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Politique - Liban/Israël

Qu'est-ce que la « ligne bleue » à la frontière sud du Liban ?

Alors que les tensions sont vives dans la zone longeant la ligne bleue, « L’Orient Today » fait le point sur la situation. 

Qu'est-ce que la « ligne bleue » à la frontière sud du Liban ?

Des Casques bleus marchent avec des soldats de l'armée libanaise près de la frontière sud. Photo envoyée à « L'Orient Today » par la Finul

Plusieurs poussées de fièvre se sont produites ces dernières semaines à la frontière entre le Liban et Israël. Depuis le début de l’été, le Hezbollah a installé des tentes dans la région de Kfarchouba, l’armée israélienne a lancé des roquettes sur le Liban après un tir de mortier non revendiqué du côté libanais, des membres du parti pro-iranien ont été blessés par des tirs, et un député et des journalistes libanais ont été visés par des grenades lacrymogènes israéliennes le long de la frontière.

Dans le cadre des efforts pour apaiser les tensions, les médias des deux côtés ont commencé à parler de négociations potentielles sur une démarcation officielle de la ligne frontalière entre les deux pays. Selon les médias israéliens, l’émissaire américain Amos Hochstein mènerait des contacts à cette fin. À Beyrouth, le Premier ministre sortant Nagib Mikati a déclaré dans une interview que son cabinet était prêt à négocier. Un porte-parole de M. Mikati a toutefois déclaré à L’Orient Today qu’il n’était pas en mesure de commenter la question et que « le dossier est désormais entre les mains du ministre (sortant) des Affaires étrangères ». Le palais Bustros n’a toutefois pas répondu aux demandes de commentaires de L’Orient Today. Pour sa part, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a catégoriquement rejeté toute négociation potentielle.

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Mais quelle est la situation actuelle des lignes de démarcation à la frontière sud du Liban qui nécessiterait des pourparlers ? D’où vient la ligne bleue de l’ONU, aujourd’hui utilisée pour délimiter les deux parties ? Et quels en sont les points contestés qui pourraient faire l’objet de ces pourparlers ?

Voici quelques clés.

Comment la frontière a-t-elle été initialement délimitée ? 

L’accord Paulet-Newcombe a été conclu en 1923 entre les gouvernements britannique et français concernant la position et la nature de la frontière entre le mandats de Palestine et d’Irak, qui revient à la Grande-Bretagne, et le mandat de Syrie et du Liban, qui revient à la France.

La ligne de 1923 définit la frontière de la Palestine mandataire de la Méditerranée jusqu’à el-Hamma, Tibériade. La ligne de 1920 définit, de manière moins détaillée, la frontière du mandat français pour la Syrie et le Liban, de la Méditerranée jusqu’à Jeziret ibn Omar, dans ce qui est aujourd’hui le nord de l’Irak.

Qu’est-ce que la ligne bleue ?

La porte-parole de la Finul, la Force intérimaire des Nations unies au Liban, Kandice Ardiel explique à L’Orient Today que « la ligne bleue est basée sur un certain nombre de cartes de frontières historiques, dont certaines remontent à des centaines d’années. Les principales sources pour délimiter la frontière sont les cartes de 1923 et de 1949 (qui a défini la ligne d’armistice entre le Liban et l’État hébreu après la guerre israélo-arabe de 1948, NDLR). La ligne bleue est une ligne de retrait. Il n’y a pas de frontière internationalement reconnue, et il ne peut y en avoir tant que les deux parties ne s’accordent pas pour la délimiter ».

Un baril bleu que la Finul a placé à la frontière sud. Photo envoyée à « L'Orient Today » par la Finul.

« Seule la moitié environ de la ligne bleue est marquée, et les barils bleus installés pour la délimiter ne sont que des indicateurs visuels qui n’empêchent pas physiquement les passages », ajoute la porte-parole. Cette moitié de la ligne est délimitée par un total de 272 barils bleus, chacun placé « seulement après un examen complexe et un accord » du Liban et d’Israël. « En cas de désaccord, le baril n’est pas placé et le point n’est pas marqué. Chaque baril bleu représente un consensus soigneusement négocié qui a contribué à la stabilité actuelle. Les barils apportent de la clarté et aident à prévenir les malentendus », déclare Mme Ardiel.

Un général de l’armée libanaise à la retraite qui s’est impliqué pendant son service dans la question de la frontière confirme, sous couvert d’anonymat, le processus à L’Orient Today.

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« Les frontières sont géographiques, ce qui signifie que ce sont les démarcations naturelles qui devraient marquer les frontières entre les pays : les rivières, les montagnes, les vallées sur une carte claire et signée par deux pays, ce qui n’est pas exactement le cas entre le Liban et Israël », fait pour sa part remarquer Issam Khalifé, un universitaire, chercheur et syndicaliste libanais.

Qu’en est-il de la « barrière technique » ?

La « barrière technique », un terme qui apparaît régulièrement dans les dépêches sur la frontière, est, elle, une infrastructure de sécurité construite par les forces israéliennes. Elle est située du côté israélien de la ligne bleue et, selon le terrain, peut se trouver à une distance allant d’un mètre à quelques dizaines de mètres de la ligne bleue. À certains endroits, Israël poursuit la construction de murs en béton, composés de hauts parpaings, derrière la barrière technique, indique Mme Ardiel.

Une portion du mur construit par Israël et la barrière technique à côté des barils bleus de la Finul. Photo envoyée à « L'Orient Today » par la Finul

Quels sont les 13 points litigieux le long de la ligne bleue ?

« Les points litigieux sont des points sur lesquels l’une des deux parties a exprimé des réserves, ou un désaccord, lors de la délimitation par l’ONU de la trajectoire de la ligne de démarcation », explique encore la porte-parole de la Finul. « Bien que la ligne ait été fixée par l’ONU en 2000, ces zones ne sont pas marquées parce qu’il n’y a pas d’accord entre les parties. Comme la ligne à ces endroits est contestée, toute activité autour de ces zones est extrêmement sensible. »

Ces treize points sont situés dans plusieurs zones contestées, notamment dans les alentours des localités de Ghajar et Kfarchouba, et des hameaux de Chebaa, trois secteurs occupés.

Certains de ces points sont « plus contestés que d’autres », affirme M. Khalifé. « Nous ne savons pas exactement pourquoi ils sont plus contestés que d’autres, mais Israël s’y est intéressé davantage, les a traversés et les a pris. »

Le général à la retraite ajoute toutefois que ces points sont actuellement « utilisés simplement comme une démonstration de puissance, mais qu’ils ne diffèrent pas nécessairement des autres points de la frontière ». « À mon avis, seul le point B1 était important, les autres ne le sont pas », poursuit-il. Le point B1 est le plus proche de la mer et situé à Ras Naqoura. Le Liban revendique le point B1 comme point de départ de sa frontière terrestre méridionale. En dehors de ce point, a-t-il dit, « on se bat pour quelques centimètres ».

Des Casques bleus de la Finul dans le sud du Liban. Photo envoyée à « L'Orient Today » par la Finul

Plusieurs poussées de fièvre se sont produites ces dernières semaines à la frontière entre le Liban et Israël. Depuis le début de l’été, le Hezbollah a installé des tentes dans la région de Kfarchouba, l’armée israélienne a lancé des roquettes sur le Liban après un tir de mortier non revendiqué du côté libanais, des membres du parti pro-iranien ont été blessés par des...

commentaires (4)

Que les casques bleus partent et le Hezbollah se débrouille avec Israël

Eleni Caridopoulou

17 h 32, le 18 juillet 2023

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Commentaires (4)

  • Que les casques bleus partent et le Hezbollah se débrouille avec Israël

    Eleni Caridopoulou

    17 h 32, le 18 juillet 2023

  • Pour sa part, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a catégoriquement rejeté toute négociation potentielle. Comment peut on accepter ce genre d’argumentation de la bouche d’un chef de parti armé par un pays étranger alors que les autorités de notre pays ont déclaré être favorables au dialogues plutôt que l’effusion de sang et la destruction de toutes parts. HN ne veut pas de négociations parce que si elles réussissent il ne pourra plus justifier la possession de ses armes étrangères sur notre sol libanais un point c’est tout. Aucun pays puissant, digne de ce nom n’arrive à ignorer ses conditions farfelues et veulent nous convaincre que le problème est un problème d’entente entre libanais. Non Messieurs, tous ceux qui sont protégés par cette milice jouent les gros bras en espérant ramasser les miettes qui leur jette et elles sont loin d’être négligeables, et un simulacre de pouvoir dont ils raffolent pour agenouiller leurs compatriotes. Voilà où on en est.

    Sissi zayyat

    16 h 02, le 18 juillet 2023

  • Beaucoup de bruit pour rien, sauf pour justifier l'existence du Hezb, qui continuera à clamer pendant une durée illimitée sa "légitimité"...Car si la "résistance" a pour but la libération des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba, et au taux de "libération" qu'on a vu pendant les 23 ans qui se sont écoulés depuis le retrait des Israéliens du Sud-Liban, il nous faut encore attendre jusqu'à ce que le soleil devienne une naine blanche...

    Georges MELKI

    11 h 37, le 18 juillet 2023

  • Au temps de Jésus, Israël n’existait pas. Il y’avait la Palestine conquise par Rome. Les juifs ayant fuit l’Égypte se divisèrent en plusieurs tribus, et l’une d’elle, celle d’Abraham accueillit Moise qui s’installa en Palestine. A cette période, les juifs vivaient en harmonie avec les palestiniens qui se convertirent au judaisme puis avec la venue de jésus, une grande partie le suivirent et se convertirent au christianisme. Puis vinrent clé une nuée les conquérants musulmans qui qui conquirent la Palestine.

    Mohamed Melhem

    10 h 44, le 18 juillet 2023

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