Deux factions islamistes du camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Héloué, impliquées dans des combats meurtriers qui les opposent au mouvement Fateh depuis jeudi soir, ont publié dimanche après-midi des déclarations appelant à un cessez-le-feu, permettant un bref retour au calme dans le camp. Ce répit n'a cependant été que de courte durée, les combats ayant repris sur les différents fronts. Les affrontements ont fait au moins six morts depuis jeudi soir.
Dans un communiqué, le groupe ''La jeunesse musulmane'' a précisé que l'appel au cessez-le-feu a été lancé ''pour préserver notre peuple et notre camp''. De son côté, un commandant des Jund el-Cham, Haïtham el-Chaabi, a aussi appelé à un cessez-le-feu. Abou Iyad el-Chaalane, commandant de la Sécurité nationale palestinienne à Aïn el-Héloué et membre du mouvement Fateh, a commenté ces déclarations pour L'Orient Today, exprimant l'espoir que les groupes islamistes ''s'engageront effectivement à respecter le cessez-le-feu, car ce sont eux qui finissent toujours par les violer et attaquer nos centres''. Les raisons pour lesquelles le calme relatif n'a pas duré n'étaient pas immédiatement claires.
Ces développements ont lieu alors que la Sûreté générale libanaise a appelé les parties rivales à un dialogue lundi, après une journée d'intenses combats. Un membre de la direction du Mouvement du Jihad islamique participant au comité de dialogue palestinien, Chakib el-Aïni, a ainsi confirmé à notre publication que le dialogue avait pour but « d'établir un plan de cessez-le-feu ». M. el-Aïni a déploré que les affrontements n'avaient causé que le déplacement d'habitants et causé du tort aux Palestiniens et aux Libanais. « Ces affrontements portent systématiquement atteinte à la cause palestinienne », a-t-il ajouté.
Bilan
Dans la soirée de dimanche, le bilan total des affrontements est passé à au moins six morts avec le décès d'un civil à l'intérieur du camp. Riad Abou el-Inen, du Croissant-Rouge palestinien, avait avancé un précédent bilan de cinq morts, parmi lesquels un homme tué par une balle perdue dans le village voisin de Ghaziyé. M. Abou el-Inen a ajouté que le Croissant-Rouge dispose de cinq postes à l'intérieur du camp pour s'occuper des victimes légèrement blessées. Une source sécuritaire palestinienne a de son côté confirmé à notre publication que les combats ont fait plusieurs morts et blessés dans les rangs des combattants des groupes islamistes, notamment ceux de la ''Jeunesse musulmane'' et de Jund el-Cham. D'après cette source, les blessés sont soignés sur place tandis que les morts sont enterrés rapidement dans les quartiers sous contrôle de ces groupes.
Une source palestinienne dans le camp a précisé à L'Orient-Le Jour que les tirs ont endommagé plusieurs habitations à proximité du camp. Une roquette a notamment blessé dimanche un homme dans le quartier de Taamir, dans le sud de Saïda. Les balles perdues ont atteint les villages voisins de Maghdouché, Miyé Miyé et Dareb el-Sim.
Une roquette est tombée en début d'après-midi dans la localité avoisinante de Ghaziyé, poussant les forces de sécurité à couper la route reliant cette localité à Saïda. Une autre s'est écrasée le long de la route maritime menant à Saïda, provoquant un incendie dans un verger.
Et avec la reprise des affrontements dimanche soir, des roquettes et éclats d'obus sont tombés sur les quartiers de Saïda autour du camp, faisant plusieurs blessés.
Dans un communiqué, l'armée libanaise a dans ce contexte annoncé que cinq militaires ont été hospitalisés, l'un d'eux "dans un état grave", après que trois roquettes sont tombées sur deux bases militaires distinctes de Saïda.
Trois civils ont également été blessés par des fragments de roquettes en soirée.
Face à la violence des affrontements dans le camp et aux risques dans les environs, le mohafez du Sud, Mansour Daou, a annoncé que les administrations publiques opérant au Sérail de Saïda seraient fermées lundi afin d'assurer la sécurité des employés et citoyens nécessitant leurs services. L'Office des eaux du Sud a pris une décision similaire, tout comme l'école des Makassed de la ville, qui a annoncé un report de la rentrée scolaire.
Polémique
Par ailleurs, une polémique a éclaté samedi soir après l'installation par la Croix-Rouge libanaise, la municipalité de Saïda et des organisations de la société civile de 35 tentes visant à loger les habitants du camp déplacés par les combats. Ces tentes avaient été mises à l'entrée de Saïda, dans une initiative qui a été vivement critiquée, notamment par la Jamaa Islamiya, la branche libanaise des Frères musulmans. Dans un communiqué, le parti a dénoncé les « implications sécuritaires et politiques » de ces tentes. Il a appelé la municipalité de Saïda à « démanteler le campement et transférer le déplacés vers un lieu plus sûr et plus digne », estimant que « l'alternative aux combats ne doit pas être d'établir des camps, qui ne protègent pas des balles perdues ».
La Jamaa Islamiya a, dans ce cadre, demandé que les personnes déplacées soient relogées provisoirement dans des écoles de l'Unrwa, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine. Pour sa part, le député de Saïda, Abdel Rahman Bizri, a rejeté l'initiative et ses potentielles « conséquences négatives pour les Palestiniens, la ville de Saïda et ses habitants ».
En réaction, le Premier ministre sortant Nagib Mikati et le ministre sortant de l'Intérieur Bassam Maoulaoui ont ordonné à la municipalité de Saïda de démanteler les tentes.
Une source locale, interrogée par L'Orient-Le Jour et ayant requis l'anonymat, avait indiqué samedi que quelque 300 déplacés du camp se sont réfugiés à la municipalité de Saïda. Les scouts locaux sont venus apporter leur aide morale et logistique à ces déplacés. D'autres personnes se sont réfugiées dans des mosquées et bâtiments abandonnés de la ville, ou chez des parents. Les ONG locales évoquent, pour leur part, un total de 2.000 déplacés.
Appels au calme
Dans son homélie dominicale, le chef de l'Église maronite Béchara Raï a commenté la situation à Aïn el-Héloué, estimant que les affrontements « constituent un danger pour la sécurité et portent atteinte à la cause palestinienne ». « Le Liban ne peut être neutre vis-à-vis d'Israël », a-t-il dit. Selon lui, « la neutralité nécessite que le Liban soit à l'abri des conflits régionaux et internationaux, qu'il contrôle sa souveraineté extérieure à la frontière, et interne à travers une seule armée et un seul pouvoir ».
De son côté, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, a exprimé dimanche son « regret » face aux combats en cours, faisant valoir qu'« ils impliquent un conflit entre frères et exercent des pressions sur la population. Il ne peut y avoir aucun gagnant dans ces actes vengeurs, insensés et inacceptables ». S'exprimant dans une mosquée à Baalbeck lors de la réunion annuelle de l'Association pour l'éducation religieuse islamique, le numéro deux du parti chiite a estimé que les affrontements « servent Israël, même s'il n'y sont pas directement liés [...]. Les camps devraient être calmes, afin de se mobiliser pour affronter Israël et préparer le retour [en Palestine] après une libération complète, plutôt que de s'engager dans des luttes intestines pour le pouvoir ».
Les combats armés avaient débuté fin juillet à Aïn el-Héloué, faisant au moins treize tués. La dernière vague de violence avait commencé jeudi soir et avait fait au moins 20 blessés ce soir-là. Un cessez-le feu avait été conclu le lendemain, mais a fini par être violé.
commentaires (6)
Que fait la résistance? D’ailleurs n’y est elle pour rien dans ces simulacres de conflits palestiniens. Israël a donné son point de vue sur les conséquences d’une dégradation sécuritaire sur ses frontières, alors il s’est le barbu rabattu sur les soit disant réfugiés pour lui prêter main forte contre notre armée et notre pays pour semer la terreur et ainsi nous mêler encore et encore à des conflits qui ne nous concernant aucunement, sion le fait d’avoir tolérer leur présence armés sur notre sol alors qu’ils ne sont que réfugiés.
Sissi zayyat
20 h 07, le 11 septembre 2023