L’émissaire américain Amos Hochstein a déclaré jeudi à l’issue de sa visite au Liban qu’il était prêt à « évaluer » la possibilité de négociations entre le Liban et Israël sur leur frontière terrestre, ce qu’il fera après avoir « entendu les points de vue » de Tel-Aviv.
« Au cours des deux derniers jours, j’ai écouté le point de vue du gouvernement libanais et je suis descendu dans le Sud pour voir de mes propres yeux la ligne bleue et les zones environnantes et en apprendre davantage sur ce qui est nécessaire pour parvenir à un résultat » concernant la frontière, a déclaré M. Hochstein lors d’une conférence de presse à l’aéroport de Beyrouth.
L’émissaire américain était le médiateur entre le Liban et Israël pour l’accord sur la frontière maritime.
Fenêtre d’opportunité
« Il est maintenant temps d’entendre l’autre partie (les Israéliens) sur son point de vue et d’évaluer si c’est le bon moment et si nous avons une fenêtre d’opportunité pour y parvenir », a déclaré M. Hochstein après avoir été interrogé sur un éventuel accord sur les frontières terrestres avec Israël. « Il est temps pour nous de revoir le cadre (...) qui a permis de parvenir à un résultat sur une frontière maritime, et de travailler également à une paix terrestre »,
.@amoshochstein at the conclusion of his two-day visit: "As Lebanon takes steps to put the country on the path toward economic growth and peace, it can count on the U.S. for continued support." pic.twitter.com/1GlV2GZPfq
— U.S. Embassy Beirut (@usembassybeirut) August 31, 2023
« Les États-Unis soutiennent clairement ce qui favorise la stabilité et la sécurité, et la résolution des conflits de longue date est toujours bénéfique, a-t-il ajouté. Dans le cas du Liban, nous avons parlé de réformes économiques et politiques, mais si nous pouvons y associer la sécurité, cela démontrerait au reste du monde que le pays est ouvert aux affaires de manière fiable, ce qui sera bénéfique pour tout le monde. » « J’espère avoir l’occasion d’évaluer la situation », a-t-il poursuivi. Avant son départ, M. Hochstein a donc confirmé s’être rendu le long de la frontière, avant de se rendre en Israël.
« Plus d’emplois, plus d’investissements »
L’émissaire américain a en outre évoqué les perspectives économiques ouvertes par l’arrivée de la plateforme d’exploration sur le bloc 9 de la zone économique exclusive libanaise. Ce développement « montre ce qu’il peut se passer quand des décisions pragmatiques et créatives sont prises par les dirigeants : plus d’emplois, plus d’investissements ». L’arrivée de la plateforme, mi-août, « n’est pas la fin du processus mais le début des opportunités », notamment en ce qui concerne des embauches de centaines de Libanais, a-t-il ajouté.
L’émissaire américain était arrivé mercredi à Beyrouth pour une tournée éclair, entre visites officielles et « tourisme » à haute portée symbolique. Il a ainsi publié jeudi, sur la plateforme X (ex-Twitter), des photos d’une visite sur le site archéologique de Baalbeck, un fief du Hezbollah, en compagnie de l’ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea. Cette visite a en réalité été effectuée mercredi, selon des informations que L’Orient-Le Jour a obtenues via une source proche des services de sécurité dans la Békaa. Contactée, une source au sein de l’ambassade américaine a confirmé que la visite s’est bien déroulée mercredi, sans plus de détails.
In Baalbek, @amoshochstein viewed remarkable historical artifacts at this @UNESCO World Heritage Site. The United States is committed to UNESCO and the importance of preserving irreplaceable cultural heritage. pic.twitter.com/RoA6dGFyDi
— U.S. Embassy Beirut (@usembassybeirut) August 31, 2023
Selon la première source, cette visite s’est effectuée dans le plus grand secret, et l’émissaire américain se serait déplacé en hélicoptère avec un important dispositif sécuritaire à l’appui. Elle a eu lieu dans l’après-midi après un entretien de M. Hochstein avec le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, et avant sa réunion avec le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau, Walid Fayad. L’émissaire américain se serait également rendu dans la caserne militaire de Cheikh Abdallah. Cela alors que la formation chiite vient d’inaugurer un « musée du jihad » à Baalbeck.
Peu après son arrivée au Liban mercredi, l’émissaire avait également partagé sur X une photo de lui et de l’ambassadrice Dorothy Shea prenant le petit déjeuner sur la terrasse du restaurant Falamanki à Beyrouth, avec la mer en toile de fond.
Un communiqué publié mercredi matin par la représentation diplomatique américaine précisait que l’objectif de la visite de M. Hochstein consiste à effectuer un suivi de l’accord sur la délimitation de la frontière maritime entre le Liban et Israël, signé en octobre 2022. Hasard du calendrier, le chef de la diplomatie iranienne, Hussein Amir-Abdollahian, doit également entamer une tournée au Liban jeudi, après être passé par la Syrie.
M. Hochstein s’est rendu mercredi à Aïn el-Tiné, où il s’est entretenu pendant une heure avec le chef du Parlement, Nabih Berry, en présence de l’ambassadrice Dorothy Shea. Il s’est ensuite rendu au Grand Sérail où il s’est réuni avec le Premier ministre sortant, Nagib Mikati. L’émissaire américain a également rencontré le ministre sortant de l’Énergie et le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, avec qui il a partagé un « dîner de travail productif », selon un message posté sur X par l’ambassade américaine.
.@POTUS Biden senior advisor @amoshochstein held a productive working dinner with the Commander of the @LebarmyOfficial. The dedication of highly professional soldiers is critical to #Lebanon's security & stability. Committed to continue the #US-Lebanon security partnership. pic.twitter.com/D0KrGWh6vr
— U.S. Embassy Beirut (@usembassybeirut) August 30, 2023
Éviter toute escalade
Selon des sources concordantes libanaises et occidentales, l’objectif principal de M. Hochstein est d’insister sur l’importance de maintenir la stabilité à la frontière sud. Le mot d’ordre est donc d’éviter toute escalade militaire, surtout après les récentes menaces échangées entre des responsables israéliens et le Hezbollah. La stabilité à la frontière reste primordiale aux yeux de Washington, d’autant plus que l’exploration dans le bloc 9 vient de commencer.
La visite de M. Hochstein est intervenue dix mois après l’accord historique sur la frontière maritime (signé) en octobre 2022 entre le Liban et Israël, et dont il a été un des principaux acteurs. Cet accord a permis au Liban de débloquer le processus d’exploration et d’exploitation du bloc n° 9, l’un des trois blocs situés au sud de sa zone économique exclusive, et assuré par un consortium mené par TotalEnergies et composé de l’italien Eni et de QatarEnergy. Le forage devant permettre de confirmer la présence de réserves d’hydrocarbures offshore a commencé au cours du mois d’août et les résultats sont attendus avant la fin de l’année. Le ministère de l’Énergie vient également d’accorder une licence autorisant deux sociétés à compléter l’étude sismique en 3D du bloc n° 8, qui jouxte le bloc n° 9. En outre, cette visite a lieu alors que la question de la délimitation des frontières terrestres libano-israéliennes est également revenue dernièrement sur le devant de la scène, sur fond de tensions entre les deux pays.
commentaires (14)
Il est grand temps de faire la paix !
Wow
15 h 35, le 02 septembre 2023