rendue Amine Gemayel, j’ai rencontré Ibrahim Najjar et Mounir el-Hajj, qui faisaient partie des chefs phalangistes modérés. Étaient alors présents Abdel Hamid el-Ahdab et Moustapha Beydoun. J’ai ressenti alors chez les Kataëb un souhait de rapprochement qui dépassait tout ce qui avait été observé auparavant. Cela avait commencé à apparaître en tout cas à travers les déclarations de Pierre Gemayel. » (Page 807 des Mémoires).

Dès lors, mon contact avec les Kataëb avait eu lieu sous l’égide de Saëb Salam et il ne s’agissait donc pas d’une initiative personnelle de ma part.

Il décrit ensuite les manœuvres d’Abou Ammar en ces termes : « J’ai chargé Hani de transmettre une lettre verbale sévère à Abou Ammar, leur agence ayant affirmé aux journaux du matin que ma réunion avec Abou Ammar était en fait une visite que je lui ai rendue avec Tammam alors qu’il s’agissait du contraire. Je l’ai invité à dire à Abou Ammar que lui et ses hommes devaient comprendre que la visite qu’il a rendue à Saëb Salam ne le rabaisse pas aux yeux des gens. Une heure après, Abou Ammar a commencé à me contacter sans succès pour réussir enfin à me parler. II s’est confondu alors en excuses et juré qu’il avait mis en prison le responsable, auteur de cette information, puis il a continué en faisant mon éloge et en m’affirmant que nul ne me dépassait à ses yeux et nul n’était plus cher à son cœur. Je lui ai alors fait entendre un langage encore plus sévère, mais il a répété ses excuses plus d’une fois, en répétant : « Pardonne-moi, pardonne-moi ». »

Les Mémoires de Saëb Salam nous rappellent que notre malheur actuel provient de l’absence d’hommes d’État tels que Raymond Eddé, Fouad Chéhab, Moussa Sadr, Hamid Frangié, Camille Chamoun, Salim Takla et Riad el-Solh, etc.

À travers les Mémoires de Saëb Salam, nous voyons comment le Liban s’est transformé en cet enfer que nous vivons, comment il s’effondre de jour en jour !

Avocat

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Nous nous plaignons aujourd’hui du manque d’hommes d’État. Si les sommités politiques sont nombreuses, celles de la trempe de Saëb Salam restent rares.Saëb Bey avait écrit dans ses Mémoires avant de partir : « Ont pris aujourd’hui le déjeuner avec nous notre grand ami, l’avocat Abdel Hamid el-Ahdab et son épouse, Noha, qui habitent à Paris. Abdel Hamid est devenu une...

commentaires (2)

Très intéressant l’histoire du Liban , le président que j’admirais c’était Camille Chamoun j’aimais aussi Sami El Solh

Eleni Caridopoulou

20 h 58, le 20 septembre 2023

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Très intéressant l’histoire du Liban , le président que j’admirais c’était Camille Chamoun j’aimais aussi Sami El Solh

    Eleni Caridopoulou

    20 h 58, le 20 septembre 2023

  • Un rare privilege de pouvoir lire vos commentaires.

    M.J. Kojack

    01 h 02, le 20 septembre 2023

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