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Nos Lecteurs ont la Parole

LGBT, une désastreuse ignorance

LGBT, une désastreuse ignorance

Photo João Sousa


Les récentes déclarations, surenchères, voire des attaques physiques à l’encontre de la communauté homosexuelle ou transsexuelle dans notre pays laissent un goût amer de nausée, teintée de cette honte qui court comme le feu. Quelle mouche a piqué tous nos dirigeants pour qu’en pleine débâcle économique, alors que notre pays coule vers la dérive totale, ils s’élèvent autant avec un discours sentencieux contre une masse de personnes totalement pacifiques, sans forces, ni armes, pour leur parler de morale et de vertu ? Bannie, honnie, pourfendue, la communauté LGBT au Liban, comme dans tant d’autres pays, se relève mal de cette haine irascible à son égard.

Pour ceux qui veulent les lire, quelques faits scientifiques, désormais avérés, seraient bons à rappeler.

1- L’homosexualité est présente dans tout le monde vivant. Des mouches drosophiles aux singes, elle est repérée dans un grand nombre d’espèces vivantes. Elle n’est point spécifique à l’être humain. Cette ubiquité nous laisse présager l’extrême complexité de sa genèse. Avec une différence de taille entre les hommes et les animaux : dans le règne animal, elle est beaucoup plus tolérée !

2- Depuis que les études épidémiologiques existent, la fréquence de l’homosexualité dans le monde humain varie autour de 10 %. Et cela partout dans le monde et dans toutes les sociétés humaines. Un chiffre aussi stable permet de stipuler sans ambages qu’un tel phénomène est biologique et que les facteurs environnementaux, comme le choix personnel, y jouent un rôle accessoire.

3- Le choix de l’orientation sexuelle n’est pas un choix libre. Tout autant qu’on ne devient pas hétérosexuel, on ne choisit pas d’être homosexuel. Si la sexualité humaine est d’une complexité telle qu’il serait presque impossible de pouvoir lui trouver une seule vérité pour l’expliquer, il n’en demeure pas moins que les études scientifiques récentes démontrent dans l’homosexualité future un excès d’androgénisation chez les embryons femelles et un déficit de cette androgénisation chez les embryons mâles, et cela dès la vie fœtale. Les études de Jacques Balthazart, neurobiologiste belge, le stipulent clairement.

4- Il n’existe et ne peut exister aucun traitement de l’homosexualité puisqu’elle n’est pas considérée comme une maladie depuis belle lurette par l’Organisation mondiale de la santé et par tous les psychiatres et psychologues du monde entier. Les thérapies dites « réparatrices » sont une illusion de l’esprit fomentée par les médias et certains spécialistes illuminés qui, en l’annonçant sur les plateaux de télévision ou sur les réseaux sociaux, voudraient leurrer les autres. En médecine, tout comme en psychologie, le charlatanisme est toujours de mise. Ces thérapies sont non seulement infondées sur les plans médical et psychologique, elles peuvent de surcroît amener à des velléités suicidaires pour les personnes souvent sommées par leur entourage à les suivre.

Au vu de toutes ces données, il apparaît clairement que le débat récent dans notre pays ne se situe plus à un niveau de compréhension scientifique, mais plutôt à un niveau passionnel, propre aux calculs mesquins et mercantiles de notre classe dirigeante.

Ceux qui prétendent que l’homosexualité est en augmentation, qu’une « culture gay » nous envahit, que les gens promeuvent un « culte de la dépravation », que notre société libanaise ne protège plus la famille, que la famille se disloque (la famille au sens judéo-chrétien du terme, c’est-à-dire un père, une mère et des enfants, et de préférence allant tous à la messe le dimanche !) se leurrent et trompent les autres. Un pays est sans conteste plus malade du rejet, de l’exclusion, de la discrimination d’une partie de ses habitants que d’une forme d’amour différente entre adultes consentants dans une frange de sa population.

Dès lors, comment expliquer ce rebond d’agression à l’encontre de la population dite LGBT ? Ces attaques trouvent leurs résonances dans plusieurs points qui sont tous à regretter.

Certains s’adonnent à ces critiques acerbes pour cacher leur propre homosexualité ou celle de leur entourage. Il est malheureux de constater qu’un discours homophobe peut émaner d’une personne elle-même homosexuelle et refusant cet état de fait. Elle voudrait tellement le cacher, elle le vit tellement mal qu’elle finit par avoir des charges virulentes vis-à-vis de cette condition.

Il pourrait aussi émaner de quelques esprits chagrinés qui voudraient diriger encore notre société et ne trouvent pas mieux de le faire qu’en multipliant les interdits. Le domaine sexuel a toujours été le lit privilégié pour dominer et acquérir un certain pouvoir sur l’autre. Il est connu que lors des crises économiques et politiques majeures que traverse un pays, reprendre des thématiques sociétales de ce genre pourrait amener à rendre légitime un présupposé pouvoir de certains politiques, religieux ou autres. Resserrer les gens sur des idées totalement inopportunes en ces temps qui courent permet de continuer à laisser croire la masse du peuple, déboussolée et désorientée, dans sa communauté et son chef, qui en plus prétendent ainsi lui rendre vertu et fierté. Aujourd’hui, c’est la population LGBT qui en écope. Demain, ça sera le cas d’autres personnes.

Par ailleurs, quelques avancées ont été remarquées dans certaines religions, comme dans l’Église catholique. Mais le poids des institutions religieuses est tellement lourd, leur héritage tellement ancré dans la tradition qu’il est difficile, voire quasiment impossible, d’entrevoir des changements de conception qui vont plus loin. Mais au moins se cantonner à ne pas juger, comme l’a dit le pape François, et surtout à ne plus criminaliser. Au risque de voir encore plus s’éloigner les gens de leur foi. Car comment concilier et vivre sa foi quand on a une homosexualité, encore une fois, il faut le répéter, condition impossible à être recherchée sciemment, alors que sa religion la condamne violemment ? Il est vraiment difficile d’envisager d’adorer un Dieu homophobe !

En tout état de cause, ce qui est demandé par la communauté LGBT au Liban est au plus le changement de la loi scélérate 534 du code pénal libanais qui stipule explicitement que la « pénétration sexuelle contre nature est punie par la loi », et qui fait donc des rapports entre personnes d’un même sexe un crime. Pas plus. Il est difficile d’aller plus loin. D’où la récente proposition de loi par une poignée de parlementaires. Tout au plus cela. En contrepartie, nous avons entendu une demande d’un excès de répression par certains. Une mise à l’écart, voire une mise en prison pour ceux qui osent afficher un amour différent de ce que la masse du peuple entrevoit !

Voilà pourquoi il serait indispensable que nous puissions dès le jeune âge, lorsque l’éducation sexuelle commence dans les familles et les écoles, non pas seulement traiter de la rencontre fortuite d’un spermatozoïde et d’un ovule, mais expliquer les différences dans la sexualité humaine, apprendre aux jeunes à accepter la variété des comportements sexuels, qui, s’ils sont pathologiques dans certaines de leurs formes (comme la pédophilie ou d’autres formes de paraphilie), ne sont pas nécessairement anormaux quand il s’agit d’un acte volontaire entre des adultes du même sexe.

Apprendre que le sexe est de l’amour et non pas seulement des interdits. Saisir que l’acte sexuel est un acte intime et non un acte public où tout le monde doit avoir son avis. D’ailleurs, on n’arrivera jamais à comprendre quel ministre, chef de communauté, « soldat d’un dieu » ou même sous-fifre de la police de notre pays a le droit de s’immiscer dans le lit d’un citoyen et encore plus qui lui arroge la légitimité de considérer la sexualité d’autrui.

Et finalement, il faut croire que l’intolérance et la discrimination n’ont de corollaire que l’ignorance.

Une ignorance dommageable dans un pays qui s’est targué naguère d’être en tête de peloton des libertés dans le monde qui l’entoure. Longtemps, on affirmait que dans le monde arabe, « l’Égypte écrit, l’Irak lit et le Liban imprime ». De nos jours, les deux premiers pays sont peut-être hésitants dans leur destinée. Mais, indéniablement, le Liban ne répond plus tellement à la sienne. 

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Les récentes déclarations, surenchères, voire des attaques physiques à l’encontre de la communauté homosexuelle ou transsexuelle dans notre pays laissent un goût amer de nausée, teintée de cette honte qui court comme le feu. Quelle mouche a piqué tous nos dirigeants pour qu’en pleine débâcle économique, alors que notre pays coule vers la dérive totale, ils s’élèvent autant...
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Le pire c’est la pedophilie car ils font du mal aux jeunes et aux enfants

Eleni Caridopoulou

17 h 39, le 06 septembre 2023

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  • Le pire c’est la pedophilie car ils font du mal aux jeunes et aux enfants

    Eleni Caridopoulou

    17 h 39, le 06 septembre 2023

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